Dia de muertos

La fête des morts est une fête d’une grande importance au Mexique. Elle se déroule en effet, pendant 2 jours, le 1er et 2 novembre juste après la fête de Halloween qui n’a aucun rapport. C’est aussi une occasion pour se retrouver en famille.

Tout le monde, un jour ou l’autre, est confronté à la mort, que ça soit par la sienne ou celle d’un proche. De nombreux rituels, spécifiques à chaque culture, ont été développés pour permettre aux vivants d’accepter la mort ainsi que pour aider le défunt à accéder à accéder à son nouvel état méta-physique.

La fête des morts, vieille d’environ 3500 ans, découle de nos jours de plusieurs traditions.

Lors de l’époque de Moctezuma (dernier empereur Aztèque), les habitants du Mexique avaient l’habitude de venir plusieurs fois par an sur les tombes des morts. La famille du défunt dansait, chantait et laissait des offrandes afin de pourvoir aux besoins du défunt dans l’au-delà.

En réalité, les Aztèques pratiquaient 2 fêtes majeures: une pour les enfants (Miccaihuitontli), et une pour les adultes (Hueymiccalhuitl). La petite fête était célébrée 20 jours avant la grande.

Les Espagnols, eux, avaient l’habitude de venir dans les cimetières pour y déposer du pain, du vin et des fleurs pour la Toussaint. Les Espagnols pensaient que les âmes parcouraient la Terre et flottaient autour d’eux. Tous craignaient qu’elles s’abattent sur eux pour les emporter avec elles. C’est pourquoi ils préparaient des autels avec du vin et du pain pour les apaiser. Des cierges les guidaient jusqu’à l’autel.

Le rituel Aztèque n’a donc pas été éradiqué par les Espagnols en les convertissant au catholicisme. La date a juste été fixée afin qu’elle coïncide exactement avec le jour de tous les saints, le 1er et 2 novembre, à la place des 2 précédentes fêtes séparées de 20 jours).

De nos jours, une autre culture vient s’ajouter à cete fête. L’arrivée des âmes des enfants le 31 octobre coïncide avec la fête d’Halloween. C’est pourquoi on rencontre dans les rues des enfants déguisés en Dracula, momies et autres morts vivants tenant une citrouille. Ils ne disent pas « trick or treat », mais « calaveras » selon la tradition del dia de los Muertos, afin d’obtenir des friandises ou des pièces de monnaie.

Le rituel et les célébrations

Ce jour de la fête des morts, les familles vont rendre visite aux tombes de leurs ancêtres et les nettoient, les décorent, leurs mettent des fleurs (spécialement des fleurs oranges appelées zempaxuchitl) ainsi que des bougies. Les âmes des défunts reviennent sur Terre suivant un certain ordre. Il convient alors de leur donner les offrandes appropriées.

Les personnes décédant durant le mois précédent ne reçoivent pas d’offrande car elles n’ont pas eu le temps de demander la permission de retourner sur Terre.

Pour les enfants morts avant d’avoir été baptisés, on offre des fleurs blanches et des cierges. Pour les autres, on apporte des jouets.

Pour les adultes, on apporte des bouteilles de tequila.

Des offrandes sont aussi faites dans chaque maison sur des autels situés dans les chambres des défunts, plus ou moins décorés et remplis selon les familles.

On y trouve: du copal dans son encensoir, des fleurs porte-bonheur, des cierges allumés, des photos représentants le défunt de son vivant, des têtes de morts en sucre ou en chocolat, des fruits, le pain des morts, des bonbons, de la nourriture que le défunt appréciait le plus, des boissons, de l’eau bénite et diverses offrandes particulières au défunt (tabac, poteries…).

Les têtes de morts portent sur le front les prénoms des morts. Bien qu’elles soient généralement représentatives du défunt, elles peuvent se déguster.

Les Aztèques et autres civilisations gardaient comme trophée les crânes des vaincus et les rassemblaient lors de la fête des morts. Ces crânes symbolisent le mort et la renaissance.

Pour guider les âmes, un chemin de pétales de fleurs est réalisé de la rue jusqu’à l’autel. Des prières sont récitées et de la musique est jouée. Les Mexicains, qui sont presque tous catholiques, débutent leur journée en priant les défunts, et la terminent en buvant à leur santé.

