Tous les matins du monde (Hommage à Jean-Pierre Marielle)




  • Monsieur, puis-je vous demander une dernière leçon ? (Marin Marais)
    Monsieur, puis-je tenter une première leçon ? (Mr De Sainte Colombe)

Je veux parler…

La musique est simplement là pour parler de ce dont la parole ne peut parler…

En ce sens, elle n’est pas tout à fait humaine…

Alors, vous avez découvert qu’elle n’est pas pour le roi ?

  • J’ai découvert qu’elle était pour dieu.
  • Eh bien vous vous êtes trompé car dieu parle…
  • Pour l’oreille ?
  • Ce dont je ne peux parler n’est pas pour l’oreille…
  • Pour l’or, la gloire, le silence…
  • Le silence n’est que le contraire du langage…
  • Les musiciens rivaux ?
  • Non…
  • L’amour…
  • Non
  • Le regret de l’amour…
  • Non
  • L’abandon…
  • Non et non
  • Pour une gaufrette donnée à l’invisible ?
  • Non plus, mais qu’est-ce donc qu’une gaufrette ?

      Ça se voit, ça a du goût, ça se mange, ce n’est rien…

  • Je ne sais pas monsieur, je ne sais plus… Je crois qu’il faut laisser un verre aux morts…
  • Vous aussi brulez-vous ?
  • Un petit abreuvoir pour ce que le langage a déserté… Pour l’ombre des enfants…

Pour adoucir les coups de marteaux des cordonniers…

Pour les états qui précédent l’enfance, quand on était sans souffle sans lumière…

  • Monsieur, tout à l’heure vous avez entendu que je soupirais…

 Je vais mourir sous peu et mon art avec moi…

Seules mes poules et mes oies me regretteront…

Je vais vous confier un ou deux arias capables de réveiller les morts…

Allons, il faut à boire, il faut aussi que nous allions chercher la viole de feu ma fille Madeleine

Je vais vous faire entendre Le tombeau des regrets…

Je n’ai encore trouvé, parmi mes élèves aucune oreille pour les entendre…Vous m’accompagnerez !

https://www.youtube.com/watch?v=GLGb385T6WU

Dialogue entre Mr de Sainte Colombe et Marin Marais extrait du film : Tous les matins du monde réalisé par Alain Corneau en 1991. Il est tiré d’un roman éponyme écrit par Pascal Guignard, qui retrace la vie du compositeur français du XVll° siècle Marin Marais, et ses relations avec un autre compositeur contemporain, Monsieur de Sainte Colombe.

Jean-Pierre Marielle partit rejoindre ses amis Philippe Noiret et Jean Rochefort

Amitiés, Claude Sarfati

Les ailes de Bruno Ganz (Hommage)

Bruno Ganz, « totalement » acteur

 

 

Formé à la prestigieuse Schaubühne de Berlin, où il joua les grands auteurs, le Suisse Bruno Ganz a traversé tout le cinéma allemand moderne, de l’ange des “Ailes du désir” au führer de “La Chute”. Et prêté son talent aux plus grands cinéastes, de Coppola à Lars Von Trier. Il vient de mourir, chez lui, à Zurich, à l’âge de 77 ans.

 

Il était l’acteur européen par excellence. Suisse, de langue allemande, de mère italienne, né à Zurich en 1941 et décédé aujourd’hui d’un cancer, dans cette même ville. « Mon pays est si petit qu’on a besoin de s’étendre » nous avait-il confié en 2012, pour illustrer le bain de multilinguisme dans lequel il avait évolué. En Allemagne, il était considéré comme l’un des plus grands, lui qui avait su si bien choyer toutes les nuances de sens à la poésie visionnaire de Hölderlin. En France aussi, il a compté, car il était justement l’un des meilleurs ambassadeurs des pays de langue germanique. Il parlait le français de manière fluide, avec ce léger accent traînant qui renforçait son charme.

