un dialogue avec soi-même (7)

… Donc, la pensée se rend-elle compte par elle-même qu’elle est limitée?

Il me faut le découvrir.

C’est un défi auquel je dois faire face.

A cause de ce défi, j’ai une gigantesque énergie.

Présentons la chose différement.

La conscience se rend-elle compte que son contenu est elle-même?

Ou serait-ce que j’ai entendu quelqu’un d’autre déclarer:

La conscience est son contenu; c’est son contenu qui la constitue.

à quoi j’aurai répondu oui, c’est bien ça?

Voyez-vous la différence entre les deux.

La deuxième façon de voir, issue de la pensée, est imposée par le moi.

Si j’impose quelque chose à la pensée, il y a conflit.

C’est comme quand un gouvernement dictatorial impose sa loi par voie d’ukase, à la différence qu’ici, ce gouvernement, c’est ce que j’ai créé.

Ainsi, je me demande:

est-ce que la pensée s’est rendue compte de ses propres limitations?

Ou est-ce qu’elle prétend être quelque-chose d’extraordinaire, de noble, de divin?

Ce qui serait absurde, étant donné qu’elle est issue de la mémoire.

Je vois qu’il faut que ce point soit établi avec une limpidité absolue;

qu’il faut qu’à l’évidence aucune influence extérieure n’ait imposée à la pensée la notion qu’elle est limitée.

Alors parce que rien n’à été imposé, il n’y a pas de conflit;

la pensée saisit, tout simplement, qu’elle est limitée;

elle sait que tout ce qu’elle fait

qu’il sagisse d’adorer dieu et ainsi de suite

est limité, mièvre, mesquin

même si elle a parsemé l’europe de merveilleuses cathédrales destinées au culte de dieu.

J.Krisnamurti (extrait d’une discussion qui eut lieu lors du Brockood Park Gathering, le 30 août 1977)

un dialogue avec soi-même (6)

J’en viens donc à me demander: pourquoi la pensée fait-elle cela?

Est-il dans sa nature de travailler pour elle-même?

Est-il dans sa nature de créer l’isolement?

L’éducation provoque l’isolement; elle nous prépare à une certaine carrière, à une certaine spécialisation et, partant, à l’solement.

La pensée, étant fragmentaire, étant limitée et temporelle, crée cet isolement.

Dans cette limitation elle a trouvé la sécurité, en disant: j’ai une profession; je suis un enseignant; donc je jouis d’une sécurité absolue.

Cela étant, ma préoccupation est la suivante: pourquoi la pensée fait-elle cela?

Est-elle amenée à le faire de par sa nature même?

Tout ce que la pensée fait ne peut qu’être limité.

Dés lors voici le problème qui se pose:

la pensée peut-elle se rendre compte que tout ce qu’elle fait est limité, fragmenté et, en conséquences, source d’isolement, et que tout ce qu’elle fera le sera aussi?

C’est là un point très important: la pensée elle-même peut-elle se rendre compte de ses propres limitations?

Ou est-ce moi qui lui dis qu’elle est limité?

Cela, j’en ai conscience, il est très important de le comprendre:

C’est cela l’essence même de ma question.

Si la pensée elle-même réalise qu’elle est limitée, alors il n’y a pas de résistance, pas de conflit; elle constate je suis comme cela.

Si, par-contre, c’est moi qui lui dis qu’elle est limitée, alors je deviens distinct de la limitation; et je lutte pour la surmonter,ce qui est source de conflit et de violence et non d’amour.

J.Krishnamurti (extrait d’une discussion qui eut lieu lors du Brockwood Park Gathering, le 30 août 1977)