Chapitre XXVI. La Voie du Milieu

La Voie du Milieu est représentée par un axe vertical envisagé dans le sens ascendant ‘ du point de vue d’un être qui, placé au centre de l’état humain, tend à s’élever de là aux états supérieurs.

Lorsque cet être s’identifie à l’axe, pour lui le pôle terrestre ne fait plus qu’un avec le pôle céleste. Cet être finit par résorber l’axe en un point: ce point est le centre qui contient en lui-même toutes les possibilités, non plus seulement d’un êtat particulier, mais de la totalité de états manifestés et non-manifestés. (p. 209-210)

Le centre de l’être total est le Saint Palais de la Kabbale hébraïque.

Dans la Voie du Milieu il n’y a ni droite ni gauche, ni avant ni arrière, ni haut ni bas. Dès que l’être est parvenu au centre de son état de manifestation, il est au-delà de toutes les oppositions contingentes qui résultent des vicissitudes du yin et du yang. La succession temporelle s’est transformée elle-aussi en simultanéité au point central.

C’est pourquoi, suivant la parole de Lao-tseu, la voie qui est une voie (pouvant être parcourue) n’est pas la Voie (absolue), car, pour l’être qui s’est établi effectivement au centre total et universel, c’est ce point unique lui-même, et lui seul, qui est véritablement la «Voie» hors de laquelle il n’est rien. (p. 212)

René Guénon, La grande triade (extraits)

Chapitre XXV. La cité des saules

Le symbolisme de Tien-ti-houei a un caractère primordial.

Dabs l’initiation à la Tien-ti-houei, le néophyte, après être passé par différentes étapes préliminaires, dont la dernière est désignée comme le «Cercle du Ciel et de la Terre» (Tien-ti-kiuen), arrive finalement à la «Cité des Saules» (Mou-yang-tcheng), qui est aussi appelée la «Maison de la Grande Paix» (Tai-ping-chouang).

Le saule est, en Chine, symbole d’immortalité. Il équivaut à l’acacia dans la Maçonnerie ou au rameau d’or dans les mystères antiques.

…celui qui y est parvenu échappe par là même au mouvement de la «roue cosmique» et aux vicissitudes du yin et du yang, donc à l’alternance des vies et des morts qui en est la conséquence, de sorte qu’il peut être dit véritablement «immortel»; et, suivant la seconde signification, il y a là une allusion assez explicite à la situation «extra-cosmique» du «faîte du Ciel».“ (p. 203)

La Grande Ourse (sapta-riksha) est regardée symboliquement comme la demeure des sept Rishis, ce qui en fait bien un équivalent du «séjour des Immortels».

Ton arton ton epiousion (du texte grec de Pater) ne signifie nullement ‘le pain quotidien“, comme on a l’habitude de la traduire, mais bien littéralement «le pain supraessentiel», ou «supracéleste» si l’on entend le Ciel au sens extrême-oriental, c’est-à-dire procédant du Principe même et donnant par conséquent à l’homme le moyen de se mettre en communication avec celui-ci.

Récapitulation de toute la Maçonnerie ou description et explication de l’Hiéroglyphe universel du Maître des Maîtres, ouvrage anonyme attribué à Delaulnaye.

La lettre hébraïque iod, première du Tétragramme, représente le Principe, de sorte qu’elle est regardée comme constituant à elle-seule un homme divin. Sa valeur numérique est 10. La lettre I de l’alphabet latin est aussi un symbole de l’Unité.

qu’il s’agisse du iod hébraïque ou du i chinois, ce «premier nom de Dieu», qui était aussi, selon toute vraisemblance, son nom secret chez les Fedeli d’Amore, n’est pas autre chose, en définitive, que l’expression même de l’Unité principielle.“ (p. 208)

René Guénon,  »La grande triade » (extraits)