 

On a parlé de pays car il reste associé à la géographie et au tumulte de l’histoire. Errant qui traverse une ville-fantôme, conquérant de l’inutile, condamné en sursis qui cherche à rejoindre la frontière, ce sont les images qui nous viennent à l’esprit à l’évocation de son nom. Dans la ville blanche (1982), d’Alain Tanner, exil existentiel à Lisbonne d’un homme en crise, pourrait résumer sa présence forte faite d’absence. Mais c’est sans doute Wim Wenders qui couronne auprès du grand public son image, avec Les ailes du désir (1987), où il joue un ange invisible déambulant dans Berlin, capable de traverser ou de survoler le Mur. Sans doute prémonitoire sur la chute de ce Mur, le film marque plusieurs générations, dont la jeune qui découvre alors le flegme à la fois puissant et mélancolique du comédien.

 

Sous la direction de Wenders, Ganz avait déjà tourné un autre film, L’Ami américain (1977), beau film de fuite, entre Hambourg, Paris et New York, au casting cinéphilique assez inouï (Dennis Hopper, Nicholas Ray, Samuel Fuller, Gérard Blain, Jean Eustache…). A cette époque, le comédien fait ses débuts au cinéma, par la grande porte. Il vient de tourner avec Rohmer, La Marquise d’O…, adapté de Kleist. Germanophile clairvoyant, le cinéaste de Ma Nuit chez Maud avait directement fait appel à la fine fleur des comédiens allemands, embarqués alors dans cette formidable aventure humaine, politique et esthétique, qu’était la Schaubünhe de Berlin, au début des années 70.

 

C’est sur cette scène mythique que Ganz, autodidacte ayant multiplié auparavant toutes sortes de petits boulots (ambulancier, libraire), façonne son talent, auprès de deux maîtres, Peter Stein et Klaus Michael Grüber. Deux metteurs en scène aux méthodes différentes (le premier plus docte, le deuxième plus « sauvage ») avec lesquels il affronte les grands textes du répertoire allemand, classique (Goethe, Kleist) ou contemporain (Brecht, Botho Strauss, Thomas Bernhard). Le théâtre, il en fera toute sa vie. En 2012, on l’avait encore vu sur la scène de l’Odéon dans Le Retour, pièce d’Harold Pinter mise en scène par Luc Bondy, où il incarnait un boucher plein de rage, naïf, brutal, roublard aussi.

 

Mis à part Fassbinder, il ne manque aucun cinéaste allemand majeur. Il est la proie toute désignée d’un comte vampirique (Nosferatu, Fantôme de la nuit de Werner Herzog), un reporter de guerre qui se retrouve aussi déchiré que Beyrouth (Le Faussaire de Wolker Schlöndorff). En 2004, un défi énorme l’attend : après l’ange, voici qu’il doit incarner le diable, ce monstre absolu qu’est Hitler, dans La Chute  de Oliver Hirschbiegel. Qui d’autre aurait pu ainsi le faire, avec une telle tenue, une telle conscience du risque allant de pair avec la nécessité de le surmonter en créant quelque chose ? Halluciné, terrifiant de fébrilité, il livre une prestation exceptionnelle de justesse, montrant de près à la fois la fureur, l’effondrement, la peur du dictateur.

 

On l’a vu chez Angelopoulos (L’Eternité et Un Jour), Mazuy (Sport de filles), mais aussi chez Coppola (L’Homme sans âge), Jonathan Demme (Un crime dans la tête), Ridley Scott (Cartel). Autant dire que sa solidité, son grand professionnalisme, son sérieux ouvert aussi à une certaine espièglerie, avaient fini par dépasser l’Europe pour devenir internationaux. Tout récemment, dans The Hous That Jack Buick de Lars von Trier, il était encore génial, en confesseur faussement naïf, se révélant un guide madré vers les enfers. L’abîme, la cime, la profondeur du mal ou de la beauté, on y revenait toujours avec ce comédien opiniâtre, absorbé. Il portait vraiment bien son nom, Ganz signifiant « totalement » en allemand.

