10 réflexions au sujet de « Ashrams (3) par Arnaud Desjardins »

  1. Adelaïde dit :

    Extrait du livre d’Emmanuel Desjardins

    Arnaud Desjardins apporte cette réponse à la question de son fils:

    Emmanuel: nous avons déjà évoqué l’image de la prison. L’éveil serait donc une forme de libération ?

    Arnaud: le mot -clé de l’hindouisme c’est mokska (ou mukti) , qui signifie (libération) .Dans les langues modernes de l’ Inde , comme le hindi ou le bengali, mukti est encore employé et signifie aussi libération au sens politique du terme. Mais quel est le sens spirituel du terme libération ?On ne propose pas la libération à des êtres déja libres . Or , dans un pays démocratique, ou les gens ne sont pas opprimés comme sous Staline , les citoyens se considèrent comme libres. Il ne s’agit pas de cette liberté-là. En quoi consiste alors mon asservissement , ma servitude ou ma prison ? Qu’est-ce qui a pouvoir sur moi et dont je veux me libérer ? Sur le plan spirituel , la liberté est une liberté intérieure . De ce point de vue, nous pouvons être libre partout , y compris au goulag . Et la clé de cette liberté , c’est la Connaissance , la connaissance de la réalité ultime , du Soi, mais également la connaissance de soi et , pour commencer , la connaissance de notre prison intérieure .

    Emmanuel: Concrétement , en quoi ne sommes- nous pas libre ?

    Arnaud : Nous n’avons qu’un pouvoir extrêmement limité sur nos états intérieurs . C’est l’existence , au travers des situations dans lesquelles je suis plongé , qui m’ordonne d’être inquiet , rassuré , malheureux, heureux . Je suis l’esclave de stimulis extérieurs auquels je suis obligé d’obéÏr , comme une girouette qui tourne à tous les vents ou pour reprendre l’expression de Swâmi Prajnânpad , ( comme une marionnette dont l’existence tire les fils) . L’existence tire les fils de nos états intérieurs, soit d’une manière flagrante- comme l’exprime ce vers si célèbre de La Fontaine : A ces mots le corbeau ne se sentit plus de joie- soit d’une manière un peu moins perceptible.

    Voilà un symptôme évident de notre servitude: nos états intérieurs dépendent des conditions extérieures et pas de notre libre choix.Est – ce que quelqu’un aurait l’idée de se lever le matin de bonne humeur et de décider librement : ce soir, je serai perdu , mortifié , malheureux , blessé ? Ou : ce soir , quand je vais rentrer chez moi, je vais faire à ma femme cette réflexion, qui va lui faire de la peine et la mettre de mauvaise humeur et finalement nous allons passer une très mauvaise soirée ?
    En premier lieu, le courant de l’existence tire les fils de nos états intérieurs , c’est-à- dire l’orientation de nos pensées et de nos émotions . Ensuite, ces états intérieurs vont influencer nos comportements extérieurs . Utilisant le vocabulaire de Swâmi Prajnânpad , nous dirons que nos actions ne sont que des réactions . Et si je reconnais que ma réaction intérieure n’est pas libre , que je n’avais pas librement décidé cette émotion , je ne peux pas non plus considérer que l’action qui a émané de la réaction intérieure était libre , puisque je n’en avais pas décidé l’origine , ni l’orientation de mes pensées , ni la coloration de ma vision subjective de l’existence à un moment donné …
    SPIRITUALITE De quoi s’agit’il? Editions: La table ronde
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    A nous de trouver notre liberté ?

    Adélaïde

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