« QUE RESTE-T-IL DES HUICHOLS ? »

« Le Mexique est une terre de rêves. Je veux dire, une terre faite d’une vérité différente, d’une réalité différente. Pays de lumière extrême, pays de violence, où les passions essentielles sont plus visibles et où la marque de l’antique histoire de l’homme est plus sensible ; tout comme dans certains pays fabuleux, la Perse, l’Egypte, la Chine. Pourquoi ce rêve? Qu’est-ce qui fait du Mexique un des lieux privilégiés du mystère, de la légende, un lieu où le moment même de la création paraît encore proche alors que déjà s’annonce, inexplicablement, l’autre moment suprême, celui de la destruction du monde ?

Est-ce la nature même du pays, terre de volcans, de déserts, de hauts plateaux si proches du ciel et du soleil, terre de jungles exubérantes, de plaines arides, de précipices, de canyons et de vallées profondes? La virginité de la nature dans ce Nouveau Monde – par opposition à l’antiquité des terres d’Europe, formées par l’homme, soumises à son usage jusqu’à la stérilité parfois – voilà sans doute le principe même de ce rêve : pendant la période romantique, dans l’œuvre de Chateaubriand notamment, cette nature vierge est le thème central du rêve : dans le Nouveau Monde où l’homme est en harmonie avec la nature, tout est possible; tout semble plus beau, plus vrai.

L’homme aussi a donné naissance à un rêve; l’homme des sociétés indigènes des hautes terres. Un rêve où le sauvage nomade, le héros des romans de Fenimore Cooper ou de Chateaubriand, est opposé à l’Aztèque et à l’Inca, serviteurs de leurs dieux solaires, constructeurs de prodigieux monuments, héros légendaires des peuples sacrifiés par l’Espagnol à sa fièvre de l’or puis abandonnés à l’esclavage et au désespoir. Image romantique aussi, qui a fasciné des générations de lecteurs de romans et de récits de voyages au siècle dernier.

JMG. LE CLEZIO LE REVE MEXICAIN .FOLIO.

Dans la SIERRA MADRE occidentale du Mexique, une ethnie indienne d’environ 44000 personnes lutte pour préserver ses terres et sa culture : LES HUICHOLS

Les indiens Huichols, l’une des 57 ethnies indigènes actuelles du Mexique, se nomment eux-mêmes Wirrárika

(Wirraritari au pluriel) ce qui signifie « devins », « guérisseurs » ou « initiés », ils vivent dans un territoire de 4000 hectares, au croisement de plusieurs régions mexicaines.

Ils se répartissent principalement entre les Etats de Jalisco et de Nayarit, avec des groupes minoritaires dans les états de Zacatecas et de Durango. Les espagnols n’ont pénétré et ne les ont rencontrés dans la Sierra Madre que vers 1772 et leur origine reste confuse. Pour les uns, ils viendraient de la côte pacifique, au même titre que les Aztèques, les Tépehuanes, les Coras, et les Tarahumaras, confirmant ainsi leur appartenance au groupe Uto-Aztèque. Pour les autres, ils seraient originaires des plateaux semi-désertique de San Louis de Potosi. Ce qui est sûr, c’est qu’il y a eu combinaison de plusieurs cultures : précolombiennes, celles des civilisations de la côte, et celles des tribus Chichimèques venant du Nord.

Protégés par l’accès difficile de la sierra Ils y ont maintenu une vie indépendante des grands empires puis des Espagnols jusqu’au XVIIIème siècle.

Le peuple Huichol ne semblait pas préoccupé par l’évolution technique du monde actuel. Il utilise d’ailleurs encore la houe en bois, traditionnelle, pour cultiver ses parcelles de maïs, et garde toujours ses animaux ancestraux : les chiens et les abeilles. Depuis le XXe siècle, les Huichols ont néanmoins subi la pression de la société occidentale qui a apporté ses routes, écoles, centre de soins ; des maisons en parpain remplacent progressivement les maisonnettes d’une pièce (ranchos) construites en pierre, boue et paille et regroupées autour d’une cour. La culture matérielle du reste du pays a ainsi peu à peu modifié la vie traditionnelle. Par exemple, les animaux qu’ils élèvent sont tous d’origine coloniale, de même que des ingrédients, comme le café, le sucre. l’électricité a parfois fait son apparition dans des villages s’y ajoutent aussi les outils mécaniques, les ustensiles de cuisine, les arbres fruitiers, l’argent mais aussi les ravages de l’alcool. (Piège traditionnel des indiens parce que porteur de visions.)

Source: REGARD ELOIGNE

Amitiés: Claude Sarfati

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