Chapitre XXI. Providence, Volonté, Destin

Au ternaire Deus, Homo, Natura, correspond rigoureusement celui formé par Providence, Volonté, Destin.

Fabre d’Olivet, Histoire philosophique du Genre humain (publié d’abord sous le titre De l’Etat social de l’Homme).

Fabre d’Olivet:__ »Que l’Homme universel soit une puissance, c’est ce qui est constaté par tous les codes sacrés des nations, c’est ce qui est senti par tous les sages, c’est ce qui est même avoué par les vrais savants… Les deux autres puissances, au milieu desquelles il se trouve placé, sont le Destin et la Providence. Au-dessous de lui est le Destin, nature nécessitée et naturée; au-dessus de lui est la Providence, nature libre et naturante. Il est, lui, comme règne hominal, la Volonté médiatrice, efficiente, placée entre ces deux natures pour leur servir de lien, de moyen de communication, et réunir deux actions, deux mouvements qui seraient incompatibles sans lui. »__

Providence ‘ Natura naturans / Ciel / yang

Destin ‘ Natura naturata / Terre / yin

Fabre d’Olivet: __ »Ces trois puissances, la Providence, l’Homme considéré comme règne hominal, et le Destin, constituent le ternaire universel. Rien n’échappe à leur action, tout leur est soumis dans l’Univers, tout, excepté Dieu lui-même qui, les enveloppant de son insondable unité, forme avec elles cette tétrade des anciens, cet immense quaternaire, qui est tout dans tous, et hors duquel il n’est rien. »__

La Volonté humaine est l’élément intérieur et central qui unifie et enveloppe les trois sphères intellectuelle, animique et instinctive (esprit, âme et corps).

La Volonté chez F. d’Olivet est l’image du Principe même dans l’homme. La Volonte doit être rapprochée de Soufre (sinon on risque de faire une malheureuse confusion avec une catégorie psychologique).

La Volonté humaine, en s’unissant à la Providence et en collaborant consciemment avec elle, peut faire équilibre au Destin et arriver à le neutraliser (Sapiens dominabitur astris).

L’homme choisit entre la Providence (unité, tendance ascendante ‘ sattwa) et Destin (multiplicité, tendance descendante ‘ tamas).

La relation pythagoricienne: 32 + 42 = 52 La Providence est représentée par 3, la Volonté humaine par 4, le Destin par 5. 3 est nombre céléste, 5 ‘ nombre terrestre.

René Guénon, La grande triade (extraits)

Chapitre XII. Le Soufre, le Mercure et le Sel

 

Le ternaire alchimique: Soufre, Mercure et Sel.

Le complémentarisme des deux premiers termes et beaucoup plus accentué que celui d’entre l’esprit et l’âme. Le Souffre est envisagé comme principe actif masculin, pendant que le Mercure comme principe passif féminin. Le Sel est en quelque sorte neutre.

Le Souffre, assimilé au principe igné, est le principe d’activité intérieure, irradiant à partir du centre même de l’être. Cette force est identifiée dans l’homme à la puissance de la volonté divine. Le mot grec theion, désignation du Soufre, signifie en même temps «divin».

…tout ce qu’envisage la psychologie est simplement «périphérique» et ne se rapporte en somme qu’à des modifications superficielles de l’être.“ (p. 103)

Le Mercure, à cause de sa passivité, est un principe humide. Parmi ses désignations alchimique est aussi celle de humide radical. Il est considéré comme agissant de l’extérieur en tant que force centripète et compressive. Il s’oppose à l’action centrifuge et expansive du Soufre.

Le Soufre est yang et le Mercure est yin.

De l’action intérieure du Soufre et de l’action extérieure du Mercure se produit une cristallisation. Le produit de cette cristallisation est le Sel. C’est la ‘pierre cubique“ du symbolisme maçonnique. Il existe un rapport évident entre le Soufre et l’esprit et entre le Mercure et l’âme.

On ne peut pas identifier sans réserves le Sel au corps, celui-ci correspond au Sel sous un certain aspect ou dans une application particulière du ternaire alchimique.

Dans une autre application, c’est l’individualité tout entière qui correspond au Sel, dans ce cas le Soufre est le principe de l’être et le Mercure est l’ambiance subtile d’un certain monde ou état d’existence.

Pour reprendre un symbolisme que nous avons déjà employé précédemment, le Soufre est comparable au rayon lumineux et le Mercure à son plan de réflexion, et le Sel est le produit de la rencontre du premier avec le second;…“ (p. 108)

René Guénon,  »La grande triade » (extraits)