 

Source: Jacques Morice

Télérama

 

Lien pour lire l’article: L’éternité et un jour

 

Bon dimanche,

amitiés,

Claude Sarfati

Bonne Année du Cochon de Terre

L’horoscope chinois annonce que l’année du Cochon de Terre 2019 débute le 5 Février 2019 et se termine le 24 Janvier 2020( l’année du Rat de Métal). Selon l’astrologie chinoise, le cochon fait également partie des 12 Animaux Divins du Zodiaque Chinois. Les récentes années du Cochon sont : 1935, 1947, 1959, 1971, 1983, 1995, 2007, 2019.

 

 

Le Nouvel An Chinois 2019 est une célébration annuelle majeure pour plus d’un quart de la population mondiale et cet événement débute chaque année au mois de Février, selon notre calendrier Occidental Grégorien.

Pourquoi l’Année 2019  s’Annonce Favorable ?

Le Cochon est un symbole de chance et de prospérité.

Le cochon est un animal enjoué et dodu et ces caractéristiques sont associées à la prospérité. Il faut impérativement avoir de l’argent pour manger et être heureux, n’est-ce pas ? Selon les croyances populaires Chinoises, un enfant qui vient au monde pendant l’Année du Cochon de Terre mènera  une vie saine et prospère. Cet enfant sera également honnête et appliqué.

Les natifs du Cochon ont bon caractère et ils ont généralement beaucoup de chance dans la vie.

L’année 2019 sera une période favorable pour tous les signes du zodiaque Chinois. Cette année sera la période idéale pour avoir un bébé, pour se marier ou pour commencer une nouvelle relation de couple.

Dans l’astrologie Chinoise, l’élément Chance est un facteur  important qui permet de savoir si les natifs vivront une période favorable. 2019 est l’Année du Cochon de Terre qui est associé à la Terre, à l’Eau et au Bois.
Le Cochon symbolise la germination des plantes et l’apparition d’un nouvel être. L’Année du Cochon peut être associée à un renouveau au sein des relations internationales et sociales. Cela peut notamment annoncer la création de nouveaux régimes et de nouveaux gouvernements dans certains pays.

La Nouvelle Année Chinoise est associée aux nouveaux départs et au commencement d’une nouvelle phase.

Si votre élément Chance est le Bois, l’Eau ou la Terre, l’année 2019 s’annonce plutôt positive pour vous. La Terre est l’élément qui aura le plus d’influence pendant l’année 2019.

Par conséquent, les personnes qui ont la Terre comme éléments Chance seront les plus favorisés en 2019.

 

 

L’élément Bois aura également beaucoup d’influence en 2019. Les personnes qui ont l’Eau comme élément Chance profiteront également d’une année agréable.

La chance et les aptitudes sociales porteront leurs fruits en 2019. Les relations amoureuses et les perspectives professionnelles seront des grandes sources de joie pendant cette année.
Dans le monde, les aliments porte-bonheur pour la nouvelle année incluent notamment les choux cavaliers (qui représente les gains financiers) et les nouilles longues (qui représentent la longévité). Les gens célèbrent la Nouvelle Année Chinoise avec une multitude d’enveloppes oranges et rouges appelées Li Shis, de délicieuses friandises, comme la racine de Lotus sucrée, et de nombreux ornements rouges car cette couleur est associée à la chance dans le folklore Chinois.

Que réserve l’année 2019 aux douze animaux du Zodiaque?

LE COCHON

Les natifs du Cochon aiment profiter de la vie et il en sera de même cette année. Nous vous recommandons de vous adapter aux changements qui auront lieu pendant cette période pour éviter les problèmes.

Vous devrez faire preuve de mesure et maitriser votre appétit et vos dépenses. Les natifs du Lièvre, du Mouton et du Tigre pourront vous aider durant cette année.

LE RAT

Les évènements risquent de s’enchaîner un peu trop rapidement pour vous cette année, vous devrez donc faire de votre mieux pour rester concentré(e) sur vos tâches. Vous aurez l’occasion de saisir plusieurs opportunités au cours de cette année.

Vous éviterez les problèmes en continuant d’agir comme vous avez l’habitude de le faire lorsque vous devrez effectuer des changements dans votre vie. Nous vous recommandons de surveiller vos changements d’attitudes.

