L’inquisition

inquisition

Le 20 avril 1233, le pape Grégoire IX confie à un tribunal d’exception dénommé Inquisitio hereticae pravitatis le soin de démasquer et condamner, dans tout le royaume de France, les hérétiques et les catholiques non sincères.

Ce tribunal de l’Inquisition, qui relève seulement du pape, a pour but d’éviter les excès et l’arbitraire de la justice seigneuriale ou épiscopale. Il tire son nom de la procédure inquisitoire : les juges engagent la procédure et cherchent eux-mêmes les suspects d’hérésie sans attendre une dénonciation ou une plainte de quiconque.

Il va s’avérer d’une efficacité redoutable dans la chasse aux cathares du Midi de la France et s’acquérir très vite une réputation détestable.

L’Église et les hérétiques

Aux premiers siècles de la chrétienté, l’institution ecclésiastique s’en tenait à des peines spirituelles comme l’excommunication contre les personnes qui s’écartaient de la foi. La plupart des Pères de l’Église condamnaient toute forme de sanction physique à leur égard. Pour leur part, beaucoup d’empereurs et de rois, à partir de Constantin 1er, assimilent le rejet de la foi officielle à un crime de lèse-majesté et ne se privent pas de condamner les coupables à la confiscation de leurs biens, à la prison voire à la mort.

Au XIIe siècle encore, l’Église s’en tient au sage principe édicté par Bernard de Clairvaux : fides suadenda, non impodenda («la foi doit être persuadée, non imposée»).

Aux alentours de 1200, tandis que de puissants courants mystiques irriguent l’Église, comme l’ordre cistercien de Saint Bernard ou les ordres mendiants de Saint François d’Assise et Saint Dominique de Guzman, d’autres s’en écartent comme le catharisme. Cette hérésie se propage rapidement en Italie du Nord et surtout dans le Midi de la France. Elle est réprimée par une croisade brutale et ses fidèles subissent les foudres de la justice seigneuriale. La papauté se voit obligée d’intervenir pour limiter les abus de celle-ci.

En 1231, avec la constitution Excomunicamus, le pape Grégoire IX codifie la répression. Il définit les peines qui frappent les hérétiques où que ce soit :
– le bûcher pour ceux qui s’obstinent dans l’erreur,
– la prison ou une peine canonique (pèlerinage, jeûne….) pour les hérétiques qui se repentent,
– l’excommunication pour les catholiques qui les auraient aidés.

Comme il n’est pas question que l’église donne la mort, en vertu du principe Ecclesia abhorret sanguinem, c’est au bras séculier (la justice seigneuriale ou royale) que sont remis les condamnés voués au bûcher.  Saint Thomas d’Aquin justifiera plus tard la peine capitale en estimant qu’il est plus grave de travestir la foi que de fabriquer de la fausse monnaie (un crime également passible de la mort).

Le 11 octobre 1231, le pape Grégoire IX confie à un prêtre, Conrad de Marbourg, le soin d’appliquer la constitution dans le Saint Empire romain. Très vite, ses excès fanatiques et la multiplication des bûchers soulèvent l’indignation générale, y compris des évêques allemands. Il est assassiné le 30 juillet 1233. C’en est fini de la justice d’exception au nord des Alpes.

Entre-temps, le 20 avril précédent, le pape a créé pour la France le tribunal de l’Inquisition et l’a confié aux frères prêcheurs de l’ordre monastique de Saint Dominique, de meilleure réputation que Conrad de Marbourg.

La délation au service de la vérité

Quand, dans une région donnée, l’inquisiteur ouvre une enquête, il commence par un prêche. Il publie un «édit de foi» à l’attention des catholiques, les invitant à dénoncer les hérétiques sous peine d’excommunication et un «édit de grâce» laissant aux hérétiques quelques jours pour se dénoncer et se repentir sous peine de bûcher. Les suspects sont parfois mis au secret pendant plusieurs jours et privés de nourriture. Ils sont avertis qu’ils pourront bénéficier de la clémence des juges à condition de se repentir et de tout dire sur leur entourage.