Le mexicain n’a pas peur de la mort, il se moque d’elle, joue avec, et même cohabite. C’est une coutume qui pour nous, nous semble choquante voire provocante car la mort est traitée comme un personnage quasi humain avec familiarité et dérision…

Ne serait-ce pas tout simplement une autre manière d’aborder la vie et par là même d’intégrer plus naturellement et sans honte cette mort qui nous fait peur et nous fascine ?

Voyance et Conscience

Dans ce travail, je vais essayer de donner un sens raisonnable à une chose qui semble ne pas appartenir au domaine de la raison : La voyance. Mon expérience me fait constater plusieurs choses:

-La méditation, le Yoga, la Sophrologie, la relaxation, etc. facilitent les perceptions extra-sensorielles. De nombreuses études scientifiques ont été menées sur les modifications qui se produisent dans le cerveau des personnes qui pratiquent régulièrement la méditation : meilleure santé globale de la personne autant au point de vue du corps que de l’esprit, plus grande ouverture de la conscience : perceptions plus accrues, plus rapides. Amélioration notable du système nerveux qui se fortifie au point que la pratique régulière de la méditation semble mettre à l’abri des maladies dites nerveuses, des états dépressifs, des problèmes du sommeil, et même de la dépression elle-même.

Nous sommes bien loin de connaître de façon rationnelle (scientifique, c’est-à-dire par l’observation extérieure d’un phénomène qui se répète dans des conditions identiques) les bienfaits de toutes les techniques orientales.

Depuis des siècles les orientaux expérimentent à l’intérieur , ce que les occidentaux cherchent à percevoir à travers des phénomènes visibles, extérieurs. Intérieur, extérieur ; cela rappelle le Yi King (trigrammes inférieur : l’intérieur de la situation ; trigramme supérieur : l’extérieur de la situation).

-Les états dits de « conscience modifiée ou altérée » qui augmentent aussi les facultés de perceptions. Ces états sont obtenus soit par l’usages de plantes hallucinogènes (nous en parlerons aussi dans la rubrique Mexique en abordant le travail de Carlos Castaneda), soit par des techniques chamanistes ou spirituelles (mystiques). La maladie, la mort proche, la peur, sont aussi des « états » qui modifient la conscience et augmentent les perceptions.

La conscience modifiée peut percevoir et analyser des informations qui lui sont généralement inconnues.

Il me semble que ces états de conscience augmentée (méditations, etc.) ou altérée (drogues, transes) sont tout à fait comparables à ce qui se passe en voyance, tout du moins en partie.

Donc la voyance peut-être comparée à une transe, cette hypothèse à été avancée par bon nombres de scientifiques, je vous propose ci-dessous le travail de : EDOUARD COLLOT

Cette théorie, bien que séduisante réduit considérablement le champ d’action du voyant. Tout est « transmission de pensée », cela facilite le travail de la science, mais le voyant ne fait-il que répéter ce que pense le consultant?

Dans les informations que délivre le voyant, certaines vont bien au-delà de la pensée du consultant.

Juan Matus (don Juan)

don-juan

“Beaucoup de gens sur Terre, qui sont devenus impliqués dans la religion superficiellement, croient que leur devoir religieux est de pleurer.

“Mais, un guerrier spirituel ne pleure pas ni se plaint ni s’apitoie sur son sort. Il voit ses défauts et — sans arrêter de combattre — se débarrasse d’eux une fois pour toutes!

“Quand nous sommes concernés seulement à chercher nos défauts et à s’affliger au sujet de nos imperfections — nous manquons la possibilité afin d’effectuer le travail vraiment sérieux d’aider les personnes et se développer.

“Nous devons pouvoir être en mesure de mettre notre attention hors de notre petit ‘moi’ personnel — en regardant Celui Que nous aimons! Nous devons apprendre à vivre et à agir par Son exemple et suivre Ses préceptes!

“Nous devons Lui demander de nous aider à comprendre nos erreurs et à les reformer — cependant, nous devrions maintenir à l’esprit que le succès dépend, tout d’abord, de nos efforts.

“Et la chose principale — nous devons changer notre attitude envers les événements qui nous semblent défavorables. Nous devons apprendre à considérer cela — de Son point de vue, c’est-à-dire du point de vue de l’Évolution de la Conscience Universelle et de la croissance spirituelle de conscience individuelle sur le Chemin à Lui.

“… Savez-vous, par exemple, comment maîtriser l’art du contrôle parfait de la matière? C’est très simple! On doit apprendre à rire!