LE BUFFLE

Le natif du Buffle est une personne plus paisible que le natif du Cochon, il est d’ailleurs assez différent de ce natif sur le plan des relations sociales. Nous vous conseillons de faire preuve de tolérance si vous fréquentez des natifs du Cochon.

Vous ne devez pas hésiter à vous faire plaisir pendant cette année. Vous pouvez profiter de cette période pour faire de longs voyages car ces déplacements auront une influence positive sur votre vie.

LE TIGRE

Cette année s’annonce positive pour vous car l’influence du Cochon vous portera chance. Vous aurez la possibilité de faire des rencontres intéressantes pendant cette période, ces nouvelles relations vous permettront d’améliorer votre vie professionnelle et de voyager.

Cette année sera également propice à l’amour et à la romance. Vous devrez toutefois limiter vos dépenses, malgré votre enthousiasme.

LE LIÈVRE

Le Cochon aura une influence très positive sur votre vie pendant cette période. Vos amis vous soutiendront et vos relations vous aideront à progresser sur le plan professionnel. Vous devrez cependant éviter les situations hasardeuses ou risquées sur le plan financier.

Cette année vous permettra de profiter de plusieurs opportunités et vous pourrez également profiter de cette période pour vous détendre et vous amuser.

LE DRAGON

L’année à venir sera propice aux célébrations et à la réussite professionnelle. Vous pourrez également envisager de vous marier pendant cette période. Nous vous conseillons de demander de l’aide à votre entourage pour éviter surmonter les obstacles durant cette année.

Nous vous recommandons aussi de prendre le temps de vous reposer et de vous détendre pendant cette période.

LE SERPENT

Cette période ne sera pas vraiment favorable pour vous car le Cochon est votre signe opposé. Vous risquez donc de devoir gérer des difficultés, des retards, des changements et peut être même des accidents pendant cette année.

Vous devrez probablement voyager pendant cette période et ces déplacements vous permettront de gérer plus facilement l’année du Cochon. Nous vous conseillons de porter un pendentif en forme de Tigre pour bénéficier de la protection de cet animal du zodiaque pendant l’année 2019.

LE CHEVAL

Ce signe profitera également de l’influence positive de l’année du Cochon. Vous serez prêt(e) à faire de nouvelles expériences et le Cochon vous permettra de saisir plusieurs opportunités sur le plan social pendant cette période.

Nous vous conseillons de garder l’esprit ouvert dans tous les domaines pour profiter pleinement de l’année 2019.

LE MOUTON

Cette période s’annonce très favorable pour le Mouton car ce signe profitera pleinement de l’influence positive du Cochon. Cette année sera propice aux nouveaux projets, aux nouvelles opportunités et aux avantages liés à la vie sociale.

Cette période vous permettra également de recevoir des récompenses et d’être apprécié(e) à votre juste valeur. Vous aurez également la possibilité de vivre une histoire d’amour durant cette période. Nous vous conseillons de profiter de tous les avantages qui s’offriront à vous pendant cette année.

LE SINGE

Vous serez très occupé(e) pendant cette année et vous devrez donc prendre le temps de vous reposer. Nous vous conseillons de garder une trace écrite de tous vos projets/idées et de vérifier soigneusement tous leurs détails.

Vous devrez éviter de suivre aveuglément votre intuition pendant l’année 2019. Nous vous conseillons également de prendre le temps de vous reposer et de profiter de la vie.

LE COQ

L’année du Cochon s’annonce très mouvementée pour vous, vous devrez toutefois prendre le temps de réfléchir avant d’agir afin d’éviter de perdre votre temps. Nous vous conseillons de vérifier tous les détails de vos projets, de respecter votre agenda et de bien vous organiser.

Vous aurez également besoin du soutien de vos amis pendant cette période.

LE CHIEN

Le natif du Chien profitera d’une vie sociale active pendant cette année. Vous ne ménagerez pas vos efforts pour aider les autres, vous pourrez notamment participer à des courses caritatives durant cette période.