La méthode est efficace : chacun ayant à cœur de sauver sa peau n’hésite pas à charger ses voisins, voire ses parents ou ses amis… Ce d’autant plus qu’à partir de 1252, la torture est autorisée par une bulle du pape Innocent IV sous certaines limites : elle ne doit déboucher ni sur une mutilation ni sur la mort et les aveux obtenus sous la torture doivent être renouvelés après celle-ci pour être valables.

Au cours de l’instruction, les accusés disposent toutefois de recours. Ils bénéficient d’un défenseur, peuvent produire des témoins à décharge et même récuser leurs juges.

La sentence est prononcée au cours d’une séance publique et solennelle, après consultation de nombreux clercs civils et religieux. Cette séance est appelée en France «sermo generalis» et sera plus tard désignée en Espagne par l’expression célèbre «auto da fe» (acte de foi).

A quelques exceptions près, les tribunaux de l’Inquisition pontificale témoignent d’une relative mansuétude et 2% des procédures aboutissent à une peine séculière (bûcher). Pour le reste, les condamnés subissent des peines religieuses : aumônes, pèlerinage, prières…. Dans le Midi de la France, l’inquisition débouche sur une extinction de l’hérésie cathare au début du XIIIe siècle.

Dès le siècle suivant, l’Inquisition pontificale tombe en désuétude et, dans des pays comme la France, c’est aux tribunaux séculiers qu’il revient désormais de juger les hérétiques.

En 1542, le pape Paul III établit à Rome la «Sacrée Congrégation de l’Inquisition romaine et universelle» pour juger en appel les procès d’hérésie… Il lui revient de juger l’astronome Galilée en 1633. Son appellation est changée en «Sacrée Congrégation du Saint-Office» en 1908 par Pie X puis en «Congrégation pour la doctrine de la foi» en 1967 par Paul VI. C’est cette institution qu’a dirigée le cardinal Josef Ratzinger avant d’être élu pape en 2005 sous le nom de Benoît XVI.

L’Inquisition espagnole

L’Inquisition médiévale retrouve une deuxième jeunesse de l’autre côté des Pyrénées, en Espagne, en 1478, quand les souverains Ferdinand d’Aragon et Isabelle de Castille obtiennent du pape le droit de nommer eux-mêmes des inquisiteurs pour juger les conversos, des musulmans ou des juifs officiellement ralliés au christianisme mais restés fidèles à leurs rites religieux.

L’Inquisition devient dès lors un organisme étroitement inféodé au pouvoir royal et celui-ci en use pour consolider l’unité fragile du royaume. Elle traque non seulement les faux convertis mais aussi les supposés sorciers, sodomites, polygames….

Le dominicain Tomas de Torquemada, premier inquisiteur général de 1483 à 1498, se signale par ses excès, lesquels vont jusqu’à susciter la réprobation du pape Sixte IV. Il aurait envoyé pas moins de 2.000 personnes au bûcher.

Au siècle suivant, l’Inquisition sévit contre les protestants et va jusqu’à inquiéter les mystiques catholiques Saint Jean de la Croix et Sainte Thérèse d’Avila ! Elle est définitivement abolie en Espagne et dans les colonies espagnoles en 1834. On lui attribue dans le monde hispanique environ trente mille condamnations à mort en trois siècles (c’est à peu près autant que de victimes de la guillotine ou d’autres formes d’exécution pendant la Révolution française). –

Jeanne Lafont, d’après l’excellent article du Dictionnaire de Michel Mourre (Bordas)

 

Bonne lecture, bon dimanche: Claude Sarfati.