“J’aime rire! Est-ce que vous voulez que Je vous dise au sujet du rire du Nagual?

“Un guerrier spirituel dès le début doit apprendre le rire du Nagual: il rit de ses propres vices et les fait ainsi éclater comme des bulles de savon — elles éclatent ainsi que le sentiment gonflé de la suffisance!

“Beaucoup de gens croient que c’est l’arme qui rend l’homme fort. C’est faux! C’est le rire qui rend l’homme fort! Le rire du Nagual transforme l’enveloppe du ‘moi’ en rien. La seule chose que l’on doit ajouter est le calme et le rire — et puis… Il y a seulement infinie, coulante, libre conscience…

“La recherche de la puissance personnelle n’est qu’un crochet, un tour que La Puissance utilise afin ‘d’attraper’ et enseigner à qui n’entend pas quand il est informé au sujet de l’Amour… et de la Tendresse…

“S’il n’apprend pas cela de La Puissance, il ne va pas progresser…

“Il y a la loi suivante: La Puissance n’appartient pas à personne, seulement vous pouvez appartenir à La Puissance.

“La Puissance est juste, et c’est La Puissance de l’Amour.

“Quand vous gagnez La Liberté, vous fusionnez juste avec Elle en Un… Vos désirs et les désirs de La Puissance deviennent les mêmes; votre choix et le choix de La Puissance deviennent identiques…

“Celui, qui essaie… de ‘contrôler’ ‘La Puissance’, chute dans son voyage. La Puissance l’attrape par ce désir, et il devient Son outil, même sans le savoir. Il vit comme un aveugle, frappé par le sentiment de la suffisance, et il peut ne jamais retrouver la vue.

“Et le processus d’accroissement de la puissance brute peut devenir irréversible comme le processus d’un cancer…

“… D’autre part, la capacité de rire de ses propres vices tournant cela à la dérision est la première étape à la vraie fusion avec La Puissance!

“Celui qui a appris à rire de telle sorte de ses vices, cesse d’exister — il est sur le point d’exécuter de grandes actions!

“Un guerrier spirituel peut rire seulement de lui; il ne rit jamais des autres!

“De la vérité, qui vit en lui, il regarde ce qui est imparfait en lui — et il rit! Et quand il ne reste plus rien en lui qui le fait rire — il devient Tout, il devient un vrai Nagual; son rire s’unit à la joie de l’Existence, avec la Liberté et La Puissance!

“Alors, il gagne la capacité d’affecter les particules du Grand Tout, enlevant ce qui empêche la joie de l’existence, ce qui empêche la Lumière Radiante de La Puissance de se manifester dans les autres qu’Il sent en Lui-même — ceux qui se sont confiés à lui, au Nagual, à la conduite sur le Chemin menant à la Liberté.

“Voyez comment beau est le rire du Nagual: il guérit les âmes, les débarrassant du fardeau et de la douleur, il les rend capables du vol dans l’inconnu…

“Comprenez-vous maintenant les fondations de l’art du contrôle parfait de la matière?

“Quand vous avez maîtrisé cela, je vous en dirai plus… ceci peut vous aider.

“… l’action impeccable d’un guerrier spirituel dans l’interaction avec La Puissance remplit sa vie avec une intensité spéciale et une passion silencieuse.

“Et la vie du Nagual devient une manifestation de l’action de La Puissance.

“On peut apprendre la connaissance dans les universités — et cela est bon. Cependant, on devrait apprendre la Connaissance plus élevée en interagissant avec La Puissance. Quand vous cherchez des solutions pour la partie du Nagual, quand vous trouvez des méthodes pour enseigner aux étudiants — vous gagnez la Connaissance.

Genaro et Moi sommes Ceux Qui vivent et agissent, et ne faisons pas qu’en parler. Nous avons toujours vécu et vivons maintenant la vie remplie de l’état d’Amour et de Puissance impeccable.

“Sentez cet état de la vie du Nagual en ce moment ‘maintenant’, sentez que La Puissance de Dieu remplit tout à chaque instant:

“… Ce feu brûlant…

“… Le calme de la forêt…

“… La terre sous votre corps…

“… Ce lieu de puissance, qui permet de connaître la conscience vivante de la Terre… et plus loin plus profondément… plus profondément…, où il y a seulement un Grand Amour et la Puissance du Créateur!