Vous devrez faire preuve de patience car vous n’obtiendrez pas tout ce que vous souhaitez au cours de l’année du Cochon. Nous vous conseillons d’organiser des voyages/ vacances agréables pendant cette période.

Caractéristiques et Personnalité du Cochon

Les personnes qui sont nées pendant l’Année du Cochon sont courtoises et courageuses. Elles s’impliquent beaucoup dans tous leurs projets. Les natifs du Cochon ont l’esprit ouvert et ils ne reviennent jamais sur leurs décisions.

Ils ont une grande force de caractère et ils se montrent honnêtes en toutes circonstances. Ils n’ont pas beaucoup d’amis mais ils font preuve d’une loyauté sans faille envers eux. Les personnes qui ont un natif du Cochon parmi leurs amis ont beaucoup de chance, car elles pourront toujours compter sur son soutien.

Ils parlent peu mais ont une grande soif de connaissance. Ils étudient beaucoup et sont généralement bien informés sur de nombreux sujets. Bien qu’ils détestent les disputes et les querelles, les natifs du Cochon s’emportent facilement.

Ils prennent soin de leurs proches. Quelle que soit la gravité de leurs problèmes, ces natifs mettent toujours tout en œuvre pour les résoudre, en restant honnêtes et en se montrant parfois impulsifs. Les natifs du Cochon s’entendent particulièrement bien avec les natifs du Lièvre et de la Chèvre.

 

 

 

Source: ZodiaqueChinois.com

Jusqu’au 05 février nous sommes dans l’année du chien de terre, cliquez sur le lien pour lire l’article.

 

Je vous souhaite une bonne année Chinoise!

Amitiés

Claude Sarfati

Le Père François Brune (Hommage)

Père Brune :
Le prêtre qui enquête sur l’au-delà

 

Mondialement connu pour ses ouvrages sur la communication avec les morts, le père François Brune est aussi un théologien, défenseur d’un réenchantement du monde par l’expérience de notre lien intime au divin. Entre mystère et lumière, portrait d’un homme de cœur, qui nous a quitté en Janvier 2019. Hommage.
« Réaliser la volonté de Dieu… Et le paradis, le plus vite possible ! » Tel est le souhait du père Brune, sa dernière volonté peut-être. Car à 81 ans, avec une quinzaine d’ouvrages et des centaines de conférences à son actif, François Brune estime avoir fait son temps. La perspective n’effraie pas l’auteur du best-seller Les Morts nous parlent, qui défraya la chronique lors de sa parution en 1988. « Je sais que la mort n’est qu’un passage ; ce sera le plus beau jour de ma vie », dit-il. Et tant pis pour le livre qu’il aurait aimé dédier à Saint Jean, dans la lignée de celui qu’il a consacré à Saint Paul. Sur son bureau, patiente déjà une grosse enveloppe, « à expédier après ma mort pour informer quelques amis de mon changement d’adresse… »
En attendant, François Brune vit perché au sixième étage dans son petit appartement parisien, entouré de ses chères icônes, dont il est un spécialiste, de quelques dessins du Christ esquissés au fusain par un ancien élève, de ses 170 bandes dessinées, « seuls ouvrages de ma bibliothèque dont le taux de lecture dépasse largement les 100 % ! », et des centaines de livres qui couvrent ses murs, soigneusement classés : mystique occidentale, mystique orientale, et religions non chrétiennes… « Et encore, j’ai donné tout ce qui concernait les Pères grecs à un monastère orthodoxe ! »
Oiseau de nuit, il se couche aux aurores, se lève dans l’après-midi, oublie de manger – « À croire que la spiritualité suffit à le nourrir ! », sourit son ami le médium Henry Vignaud –, descend siroter un café, remonte vaillamment à pied car l’ascenseur est en grève prolongée. Quand il ne travaille pas sur la réédition de Christ et Karma, « un ouvrage important » à paraître à l’automne 2012, le prêtre, qui n’a plus la force de lire de longues heures, contemple le ciel depuis sa fenêtre et regarde la télévision : « Pas mal d’émissions de politique et d’économie », ainsi que « d’épatantes petites séries policières. L’histoire je m’en fous, ce qui m’intéresse ce sont les expressions des visages, les rapports entre les personnages ».

