Le lait de la tendresse humaine (hommage à David Servan-Schreiber)

David Servan-Schreiber, ici avec son chat abyssin Titus, estimait que les animaux jouent un rôle apaisant très bénéfique.

…Oui, il fallait se mettre aux pommes bio, car la peau concentre les pesticides ; non, pour les oranges, c’était moins grave, l’enveloppe épaisse est protectrice.

David Servan-Schreiber suivait, avec une pointe de jusqu’au-boutisme, un régime anticancer. Celui qu’il préconisait dans ses ouvrages, Guérir et Anticancer. Il faisait du sport, de la méditation. Mais dans son livre d’adieux, On peut se dire au revoir plusieurs fois, il reconnaissait avoir négligé une règle fondamentale : ne pas stresser, trouver le calme intérieur. Il estimait que c’était la cause probable de sa rechute, lui qui courait le monde, faisant fi des décalages horaires chahutant son organisme. Son décès est survenu dimanche en Normandie, à l’hôpital de Fécamp. Non loin de la maison de famille de Veulettes-sur-Mer qui réunit depuis toujours les Servan-Schreiber : son oncle Jean-Louis, fondateur de Psychologies magazine ; sa tante Christiane Collange, écrivaine ; et autrefois son père Jean-Jacques, fondateur de l’Express.

Une longévité exceptionnelle

David Servan-Schreiber est mort à 50 ans, vingt ans après la découverte de sa tumeur au cerveau. Ironie du sort, ce neuropsychiatre, qui exerçait à Pittsburgh, aux États-Unis, l’avait repérée par hasard, lors d’expériences dans le cadre de son travail. Opéré, il avait mis au point pour lui cette stratégie anticancer démocratisée dans ses livres. Des méthodes naturelles qui, insistait-il, complétaient la chimiothérapie, la chirurgie. Ses théories avaient trouvé un écho retentissant. Traduits en une trentaine de langues, ses livres se sont vendus à trois millions d’exemplaires. Il avait aussi été actionnaire d’une société vendant des gélules à base d’Oméga 3, des acides gras qu’il préconisait dans l’alimentation, ce qui lui avait été reproché.

Dernièrement, il répondait à ses détracteurs que, malgré sa fin toute proche, il avait eu une longévité exceptionnelle. Qu’aucun traitement n’est infaillible, qu’il fallait mettre tous les atouts de son côté. Il militait pour une médecine humaine, reconnaissant avoir changé d’attitude avec ses patients lorsqu’il s’était su malade.

Il disait aussi que, même si sa mort était prématurée, il avait la satisfaction d’avoir eu une vie riche. Et n’avait qu’un regret : devoir quitter ses proches, sa femme, Gwenaëlle, et ses enfants, Sacha, 16 ans, Charlie, 2 ans, et Anna, 6 mois.

Voici un extrait tiré du livre On peut se dire au revoir plusieurs fois, publié aux éditions Robert Laffont, p. 57 à 60.

À la première question soulevée par mon état de santé : « Ma rechute entame-t-elle la crédibilité de la méthode anticancer? », je réponds catégoriquement non.

D’abord parce que je ne suis pas une expérience scientifique à moi tout seul, je suis un cas clinique parmi d’autres. Les expériences scientifiques brassent les données de milliers, voire de dizaines de milliers de cas cliniques. Les considérations, les recherches, les conclusions, les preuves que j’ai présentées dans Anticancer ne sont pas fondées sur mon expérience personnelle, mais sur la littérature scientifique.

Ensuite parce que tous les traitements, qu’ils soient classiques ou expérimentaux, présentent des taux de réussite et des taux d’échec. Il n’y a pas de « cure miracle » contre le cancer, pas de réussite à 100 %, même en médecine conventionnelle, dont on ne compte plus les prouesses. Il n’existe pas de méthode infaillible, pas de chirurgie ni de chimiothérapie qui réussisse à tous les coups. Pas étonnant donc de constater qu’aucun régime alimentaire, aucun entretien de la condition physique, aucune technique de gestion du stress ne soit à même d’éliminer la possibilité d’une rechute.

En revanche, il existe des moyens pour chacun de maximiser ses défenses naturelles en prenant soin de son état général, physique et mental. On peut mettre tous les atouts dans son jeu. Mais le jeu, lui, n’est jamais gagné d’avance.

Que ces méthodes accessibles à chacun renforcent réellement le potentiel naturel d’autodéfense ne fait aucun doute. De nombreuses recherches en ont apporté la preuve de façon indiscutable. Il y a heureusement des médecins et des hôpitaux qui le reconnaissent. Quand les médecins de Cologne ont décidé de m’opérer en urgence, pas une seconde ils ne m’ont dit : « Alors, ça ne marche pas vos brocolis! » Au contraire, ils m’ont assuré : « Si vous faites tout ce que vous décrivez dans votre livre, vous avez toutes les chances de vous en sortir. »

J’ai beaucoup apprécié cette attitude. Les patients qui se mobilisent pour renforcer leurs propres défenses ont besoin que leurs efforts soient reconnus comme valides. Au lieu de quoi, on entend trop souvent dire : « Faite ce que vous voulez en complément, ça ne fera ni bien ni mal. » Or, c’est faux, scientifiquement faux. Tout mon combat est là. Il existe des tas de « choses » que l’on peut faire légitimement en parallèle avec les interventions de la médecine conventionnelle. Ces « choses » que j’appelle les méthodes anticancer font objectivement beaucoup de bien. Elles contribuent objectivement à l’amélioration du malade, à l’efficacité des traitements, à l’atténuation de leurs effets secondaires, à l’allongement des périodes de rémission et à la diminution des risques de rechute.

Il est par exemple parfaitement établi que l’activité physique permet de supporter beaucoup mieux les chimiothérapies. Du coup, les médecins ne sont pas obligés de réduire les doses, ce qui concourt directement à l’efficacité du traitement! Idem pour la radiothérapie, pour la récupération après la chirurgie. Les méthodes qui permettent de mieux gérer le stress ont pour effet, c’est prouvé, de réduire les nausées. Les approches anticancer sont en réalité des instruments de santé de premier ordre. Il est inacceptable de ne pas en informer les malades.

 

Amitiés: Claude Sarfati