La croisade des albigeois

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La croisade contre les albigeois, prêchée par le pape Innocent III contre les hérétiques cathares et vaudois du Languedoc (terme qui n’apparaît qu’à la fin du XIIIe siècle dans l’administration royale) et contre les seigneurs et villes qui les soutenaient, a duré de 1209 à 1229. Elle a été menée d’abord par des seigneurs de la France du Nord avec des armées internationales, puis par le roi de France Louis VIII en 1226 et officiellement terminée par le traité de Meaux-Paris (1229) entre le roi de France (Saint Louis enfant sous la régence de Blanche de Castille) et le comte de Toulouse Raimond VII.

Philippe Auguste, luttant contre l’Angleterre et contre l’Empire, et le plus souvent en mauvais termes avec la papauté, n’avait pas voulu intervenir directement en Languedoc, se contentant d’y sauvegarder la suzeraineté française. Son fils, Louis VIII (roi de 1223 à 1226), après avoir repris le Poitou aux Anglais (1224), se tourna vers le Midi, auquel il s’était vivement intéressé dès le règne de son père. Après l’excommunication de Raimond VII par le concile de Bourges, le 28 janvier 1226, et le ralliement de nombreux seigneurs méridionaux, il répondit à l’appel du pape en s’emparant des terres des Trencavel et du Languedoc septentrional et oriental rattachées au domaine royal (sénéchaussées de Beaucaireet de Carcassonne) mais renonça à attaquer Toulouse.

À partir de 1229, la lutte de l’Église contre les hérétiques prit la forme de l’Inquisition, organisée par le pape Grégoire IX en 1233 et confiée aux ordres mendiants – et surtout aux dominicains. Elle se heurta à une résistance clandestine. Il y eut pourtant des violences dans les villes, à Narbonne (1233-1235), à Cordes (1233), à Albi (1234), et surtout à Toulouse d’où les dominicains furent expulsés en novembre 1235. Les victoires de Saint Louis sur les Anglais à Taillebourg et à Saintes persuadèrent le comte, qui avait repris la lutte, de faire la paix avec le roi (1242). Désormais et jusqu’à sa mort, il lui resta soumis et persécuta à son tour les hérétiques.

Un millier de cathares s’étaient réfugiés dans le château de Montségur, vaste forteresse sur un piton dans le comté de Foix. Montségur résista près d’un an, du 13 mai 1243 au 14 mars 1244. Les deux cents hommes et femmes qui y étaient restés et qui refusèrent d’abjurer le catharisme furent brûlés le 16 mars 1244. Cet épisode militaire local marque traditionnellement la fin de la résistance armée des cathares. Une auréole légendaire continue d’entourer cet épilogue héroïque et tragique de la croisade contre les albigeois.

Si la croisade favorisa le rattachement du Languedoc à la France du Nord, cette intégration du Midi à un ensemble national ne lui apporta pas que des avantages. Plus que les destructions et les aspects d’exploitation coloniale qui accompagnèrent l’installation des gens du Nord en Languedoc, c’est la pétrification, par la croisade, de faiblesses autochtones séculaires qui accrut sa stagnation économique et sociale. La lutte victorieuse contre l’usure supprima des abus, mais stérilisa aussi beaucoup d’activités précapitalistes englobées par l’Église dans sa réprobation de l’usure. L’installation de l’administration française augmenta le parasitisme urbain au détriment du développement des campagnes et provoqua la prolifération d’un secteur tertiaire envahi par toute une catégorie de rentiers, d’hommes de loi, de fonctionnaires, et par un clergé triomphant et pullulant.

Cette perversion de l’idéal de la croisade (il y faut ajouter l’antisémitisme importé par les croisés dans le Midi) et les abus de l’Inquisition qui la prolongea jetèrent, dès le XIIIe siècle, le discrédit sur la chrétienté. Ce discrédit contribua à saper l’unité morale d’un monde où, à l’image du destin du Languedoc, l’évolution historique tendait, certes, à constituer de plus grands ensembles nationaux, mais au détriment de l’unité chrétienne.

Bonne lecture, bonne écoute, bon dimanche: Claude Sarfati.