Prêtre et enquêteur

Car ce prêtre « entre ciel et terre, là où il faut être », selon l’animateur radio Jean-Claude Carton, est aussi un chercheur, un scrutateur, quitte à bousculer l’ordre établi. « Je suis venu à l’écriture parce que j’avais des choses à dire, explique-t-il. D’abord contre la théologie de saint Thomas d’Aquin qu’on a essayé de me faire avaler dès mon entrée au séminaire, puis contre la théorie, acceptée un temps par l’Église, que lorsque le bonhomme est mort, sa conscience est détruite. Il n’existerait donc plus rien de lui, sauf dans la pensée de Dieu. Pas très consistant ! » Et pas très en accord avec ce qu’il a pu lire des premiers mystiques chrétiens, « des gens pas du tout allumés, capables de créer des ordres religieux et de négocier avec les puissants, qui témoignent avoir été conseillés, parfois matériellement aidés, par les saints qui leur sont apparus ».
Ordonné en 1960 puis affecté à la Compagnie de Saint- Sulpice, dont la mission est de former les futurs prêtres, François Brune est « foutu à la porte » des différents séminaires où il enseigne : trop subversif ! Subsistant grâce à la générosité de ses proches et à divers boulots (cours de français en Allemagne, expertise d’icônes pour des galeries parisiennes…), il découvre au milieu des années 70 les expériences aux frontières de la mort, via notamment le livre du Dr Raymond Moody La Vie après la vie. Le religieux s’enthousiasme : voilà qui corrobore les récits des mystiques ! Il s’informe, va aux États-Unis, est parmi les premiers à rejoindre l’IANDS (International Association for Near Death Studies).
Peu après, il apprend l’existence de techniques de communication avec les morts – de la captation de voix sur magnétophone ou autre appareil électronique aux phénomènes d’écriture automatique. « Comme la plupart des gens, j’ai d’abord pensé que c’était de la foutaise, convient le père Brune. Dans ce genre de messages, on trouve tout et n’importe quoi ! » Mais l’œuvre de Jean Prieur, ainsi que les lettres de Pierre Monnier et de Roland de Jouvenel, dictées à leurs mères après leur mort, ébranlent ses certitudes. « Avec autant de récits magnifiques sur la rémanence d’une conscience et l’existence d’un au-delà, je ne pouvais laisser ratatiner ces expériences ! » Pour lui, plusieurs éléments y témoignent de l’existence de Dieu, tels que l’évocation récurrente de « cette lumière extraordinaire, dont les catholiques ne savent pas trop quoi faire, alors que les orthodoxes lui consacrent toute une théologie », et du ressenti unanime « d’un amour absolu, inconditionnel et personnel ».

Un succès inattendu

C’est en 1988, au terme de dix ans de recherches, que le père Brune franchit le pas. Dans son livre Les Morts nous parlent, il affirme qu’on peut dialoguer avec l’au-delà. Son exposé s’appuie sur des travaux inédits en France (notamment ceux du suédois Friedrich Jürgenson et du letton Constantin Raudive), ainsi que sur les premiers témoignages d’expériences de mort imminente.
Publié par une petite maison d’édition, porté par un dispositif commercial modeste, le livre n’est pas destiné à être un succès ; jusqu’au jour où un journaliste de Paris Match décide de consacrer un long article au père Brune. « Ravi de cet intérêt pour mon travail, je me suis prêté au jeu, se souvient celui-ci. Il m’a même emmené au cimetière Montparnasse pour me photographier devant des tombeaux, entouré de fumigènes. Heureusement, sa rédaction a trouvé ça un peu gros ! »
L’article fait sensation, les médias s’emparent du sujet, les ventes s’emballent, le livre est retiré en urgence. François Brune : imposteur, homme naïf ou témoin privilégié ? s’interroge la presse. « Le livre allait à rebrousse-poil d’un certain nombre de convictions, rappelle Jean Henriet, son premier éditeur, aujourd’hui directeur éditorial sciences humaines chez Dunot/InterEditions, mais je me suis toujours méfié des œillères, et j’ai toujours été convaincu de l’honnêteté intellectuelle de François. » Un homme « d’une érudition exceptionnelle », auteur dès 1983 de Pour que l’homme devienne Dieu, « une superbe analyse des retours aux fondamentaux de l’église du Christ, qui fait de lui un extraordinaire théologien », selon Jean Henriet.