“… Cela ne peut pas être transmis aux autres au moyen de mots. Cela doit être ‘goûté’: comme quelqu’un prend une bouchée, mâche, et avale un morceau de pain — alors seulement vous pouvez connaître cela.

“Tel est le Chemin spirituel: si vous l’avez choisi — allez-y! Alors, chaque moment de la vie en interaction avec La Puissance devient une expérience de valeur inestimable pour l’âme.

“Dans la vie d’un véritable guerrier spirituel, il n’y a aucun trou, il ne s’ennuie jamais, il ne peut pas être dépressif face aux échecs du passé ou s’inquiéter face à l’avenir. Il y a seulement la vie qu’il vit jusqu’à la fin avec efficacité maximale, avec la pleine conscience du But, avec la pleine responsabilité de ses décisions! Et alors, La Puissance remplit cette vie jusqu’au rebord…

“Vous pouvez être les Mains de Dieu si vous ne vous séparez pas de l’Océan du Créateur. C’est l’Océan de l’Amour-Puissance qui infiltre vos corps et cocons et Se manifeste par eux. Nous l’avons appelé — embrasement de toutes les émanations du cocon, alignant leurs énergies sur la subtilité du Plan Primordial.”

Propos de  Don Juan Matus, receuillis par Carlos Castaneda

Naviguer dans l’inconnu 3

huicholes21

Vous affirmez que la caractéristique basique des êtres humains est d’être des « perceveurs d’énergie ». Vous vous référez au mouvement du point d’assemblage comme à quelque chose d’impératif pour percevoir directement l’énergie. Comment cela peut-il être utile pour un homme du 21ème siècle ? D’après le concept précédemment défini, comment l’accomplissement de ce but peut-il aider à l’amélioration spirituelle ?

Les chamans comme don Juan affirment que tous les êtres humains ont la capacité de voir l’énergie directement telle qu’elle s’écoule dans l’univers. Ils croient que le point d’assemblage, comme ils l’appellent, est un point qui existe dans la sphère totale d’énergie de l’homme. En d’autres mots, quand un chaman perçoit un homme comme de l’énergie qui s’écoule dans l’univers, il voit une boule lumineuse. Dans cette boule lumineuse, le chaman peut voir un point d’une brillance plus intense, situé à la hauteur des omoplates, approximativement à un bras de distance derrière celles-ci. Les chamans maintiennent que la perception est assemblée à cet endroit ; que l’énergie qui coule dans l’univers y est transformée en données sensorielles, et que ces données sensorielles sont ensuite interprétées, donnant comme résultat le monde de tous les jours.

Les chamans affirment qu’on nous enseigne à interpréter, et donc on nous apprend à percevoir. La valeur pragmatique de percevoir l’énergie directement telle qu’elle s’écoule dans l’univers pour un homme du 21ème siècle, ou un homme du 1er siècle est la même. Cela lui permet d’élargir les limites de sa perception et d’utiliser cet élargissement à l’intérieur de son royaume. Don Juan disait que voir directement la merveille de l’ordre et du chaos de l’univers serait quelque chose d’extraordinaire.

Vous avez récemment présenté une discipline physique appelée Tenségrité. Pouvez-vous expliquer ce que c’est exactement ? Quel est son but ? Quel bénéfice spirituel peut obtenir une personne qui pratique individuellement ?

D’après ce que don Juan Matus nous a enseigné, les chamans qui vivaient dans l’ancien Mexique ont découvert une série de mouvements qui, lorsqu’ils sont exécutés par le corps, apportent de telles habiletés mentales et physiques qu’ils ont décidé d’appeler ces mouvements des passes magiques. Don Juan nous a dit qu’à travers leurs passes magiques, ces chamans avaient atteint un niveau accru de conscience qui leur permettait de réaliser d’incroyables exploits de perception. Au travers des générations, les passes magiques ne furent enseignées qu’aux praticiens du chamanisme. Les mouvements furent entourés d’un immense secret et de rituels complexes. C’est de cette façon que don Juan les a apprises, et c’est de cette façon qu’il les a enseignées à ses quatre disciples.

Notre effort a été d’étendre les enseignements de ces passes magiques à quiconque voudrait les apprendre. Nous les avons appelé Tenségrité, et nous avons transformés des mouvements pertinents à chacun des quatre disciples de don Juan en des mouvements généraux appropriés à tout le monde. Pratiquer la Tenségrité, individuellement ou en groupe, promeut la santé, la vitalité, la jeunesse et un sens général de bien-être. Don Juan disait que pratiquer les passes magiques aide à accumuler l’énergie nécessaire pour accroître la conscience et pour élargir les paramètres de la perception.