Simon de Montfort

Simon de Montfort

Simon de Montfort

1175 – 1218

« …Qui donc, dis je, ne fondrait pas en larmes et ne s’effondrerait au récit de la vie brisée des malheureux ? Car lui tombé, tout s’est effondré ; lui mort, tout mourut avec lui : il était en effet la consolation des affligés, le courage des faibles, le réconfort des attristées, le refuge des malheureux…« 

« …A terre, il tomba mort, livide, ensanglanté.
Un messager porta la nouvelle à Toulouse.
L’allégresse fut telle à travers la cité
Qu’on courut aux églises y allumer des cierges
En criant « Joie ! Dieu miséricordieux !
Paratge resplendit et triomphe à jamais !
Homicide et cruel, le comte sanguinaire
Est mort sans sacrement, ce n’est là que justice ! »
… »

Quel est ce personnage qui suscite autant de sentiments contraires selon le coté dont on se situe ?
Le premier récit est de Pierre des Vaux de Cernay dans son ouvrage Hystoria albigensis. Le second est l’œuvre d’un poète occitan dans la chanson de la croisade albigeoise.

Et tous deux parlent du décès de Simon de Montfort qui vient de mourir pendant le siège de Toulouse, le 25 juin 1218.

De tous les personnages principaux de la croisade des Albigeois, je ne crois pas en connaitre d’autres qui expriment soit autant d’admiration ou soit autant de haine…

Comte de Leceister et de Montfort

Par ses ancêtres qui ont hésité longtemps entre les couronnes de France et d’Angleterre, Simon devient en 1195, comte de Montfort pour ses domaines de la vallée de Chevreuse et comte de Leceister en Angleterre.

Il se marie en 1197 avec Alix de Montmorency. Ils auront deux enfants Amaury et Guy.

C’est un seigneur de rang modeste, très imprégné de valeurs spirituelles d’une des filles de Cîteaux : l’abbaye des Vaux-de-Cernay qui se trouve en vallée de Chevreuse et dont son oncle Guy participera à la croisade contres les Albigeois et Pierre, un autre moine de cette abbaye en fera le récit…

La 4e croisade

Quand Innocent II est élu pape, il prêche aussitôt la 4e croisade en Orient. Simon de Montfort répondit favorablement. Il part de Venise avec l’ensemble des troupes en 1202.
Mais cette croisade est détournée de son but par des vénitiens qui sont avant tout des marchants et qui comptent bien rentrer dans les frais engagés pour acheminer les troupes vers l’Orient. Elle s’arrête à Zara sur la côte slovène et les croisés la pillèrent. C’est ce qui attendait également Constantinople en 1204

Simon de Montfort semble t’il, se détacha très rapidement des autres croisés. Son but était d’aller en Orient et c’est finalement ce qu’il fit en partant près d’un an…

La croisade des Albigeois

C’est apparemment le même motif de piété qui a poussé Simon de Montfort à aller combattre les hérétiques en Occitanie, après une rencontre avec son oncle Guy, abbé des Vaux-de-Cernay qui avait déjà convaincu un grand baron français : Eudes de Bourgogne.

Jusqu’au siège de Carcassonne à mi août 1209, Simon de Montfort se montra discret. Mais il prit une part active à la prise des faubourgs de la cité.

Quand Raimond roger de Trancavel fut jeté en prison, Arnaud Amaury, le chef de la croisade réunit les grands barons français pour savoir à qui attribuer le fief des Trencavel.

