Chapitre III. Ciel et Terre

Le Ciel couvre, la Terre supporte ‘ formule traditionnelle chinoise.

Le nombre de dix mille est pris dans le Taoïsme pour signifier tout l’ensemble de la manifestation universelle.

Au sujet du Ciel qui couvre, il existe un symbolisme identique inclus dans le mot grec Ouranos, équivalent du sanscrit Varuna, de la racine var (couvrir), et aussi dans le latin Caelum, dérivé de caelare (cacher ou couvrir).

Le Ciel s’assimile à la perfection active (Khien) et la Terre s’assimile à la perfection passive (Khouen). Mais aucun n’atteint la perfection au sens absolu. Le Ciel et la Terre sont respectivement principe masculin et principe féminin.

Dans un complémentarisme comme celui-ci, le terme actif est envisagé comme une ligne verticale et le terme passif comme une ligne horizontale.

Au même symbolisme correspondent les deux lettres alif et ba de l’alphabet arabe.

La marche descendente du cycle de la manifestation allant de son pôle supérieur qui est le Ciel à son pôle inférieur qui est la Terre, peut être considérée comme partant de la forme la moins «spécifiée» de toutes, qui est la sphère, pour aboutir à celle qui est au contraire la plus «arrêtée», qui est le cube.

Le Ciel présente au Cosmos une face ventrale, intérieure, et la Terre qui les supporte présente une face dorsale, donc extérieure.

Tien-hia (sous le Ciel) est employé en chinois pour désigner l’ensemble du Cosmos. L’«intériorité» appartient au Ciel et l’«extériorité» appartient à la Terre.

René Guénon, La grande triade (extraits)