En dehors de vos trois cohortes, les gens qui assistent à vos séminaires ont rencontré d’autres personnes, comme les Chacmools, les Pisteuses d’Energie, l’Eclaireur Bleu…Qui sont-elles ? Font-elles partie d’une nouvelle génération de voyants guidée par vous ? Si c’est le cas, comment peut-on faire partie de votre groupe d’apprentis ?

Chacune de ces personnes est un être bien précis que don Juan, en tant que directeur de cette lignée, nous a demandé d’attendre. Il a prédit l’arrivée de chacun d’entre eux comme faisant partie intégrante d’une vision. Puisque la lignée de don Juan ne peut pas continuer, due à la configuration énergétique de ses quatre étudiants, leur mission de perpétuer la lignée a été transformée en fermer celle-ci, et si possible avec une fermeture en or. Nous ne sommes pas en mesure de changer de telles instructions. Nous ne pouvons pas non plus chercher ni accepter des apprentis ou des membres actifs de la vision de don Juan. La seule chose que nous pouvons faire est d’acquiescer aux desseins de l’Intention. Le fait que les passes magiques, gardées si jalousement durant de nombreuses générations, soient enseignées aujourd’hui, est la preuve que l’on peut, en effet, de façon indirecte, faire partie de cette nouvelle vision à travers la pratique de la Tenségrité et en suivant les prémisses du chemin du guerrier.

Dans « Les Lecteurs de l’Infini », vous avez utilisé le terme « naviguer » pour définir ce que font les sorciers. Êtes-vous sur le point de bientôt lever l’ancre pour débuter votre voyage définitif ? Est-ce que la lignée des guerriers toltèques, les gardiens de cette connaissance, va s’éteindre avec vous ?

Oui, c’est exact, la lignée de don Juan va finir avec nous.

Voici une question que je me suis souvent posée : Est-ce que le chemin du guerrier inclut, comme le font d’autres disciplines, un travail spirituel pour les couples ?

Le chemin du guerrier inclut tout et tout le monde. Cela peut être une famille entière de guerriers impeccables. La difficulté réside dans le terrible fait que les relations individuelles sont basées sur des investissements émotionnels, et dès le moment où le praticien pratique vraiment ce qu’il apprend, la relation s’effondre. Normalement, dans le monde de tous les jours, les investissements émotionnels ne sont pas examinés, et nous vivons notre vie entière en attendant qu’on nous rende la pareille. Don Juan disait que j’étais un investisseur intransigeant et que ma façon de vivre et de ressentir pouvait être décrite de manière simple : Je ne donne que ce que les autres me donnent.

Quelles aspirations d’avancement possible pourrait avoir quelqu’un qui désire travailler spirituellement, en accord avec la connaissance disséminée dans vos livres ? Que recommanderiez-vous à ceux qui désirent pratiquer eux-mêmes les enseignements de don Juan ?

Il n’y a aucun moyen de poser une limite sur ce qu’on pourrait accomplir individuellement si l’intention est une intention impeccable. Les enseignements de don Juan ne sont pas spirituels. Je répète cela parce que cette question revient encore et encore. L’idée de spiritualité ne colle pas avec la discipline de fer d’un guerrier. Le plus important pour un chaman comme don Juan est l’idée de pragmatisme. Quand je l’ai rencontré, je croyais être un homme pratique, un scientifique plein d’objectivité et de pragmatisme. Il a détruit mes prétentions et m’a fait voir qu’en tant que véritable homme occidental, je n’étais ni pragmatique ni spirituel. J’en suis venu à comprendre que je ne faisais que répéter le mot « spiritualité » pour le mettre en contraste avec l’aspect mercenaire du monde de tous les jours. Je voulais me sortir du mercantilisme de la vie de tous les jours et mon empressement à faire cela était ce que j’appelais spiritualité.

J’ai réalisé que don Juan avait raison quand il me demandait d’arriver à une conclusion ; définir ce que je considérais spirituel. Je ne savais pas de quoi je parlais. Ce que je dis peut paraître présomptueux, mais il n’y a pas moyen de le dire autrement. Ce que veut un chaman comme don Juan, c’est accroître sa conscience, c’est-à-dire, être capable de percevoir avec toutes les possibilités humaines de perception ; cela implique une tâche colossale et un objectif inflexible, qui ne peut pas être remplacé par la spiritualité du monde occidental.

