un dialogue avec soi-même (6)

J’en viens donc à me demander: pourquoi la pensée fait-elle cela?

Est-il dans sa nature de travailler pour elle-même?

Est-il dans sa nature de créer l’isolement?

L’éducation provoque l’isolement; elle nous prépare à une certaine carrière, à une certaine spécialisation et, partant, à l’solement.

La pensée, étant fragmentaire, étant limitée et temporelle, crée cet isolement.

Dans cette limitation elle a trouvé la sécurité, en disant: j’ai une profession; je suis un enseignant; donc je jouis d’une sécurité absolue.

Cela étant, ma préoccupation est la suivante: pourquoi la pensée fait-elle cela?

Est-elle amenée à le faire de par sa nature même?

Tout ce que la pensée fait ne peut qu’être limité.

Dés lors voici le problème qui se pose:

la pensée peut-elle se rendre compte que tout ce qu’elle fait est limité, fragmenté et, en conséquences, source d’isolement, et que tout ce qu’elle fera le sera aussi?

C’est là un point très important: la pensée elle-même peut-elle se rendre compte de ses propres limitations?

Ou est-ce moi qui lui dis qu’elle est limité?

Cela, j’en ai conscience, il est très important de le comprendre:

C’est cela l’essence même de ma question.

Si la pensée elle-même réalise qu’elle est limitée, alors il n’y a pas de résistance, pas de conflit; elle constate je suis comme cela.

Si, par-contre, c’est moi qui lui dis qu’elle est limitée, alors je deviens distinct de la limitation; et je lutte pour la surmonter,ce qui est source de conflit et de violence et non d’amour.

J.Krishnamurti (extrait d’une discussion qui eut lieu lors du Brockwood Park Gathering, le 30 août 1977)

6 Comments on “un dialogue avec soi-même (6)”

  1. las artes

    Si on refuse les systèmes, on n’a d’autre choix que d’exposer la pensée en même temps qu’elle se forme, dans toutes ses imperfections et contradictions. Il est vain de vouloir attendre qu’elle soit formée, stabilisée et cohérente. La consistance n’existe pas pour qui refuse les systèmes, sa seule consistance réside dans sa constance à se livrer dans toutes ses imperfections. La pensée apparaît alors comme une histoire.

  2. Sylvie

    Comme vous lisez ceci et si vous lui accordez un peu de sérieux, vous savez quels comportements, pensées ou actions sont des dépendances pour vous. Vous savez celles auxquelles vous vous accrochez à faire semblant de croire qu’elles sont nécessaires ou inoffensives.

  3. Gérard

    Lorsqu’il y a rencontre, avec un texte, une parole, une pensée, alors je ressens quelque chose, souvent difficile à exprimer. Qui reste de l’ordre de l’impression et dont on ne trouve l’expression que plus tard, une fois la rencontre passée.

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