D’édition en édition, la version française de Les Morts nous parlent a été tirée à plus de 300 000 exemplaires. Le livre est traduit en une dizaine de langues, ce qui a amené le prêtre à faire plusieurs fois le tour de la planète. « Son aura à l’étranger est sans commune mesure avec sa discrétion en France », confirme Jean Henriet.
L’Église, elle, se garde de se prononcer. Mal à l’aise avec le « cas Brune » et la possibilité d’un dialogue avec l’au-delà, elle préfère laisser au prêtre « une paix pontificale » dont il se réjouit. « Pas très bien vu », de l’aveu de l’un de ses pairs, au sein de la communauté catholique classique, François Brune convient toutefois que celle-ci a raison, dans une certaine mesure, de se montrer vigilante : « Tous les esprits ne sont pas bienveillants ; essayer de communiquer avec les morts, c’est risquer d’ouvrir la boîte de Pandore. Mais c’est aussi établir une communication directe avec l’au-delà, qui ôte au clergé le rôle d’intermédiaire sur lequel il a établi son autorité ! » Pour autant, il tient à son statut de prêtre catholique, pour continuer à bousculer de l’intérieur, et parce qu’il donne à ses prises de position un poids et une aura.
Le père Brune poursuit donc son chemin, fidèle à la ligne qu’il s’est fixée. Conteur délicieux, curieux impénitent, érudit passionné et pétillant qui se régale à transmettre le fruit de ses recherches, il est aujourd’hui reconnu pour son rôle de pionnier.

« Avant lui, les médiums étaient vus comme des charlatans ou des Mme Irma. Son travail a œuvré à donner une crédibilité à notre don et à changer notre image », explique Henry Vignaud qui ajoute : « On peut ne pas être d’accord avec ses bondieuseries, mais incontestablement, il a ouvert des portes. » Pour le public, d’abord. « C’est en écoutant une de mes émissions sur le thème de la vie après la vie, où j’avais invité François, qu’un couple dont le fils était mort d’un cancer a décidé de ne pas se faire sauter le caisson et de reprendre espoir », raconte ainsi Jean-Claude Carton.
Pour certains scientifiques, ensuite. « François n’est pas du genre à affirmer n’importe quoi », souligne l’anesthésiste réanimateur Jean-Jacques Charbonier, auteur du livre Sept bonnes raisons de croire à l’au-delà. Estimant qu’il faut être sûr de ce qu’on avance, notamment dans le domaine du paranormal décrédibilisé par bon nombre de discours fantaisistes, le père Brune se documente minutieusement, force l’intérêt et l’admiration par la richesse de ses références bibliographiques, répète les protocoles expérimentaux pour les valider.

« C’est d’ailleurs grâce à lui que j’ai vécu ma première transcommunication ! » poursuit le Dr Charbonier. Chez sa sœur, à Caen, avec son frère décédé. « Au départ, je n’étais pas très motivé ; j’ai décliné son invitation. Deux jours plus tard, en pleine nuit, la lumière de ma chambre s’allume trois fois, je sens une pression sur mes pieds et une voix me dire : « Va à Caen ! » Une telle invitation de l’au-delà ne se refuse pas… » Le médecin en sort bluffé. « On posait des questions, le défunt répondait distinctement. J’en avais la chair de poule ! À partir de là, j’ai découvert que des expériences scientifiques, menées notamment au laboratoire électro-acoustique de Bologne, tendent à valider l’existence de ces voix. J’étais déjà convaincu que la conscience survit à la mort physique ; dialoguer avec les défunts pourrait fournir des informations sur ce qu’elle devient. »