Les uns après les autres, les barons déclinèrent l’offre ! Ils avaient reçu du bout des lèvres du Roi de France  Philippe Auguste, l’accord de participer à la croisade des Albigeois.
Leurs participations allaient se borner au minimum, et la quarantaine venue, ils retourneraient sur leurs terres et seraient de nouveau disponibles pour le roi de France contre l’ennemi héréditaire : l’Angleterre !
Ils n’allaient donc pas accepter, des plus est, des mains de l’Eglise, un fief ne leur appartenant pas…

On se sait alors quel argument fit pencher la faveur vers Simon de Montfort : son exemplarité lors de la 4e croisade en Orient ? Son courage lors du siège de Carcassonne ? Ou alors sa parenté avec Guy abbé de l’Abbaye des Vaux-de-Cernay ?
Mais c’est lui qui succéda à Raimond Roger de Trancavel en tant que nouveau Vicomte de Carcassonne et Béziers mais il lui restait le plus difficile : asseoir son pouvoir sur ce pays…

L’épopée militaire

Simon de Montfort fut reconnu comme un grand guerrier et un grand stratège militaire. Car après la fin de l’Ost, tous les grands barons retournèrent dans leurs fiefs abandonnant le nouveau vicomte dans un territoire énormément vaste à contrôler. Seuls quelques barons du Nord de seconde zone comme lui, resteront, espérant sans doute se partager la part du gâteau.

Alors Simon de Montfort va aller dénicher l’ennemi, plutôt que de l’attendre dans sa forteresse de Carcassonne. A chaque printemps, il va se mettre en route avec les renforts que lui fera parvenir la papauté, traquant les hérétiques et leurs bienfaiteurs. Mais l’Occitanie est vaste et quand Simon de Montfort est d’un coté, la révolte gronde de l’autre… Il fera sans cesse des allers retours pour éteindre les incendies, toujours sur la corde raide.

C’est certainement ce qui explique la haine qu’il suscita coté occitans. En effet le comte ne fit preuve d’aucune pitié que cela soit et c’est compréhensible contre les hérétiques cathares, mais aussi contre la noblesse occitane et les populations.

Les faits sont nombreux : les bûchers de Minerve en 1210 (140 parfaits cathares) et de Lavaur en 1211 (400 hérétiques : plus qu’à Montségur..).
Mais aussi le massacre des populations : celle de Bram en 1210 où Simon de Montfort creva les yeux d’une centaine de personnes et leur arracha leur nez. Il laissa un seul œil à un des ces otages pour guider les autres vers les châteaux de Lastours qui refusaient de se rendre…
Egalement, pendant le siège de Lavaur en 1211, il fit pendre et égorger le seigneur des lieux Aymeric de Montréal ainsi que 80 de ses chevaliers, défiant par la même occasion les règles chevaleresques.

Son apogée militaire est certainement la bataille de Muret, le 13 septembre 1213. Tous les pronostics, s’ils avaient existé, auraient donné favori, le roi d’Aragon Pierre II d’Aragon tant le rapport des forces était en faveur des occitans.
Pourtant, le roi d’Aragon fut tué et Simon de Montfort fut vainqueur…

Après 4 ans de guerre en Occitanie, cela allait enfin lui ouvrir les portes de Toulouse… En effet, après le défaite, Raimond VI part en exil en Aragon abandonnant son comté à Simon de Montfort.

Mais ce n’est qu’en 1215 lors du 4e concile de Latran, que Innocent III lui attribua le comté toulousain.
Mais l’animosité du peuple ne lui permit pas d’entrer dans la ville rose avant 1216

La fin

Pourtant 2 ans plus tard,Raimond VI profite du désordre semé par son fils dans la partie orientale du comté, pour revenir à Toulouse. Il est acclamé par le peuple toulousain. Simon de Montfort accourt mais il trouve la ville en état de siège…
Alors qu’il portait secours à son frère touché par une flèche, il ne vit pas un boulet tiré d’un catapulte servie par des femmes, lui arriver droit dessus…

C’était le 25 juin 1218… Les croisés venaient de perdre leur chef… La reconquête occitane pouvait se mettre en route.

Source : Michel Roquebert  » Simon de Montfort  bourreau et martyr » éditions Perrin.

Jean Duvernoy et le Catharisme

jean duvernoy

Jean Duvernoy (1917-2010), l’inventeur du catharisme historique moderne, par Michel Jas

Jean Duvernoy est décédé le 18 août à Toulouse et ses obsèques ont eu lieu hier matin, le mardi 24, au Temple de la place du Salin à Toulouse. Nous lui rendons ici hommage avec un texte écrit ce jour par Michel Jas, pasteur protestant et lui aussi connaisseur de l’histoire et de la religion cathare.

