Jacques Brel, Vivre debout

Le 9 octobre 1978, j’avais 17 ans et je passais la dernière année de mes courtes études au lycée de Mirepoix dans l’ariège. C’est un de mes frères qui est venu m’annoncer la nouvelle : -t’es au courant Claude, Jacques Brel est mort ! non, je n’étais pas au courant, depuis l’automne 77 où l’on avait entendu la voix de Brel, vieillie, rocailleuse, hurler : mourir cela n’est rien, mais vieillir, oh vieillir, il courait nombre de rumeurs sur l’état de santé de l’artiste.

Ce fût ma première mort, avant les autres, la première qui me laissait avec des larmes inutiles et le sentiment d’injustice que l’on ressent à ces moments là.

Tellement de « salauds » étaient bien vivants !

Des gens peuvent trouver puéril de considérer un artiste comme un membre de sa famille, un membre de son clan, j’écoutais Brel dés l’âge de 10 ou 11 ans et j’avais acheté tous ses disques avec mes petits sous d’enfants ; je rêvais de le rencontrer un jour…

Cet homme aura marqué ma vie au point de la changer ; si je souffrais beaucoup d’être, je ne savais pas bien comment le manifester. J’écrivais des tonnes de pages en écoutant : Ces gens là, L’ivrogne, Le Diable (ça va), Mon enfance, Les marquises, voir un ami pleurer, Orly, Au suivant, Quand on a que l’amour, etc.

C’est à l’heure de la mort de Brel que ma décision fût prise, je partirais. J’aurai le courage de tout laisser derrière moi et d’aller sur des chemins inconnus.

On à tout dit sur cet immense artiste Belge et l’on dira beaucoup encore. Pour moi, il était l’expression vivante du courage, de l’authenticité coûte que coûte, pas de concession, pas de faux semblants. Seulement la nécessité de vivre dans l’absolu, de vivre debout !

D’une certaine manière Jacques Brel fût celui qui m’a enseigné comment « bien vivre ».

Vous trouverez sur ce blog, des textes de chansons, des passages de ses films, des mots…

Comme par exemple : « pour moi un artiste, c’est quelqu’un qui à mal aux autres » ou bien : « La Belgique mérite mieux qu’une querelle linguistique »

Il nous manque sa voix, ses mains qui ne savent pas bien comment se placer, son courage, son coeur d’enfant, ses incertitudes, sa vraie humilité, son rire à dérider le désert… Cette vraie noblesse si rare.

 

Dalida, Il pleut sur Bruxelles.