Un dieu d’amour

De quoi nourrir la réflexion du père Brune sur ce qu’il considère aujourd’hui comme le plus important : son travail de théologien. « Dans le domaine de l’après-vie, je ne suis plus indispensable ; il y a désormais quantité de gens très qualifiés pour faire avancer le sujet. Alors que pour défendre la vision de Dieu qui m’est chère, je suis encore bien seul. »
Exit une religion qui ne serait que règles doctrinaires, idées péremptoires et grand tralala : « Ce n’est pas en restant arc-boutés sur des principes éculés ou en ressortant les dorures qu’on va redonner aux foules le sens du sacré ! » estime François Brune.
Exit aussi l’idée d’un dieu dominateur et culpabilisant, sorte de juge suprême « un peu sadique » qui déciderait de notre sort en se délectant de nous voir expier nos offenses et tenter d’apaiser sa colère par la souffrance, ou la répétition mécanique de certains rites. « Cette théologie de la prédestination et de la vengeance me fait horreur ! Qui voudrait d’un tel dieu ? Pour moi, son unique moteur, c’est l’amour. » Et l’unique voie pour le rencontrer, une « conversion profonde, intérieure, qu’aucune formule magique ou obéissance à une institution ne peuvent provoquer ».
Ce que souhaite le prêtre, c’est un retour à l’essentiel. Mieux, à l’essence. Celle des Pères fondateurs, basée non pas sur une construction intellectuelle de notre relation à Dieu, mais sur l’expérience personnelle, concrète, physique même, de cette force d’amour pressentie par François Brune, lorsqu’il ressort marqué, comme toute une génération, par la seconde guerre mondiale et l’existence des camps de concentration. « Outre l’anéantissement physique, c’est la destruction spirituelle de l’âme par l’humiliation qui y était programmée. J’ai alors compris la puissance du mal… Et aussi que si le monde parvenait à survivre à tant de haine, c’est qu’il devait y avoir une force d’amour encore plus forte », avec laquelle il est urgent de renouer.

Ici et maintenant. En laissant tomber les recettes toutes prêtes pour chercher en soi. Évacuer croyances et postures, suspendre un moment le cours des désirs et des pensées, se laisser gagner par un état de paix, sentir son cœur s’ouvrir, sa conscience s’étendre, les limites de son être s’estomper… Jusqu’à ressentir une unité avec le monde et une connexion intime, « au-delà de l’espace et du temps », à un divin qui ne nous est pas extérieur, mais palpite « au fond de nos cœurs ». Qui nous fait comprendre que c’est en nous que réside le pouvoir de changer notre réalité, de cheminer vers plus de plénitude, de clairvoyance, de sérénité.
Et qu’il nous appartient, « en faisant du mieux qu’on peut avec ce que l’on est », de cultiver cette étincelle et de la faire rayonner. Pour nous, pour les autres.
Parce qu’au-delà de notre réalisation personnelle, l’important, c’est notre lien au monde et notre participation à cet extraordinaire grand tout dont nous faisons partie. Comme si par on ne sait quelle transcendance, force invisible ou champ d’énergie subtile, il existait « une osmose d’âme à âme, une communion des consciences » où tout ce qui se passe en l’une, « nos actions, nos pensées, nos désirs, nos peurs, nos haines, nos mouvements d’amour… »impacte toutes les autres, voire l’ensemble de l’univers.

« La révélation de ce mystère fantastique n’empêchera sans doute pas les brigands de dévaliser et les meurtriers d’égorger, reconnaît François Brune, mais si elle peut aider des gens à revoir leur échelle de valeurs, s’extirper de l’avoir pour redonner sa place à l’être, trouver un sens à leur vie et mener une existence meilleure, plus attentive à leur entourage, ce sera déjà pas mal. »

 

Source: INREES

Père Brune: Le prêtre qui enquête sur l’au delà par: Réjane Ereau

 

Bon dimanche

Amitiés, Claude Sarfati