« Jean Duvernoy a révolutionné la connaissance du catharisme, en sortant des sentiers battus et en explorant toutes les sources, il a redonné et rendu aux cathares un visage humain et leur dignité (…) sa recherche fut humble, sans chercher les honneurs » écrit Jean-Louis Gasc. Et Michel Roquebert parle à son sujet « d’impartiale rigueur » et « de sa connaissance exhaustive des sources ».

Issu d’une lignée de protestants luthériens du pays de Montbéliard, parent avec les Cuvier, les Peugeot, les Goguel , les Surleau, Jean Duvernoy citait souvent son ancêtre inspecteur ecclésiastique et les particularités religieuses de cette ancienne enclave du Wurtemberg en pays francophone où les protestants se partageaient entre la sensibilité traditionnelle et un peu « High Church » luthérienne et le courant piétiste et fondamentaliste des mennonites. Louis Duvernoy, son frère, professeur de lettre classique, était comme lui fin latiniste. Jean Duvernoy poursuivant ses études (il sera conseiller juridique EDF) se plongea dans le fond ancien occitan et latin de la bibliothèque municipale de Grenoble.
Etant arrivé pour son travail à Toulouse il fréquente les milieux qui s’intéressent au catharisme : d’un côté les anticléricaux spiritualistes pro-cathares autour de Déodat Roché et de René Nelli (ainsi que l’anglais Marcel Dando et les milieux libres penseurs des Cahiers Ernest-Renan), et de l’autre les dominicains et l’Institut catholique de Toulouse, la Revue des questions historiques qui se transformera plus tard en Cahiers de Fanjeaux. Par générosité, humilité et sens très aigu de la distance il restera en contact avec ses deux groupes : le courant maçon et laïque, d’un côté, certainement plus ésotérique que rationaliste dans les milieux tournés vers Carcassonne ou les Hautes vallées de l’Aude et de l’Ariège, et le courant clérical autour du chanoine Etienne Delaruelle (continuateur des travaux de Mgr Douais, Vidal et le père Dondaine).

C’est par un ami de l’Institut catholique qu’il obtient une lettre de recommandation pour la bibliothèque vaticane. Duvernoy se plonge dans un travail, sans fin, de lecture et de transcription (en respectant les horaires de la Bibliothèque ecclésiastique) de 325 folios x2 (sur deux colonnes) des registres de l’Inquisition de Pamiers (Ariège) que Jacques Fournier (futur pape à Avignon) fera recopier en 1326. Il du recommencer son travail ensuite à partir de micro-films pour respecter les modes de transcriptions. L’édition latine date de 1965 (3 volumes, 1625 pages), la traduction française de 1978 (3 volumes, 1346 pages).
Parmi les 16 lots de manuscrits de l’Inquisition contre les cathares le registre de Jacques Fournier est incomparable : il est le seul à donner autant la parole aux prévenus. Montaillou, village occitan (1975) d’Emmanuel Leroy Ladurie doit beaucoup à la trouvaille de Duvernoy. Les déboires conjugaux du curé Clergue, qui intéressa la génération peace and love de 68, décrédibilise peut être un peu le catharisme. L’histoire romanesque, presque irréelle de Bélibaste doit totalement à la curiosité de l’évêque inquisiteur Jacques Fournier (qui avait des parents cathares : se serait-il pris d’un doute ?).
Jean Duvernoy avait commencé à publier une chronique de l’époque concernant l’affaire albigeoise en 1958. Après une centaines d’articles et une quinzaine d’ouvrages, toujours sur le catharisme et les hérésies médiévales, sa dernière publication de source inquisitoriale date de 2001. En 1981, il fonda avec René Nelli et Michel Roquebert le Centre d’études cathares avec comme directrice, une chartiste : Anne Brenon, créatrice de la revue Heresis.
Jean Duvernoy fut, après 1998, critiqué par quelques universitaires déconstructivistes et quelques uns de leurs élèves plus virulents que savants. Le colloque international de Foix « Les cathares devant l’histoire » (sous la direction de Martin Aurell et publié en 2005) rétablit l’honneur dû au savant « non historien de métier » ! Lui même répondit de façon humoristique à ces prétendus spécialistes du catharisme, lors des colloques organisés par Anne Brenon à Mazamet, et par « il n’y a jamais eu de bûcher à Montségur » (Histoire et images médiévales, n° thématique de l’été 2006). Mais, même avec ses contradicteurs, qui auraient pu être ses fils ou petits fils, Jean Duvernoy disait : « les sources nous donneront raison » !
Lui qui restait agnostique, ultra libéral, mais respectueux de son protestantisme, restait distant, en retrait, discret, tolérant (même pour les catholiques qui retrouvent la messe en latin). Sa façon d’être me fait penser au dernier paragraphe du vrai visage du catharisme où Anne Brenon reprend cette phrase de René Nelli : « un château où Dieu est Un Autre.. »