Y a t-il quelque chose que vous aimeriez expliquer aux gens d’Amérique du sud, spécialement aux Chiliens ? Aimeriez-vous faire un autre commentaire en dehors de vos réponses à nos questions ?

Je n’ai rien d’autre à ajouter. Tous les êtres humains sont au même niveau. Au début de mon apprentissage avec don Juan Matus, il essayait de me faire voir comment est la situation de l’homme commun. En tant que Sud américain, je me sentais très impliqué, intellectuellement, dans l’idée de réforme sociale. Un jour, j’ai posé à don Juan ce que je pensais être une question cruciale : « Comment pouvez-vous rester indifférent face à l’horrible situation de vos frères humains, les indiens yaquis de Sonora ? » Je savais qu’un certain pourcentage de la population yaqui souffrait de tuberculose et que due à leur situation économique, ils ne pouvaient pas se faire soigner. « Oui, » a dit don Juan. « C’est une chose très triste mais, tu vois, ta situation est aussi très triste, et si tu crois que tu te trouves dans de meilleures conditions que les Indiens yaquis tu te trompes. De manière générale, la condition humaine est dans un horrible état de chaos. Personne n’est meilleur que qui que ce soit. Nous sommes tous des êtres qui vont mourir et, à moins que nous le reconnaissions, il n’existe aucun remède pour nous. » C’est un autre aspect du pragmatisme du chaman : devenir conscient que nous sommes des êtres qui allons mourir. Ils disent que lorsque nous faisons cela, tout acquiert une mesure et un ordre transcendantal.

Dernière  partie d’un interview de Carlos Castaneda publié par le magazine: Uno mismo au Chili et en Argentine en février 1997.

Amitiés

Claude Sarfati

Naviguer dans l’inconnu 1

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Par Daniel Trujillo Rivas.

Mr Castaneda, pendant des années vous êtes resté absolument anonyme. Qu’est-ce qui vous a conduit à changer cette condition et à parler publiquement des enseignements que vous et vos trois compagnons avaient reçus du nagual Juan Matus ?

Ce qui nous a poussé à disséminer les idées de don Juan Matus est un besoin d’expliciter ce qu’il nous a enseigné. Pour nous, c’est une tâche qui ne peut plus être reportée. Ses trois autres étudiantes et moi-même sommes arrivés à la conclusion unanime que le monde que don juan Matus nous a présenté se trouve à l’intérieur des possibilités perceptuelles de tous les êtres humains. Nous avons discuté entre nous de quel pourrait être le chemin approprié à prendre. Rester anonyme de la façon proposée par don Juan ? Cette option était inacceptable. L’autre chemin possible était de disséminer les idées de don Juan : un choix infiniment plus dangereux et épuisant, mais le seul qui, d’après nous, ait la dignité avec laquelle don Juan a imprégné tous ses enseignements.

En considérant ce que vous avez dit  à propos de l’imprévisibilité des actions du guerrier, et que nous avons pu corroborer durant trois décennies, pouvons-nous espérer que cette phase publique dans laquelle vous vous êtes engagée dure un moment ? Et si oui, jusqu’à quand ?

Il n’y aucun moyen pour nous d’établir de critère temporel. Nous vivons en accord avec les prémisses proposées par don Juan et nous n’en dévions jamais. Don Juan Matus nous a donné l’exemple formidable d’un homme qui vivait en accord avec ce qu’il disait. Et je dis que c’est un exemple formidable parce que c’est la chose la plus difficile à imiter ; être monolithique et en même temps avoir la flexibilité de faire face à n’importe quoi. C’était la façon dont don Juan vivait sa vie. A l’intérieur de ces prémisses, la seule chose que l’on peut être est un médiateur impeccable. On n’est pas le joueur dans ce jeu d’échec cosmique, on est seulement un pion sur l’échiquier. Ce qui décide de tout est une énergie consciente impersonnelle que les sorciers appellent l’Intention ou l’Esprit.