Michel Jas

Site officiel de Jean Duvernoy

Livres de Jean Duvernoy

 

Bonne lecture, bonne écoute, bon dimanche: Claude Sarfati.

Le mystère de Rennes-le-Château

rennes le chateau

Le temps de quelques articles, nous allons découvrir les Corbières, pays des Cathares qui se situe  dans le sud de la France entre l’Aude, L’Ariège et les Pyrénées orientales.

Nous commençons cette visite par un petit village audois : Rennes-le-Château.

L’histoire du village de Rennes-le-Château (à 46 Kms de Carcassonne) renferme un mystère. Aujourd’hui encore l’histoire  de l’Abbé Saunière (1852-1917), curé à Rennes-le-Château de 1885 à 1910 reste une énigme.

Lorsque l’Abbé Saunière devient le curé de cette paroisse, l’église et le presbytère sont dans un état de délabrement avancé.

Ses débuts dans la paroisse sont modestes : il vit pauvrement et s’occupe comme il peut, en lisant, en chassant… Dès son arrivée, il se liera très vite avec Marie Dénarnaud, sa servante, qui le suivra jusqu’à sa mort. En 1891, Saunière entreprend des travaux dans l’église avec l’argent prêté par la mairie.

C’est lors de ces travaux que les ouvriers découvrent dans un pilier du maître-autel, trois fioles où sont logés des parchemins. L’abbé ne tarde pas à subtiliser les parchemins aux ouvriers, prétextant qu’ils ont une grande valeur. La nouvelle se sait très vite au village, et on demande à Saunière de vendre les documents à un musée, l’argent gagné devant rembourser les frais de réparation de l’église. En 1893, Saunière se rend ainsi à Paris, avec l’accord et grâce au financement de l’évêché de Carcassonne. Il doit s’entretenir avec l’abbé Vieil, directeur de l’église de Saint Sulpice ; afin d’obtenir la signification de ces documents.

Durant son séjour à Paris, il rencontre Emma Calvé célèbre cantatrice de l’époque. Quelques jours plus tard, l’abbé Vieil lui explique, semble-t-il, le sens caché des parchemins. Mais personne ne sait rien de cette discussion. On sait que Saunière repart peu après, laissant les documents, mais en en gardant des copies. Ces parchemins, qui n’avaient au départ rien d’extraordinaire il s’agissait en fait de passages de la Bible  (écrits en latin), semblent être la clé du mystère de Rennes-le-Château car c’est à partir de ce moment que débute l’étrange vie de l’abbé Saunière.

Sitôt rentré, Saunière entame d’étranges découvertes : en face du maître-autel, il découvre avec l’aide de ses ouvriers, une dalle dite du Chevalier (aujourd’hui exposée au musée de Rennes) dont la face cachée présente d’étranges sculptures de cavaliers, apparemment très anciennes. Il ordonne alors que l’on creuse une fosse à cet emplacement, et congédie ensuite les ouvriers afin d’explorer le lieu lui-même.

L’attitude de l’abbé paraît de plus en plus étrange aux villageois quand ils se rendent compte qu’il efface dans le cimetière les inscriptions dressées sur une très ancienne tombe, celle de la marquise de Blanchefort. Il va même jusqu’à déplacer la stèle. Le maire, choqué par ces saccages, lui demande d’arrêter. Dès lors, les villageois voient Saunière de plus en plus souvent voyager et s’absenter du village, souvent pour plusieurs jours. Durant ses voyages, il est muni d’une valise qu’il porte à dos d’âne.

Autre mystère, le curé de Rennes, qui vivait jusque-là dans la pauvreté, se met à faire de folles dépenses dans son église qu’il rénove désormais à ses frais. Il entreprend d’ailleurs une rénovation complète qu’il réalisera selon ses goûts. Elle est achevée en 1897. Mais le style est très original voire choquant au goût des autres ecclésiastiques. En effet, outre des peintures de couleurs vives et de nombreuses statues, le bénitier est un diable sculpté.

diable

Les constructions et les rénovations ne s’arrêtent pas en si bon chemin. En 1899, il achète six terrains sur Rennes-le-Château, et les met au nom de sa servante, Marie Dénarnaud qu’il designe comme sa légataire principale. Le domaine construit jusque-là est terminé en 1906. Il aménage un jardin, une serre, mais aussi une maison : la villa Béthanie, petite mais luxueuse, comparée aux autres maisons du village. Mais son œuvre la plus étrange et la plus célèbre est sans aucun doute la tour Magdala (voir photo) qu’il bâtit au bord de la colline. Cette petite tour, aujourd’hui visitable, abrite sa bibliothèque. Dans sa villa, il accueille des invités de marque qui viennent de très loin, mais dont l’identité reste obscure. Si la villa sert à loger les invités, Saunière ne vivra jamais autre part que dans son presbytère.

Si le luxe fastueux de l’abbé fait murmurer les villageois, il fait aussi grincer des dents l’évêché qui l’accuse de trafic d’indulgences, c’est-à-dire de détourner l’argent expédié par les congrégations et fidèles avec qui il est en contact à travers toute la France à des fins personnelles. Il est d’ailleurs sermonné par l’évêché dés 1901  c’est-à-dire sous l’épiscopat de Monseigneur Félix-Arsène Billard et continuera à l’être régulièrement sous l’épiscopat de son successeur Monseigneur Paul-Félix Beuvain de Beauséjour. En 1910, Saunière est interdit de messe et remplacé par un autre curé. Habitant toujours à Rennes-le-Château, Saunière officie dans sa villa, dans la petite chapelle placée dans la véranda où les habitants viennent le rejoindre, boudant toutes les messes de l’autre curé. Durant la Première Guerre mondiale Saunière, qui n’a d’ailleurs pas pu récupérer son église, se voit soupçonné d’espionnage par certains villageois.

Il meurt le 22 janvier 1917. Marie Dénarnaud hérite de sa fortune et de ses terres. Elle s’endette et vit recluse jusqu’en 1942 où elle fait la connaissance de Noël Corbu. En 1946, elle effectue un testament stipulant M. et Mme Corbu légataires universels du domaine où ils s’installent. Elle est frappée, le 24 janvier 1953, d’une attaque cérébrale, la laissant muette et paralysée. Elle meurt 5 jours plus tard, le 29 janvier 1953, sans prononcer un mot. Elle avait 85 ans.

Source: Wilkipédia.

les hypothèses soulevées :

-Le trésor des mérovingiens

Le « trésor » des cathares

-Le « trésor » des Templiers

-Un trésor spirituel concernant l’Eglise …

Bonne lecture, bon dimanche: Claude Sarfati.