D’aussi loin que j’ai été capable de le  corroborer, l’anthropologie orthodoxe aussi bien que les défenseurs présumés de l’héritage de la culture précolombienne d’Amérique sapent la crédibilité de votre travail. La croyance selon laquelle votre travail est simplement le produit de votre talent littéraire qui est par ailleurs exceptionnel continue d’exister aujourd’hui. Il y a également d’autres domaines qui vous accusent d’avoir une éthique double parce que votre manière de vivre et vos activités sont supposément en contradiction avec ce que la majeure partie des gens attendent d’un chaman. Comment pourriez-vous éclairer ces suspicions ?

Le système cognitif de l’homme occidental nous force à nous fier à des idées préconçues. Nous basons nos jugements sur quelque chose qui est toujours « a priori », par exemple l’idée de ce qui est « orthodoxe ». Qu’est-ce que l’anthropologie orthodoxe ? Celle qui est enseignée dans les amphithéâtres d’université ? Pendant trente ans, les gens ont accusé Carlos Castaneda de créer un personnage littéraire simplement parce que ce que j’ai rapporté ne coïncide pas avec l’ « a priori » anthropologique, les idées établies dans les amphithéâtres ou dans le champs de recherche de l’anthropologie. Cependant, ce que don Juan m’a présenté ne peut s’appliquer qu’à une situation qui demande une action totale et, dans ces circonstances, très peu ou presque rien des préconceptions existantes. Je n’ai jamais été capable de tirer des conclusions sur le chamanisme car pour faire cela, on a besoin d’être un membre actif dans le monde des chamans.

Pour un scientifique en sciences sociales, disons par exemple un sociologue, il est très facile d’arriver à des conclusions sociologiques sur n’importe quel sujet relié au monde occidental, parce que le sociologue est un membre actif du monde occidental. Mais comment un anthropologue, qui passe tout au plus deux années à étudier d’autres cultures, peut-il arriver à des conclusions fiables à leur propos ? Il faut une vie entière pour être capable d’acquérir une appartenance à un monde culturel. J’ai travaillé durant plus de trente ans dans le monde cognitif des chamans de l’ancien Mexique et, sincèrement, je ne crois pas avoir obtenu l’appartenance adéquate qui aurait pu me permettre de tirer des conclusions ou même d’en proposer. J’ai discuté de cela avec des gens issus de différentes disciplines et ils semblaient toujours comprendre et être d’accord avec les prémisses que je leur présentais. Mais ensuite, ils me tournaient le dos et ils oubliaient tout ce à quoi ils avaient acquiescé et ils continuaient à soutenir des principes académiques « orthodoxes », sans se soucier de la possibilité qu’il puisse exister une erreur absurde dans leurs conclusions.

Quel est votre objectif en ne permettant pas d’être photographié, ni que votre voix soit enregistrée ou que vos données biographiques soient connues ? Cela affecterait-il ce que vous avez accompli au cours de votre travail spirituel, et si oui comment ? Ne pensez-vous pas qu’il aurait pu être utile pour certains chercheurs sincères de la vérité de savoir qui vous êtes vraiment, comme un moyen de corroborer qu’il est réellement possible de suivre le chemin que vous promulguez ?

En se référant aux photographies et aux données personnelles, les trois autres apprenties de don Juan et moi-même suivons ses instructions. Pour un chaman comme don Juan, l’idée principale derrière la réticence à fournir des données personnelles est très simple. Il est impératif de mettre de côté ce qu’il appelait « l’histoire personnelle ». S’échapper du « moi » est quelque chose d’extrêmement ennuyeux et difficile. Ce qu’un chaman comme don Juan recherche est un état de fluidité où le « moi » personnel ne compte pas. Il croyait qu’une absence de photographies et de données biographiques affecterait de façon positive, bien que subliminale, quiconque entre dans ce champ d’action.

Nous sommes sans arrêt accoutumés à utiliser des photographies, des enregistrements et des données biographiques, tout ce qui jaillit de l’idée de l’importance personnelle. Don Juan disait qu’il était préférable de ne rien savoir à propos d’un chaman ; de cette façon, au lieu de rencontrer une personne, on rencontre une idée qui peut être soutenue ; cela est à l’opposé de ce qui arrive dans le monde de tous les jours, où nous faisons face uniquement à des gens qui ont un grand nombre de problèmes psychologiques mais pas d’idées, toutes ces personnes sont remplies à ras bord de « moi, moi, moi ».

Première partie d’un interview de Carlos Castaneda publié par le magazine: Uno mismo au Chili et en Argentine en février 1997.

Amitiés

Claude Sarfati