Le SOI selon Ramana Maharchi (3)

Si nous considérons Le SOI comme étant l’ego, nous devenons l’ego;

si nous le considérons comme étant le Mental, nous devenons le mental

et si nous le considérons comme étant le corps, nous devenons le corps.

C’est la pensée qui construit des enveloppes de tant de façons différentes.

L’ombre sur l’eau tremble. Quelqu’un peut-il arrêter le tremblement de l’ombre?

Si elle s’arrêtait de trembler, on ne discernerait plus l’eau mais seulement la lumière.

De même, ne tenez pas compte de l’ego et de ses activités et voyez uniquement la lumière derrière lui.

L’ego est la pensée je.

Le vrai je est Le SOI.

Amitiés: Claude Sarfati

Le SOI selon Ramana Maharchi (2)

Tout homme sait : je et ce monde existent.

Lorsque l’on pousse la recherche plus loin en s’interrogeant : existent-ils en tout temps?

et s’ils sont vraiment réels, ne doivent-ils pas être dissociés du temps, de l’espace et de la différenciation?

Mais en est-il vraiment ainsi ?

il devient alors évident que le je et le monde ne sont perçus qu’à l’état de veille et de rêve, mais pas en sommeil profond.

Par conséquent le je et le monde apparaissent à certains moments et disparaissent à d’autres. Ils sont créés, ont leur existence, puis disparaissent.

Mais d’où viennent-ils? Où se maintiennent-ils? Où vont-ils quand ils disparaissent?

De tels phénomènes peuvent-ils être considérés comme réels?

En outre, je et le monde, créés, préservés puis détruits sont perçus dans les états de veille et de rêve, mais pas en sommeil profond.

En quoi ce dernier état diffère-t-il des deux autres?

En sommeil profond, les pensées sont absentes, tandis que dans les deux autres états elles existent.

Nous pouvons donc en conclure que les pensées sont à l’origine du je et du monde.

Amitiés: Claude Sarfati

Le SOI selon Ramana Maharchi (1)

LE SOI est seulement être et non pas être ceci ou cela.

« Je suis » est le nom de Dieu.

L’être absolu est ce qui est, c’est LE SOI.

 En connaissant LE SOI, on connaît Dieu » LE SOI est toujours là, il est vous-même. Il n’existe rien d’autre que vous-même.

LE SOI serait simplement être inconditionnellement, indépendamment de tout attribut et de toute raison.

 Il ne naît ni ne meurt.

En plusieurs endroits, Ramana Maharshi dit aussi que le SOI est Félicité.

Amitiés: Claude Sarfati

L’enseignement de Ramana Maharchi

De cette extraordinaire floraison de grands sages hindous qui apparurent vers le premier quart de notre siècle et dont l’enseignement se répand aujourd’hui de part le monde, le plus traditionnel est sans contredi Ramana Maharshi (1879-1950).

Après de longues années d’un rigoureux ascétisme solitaire, il était parvenu sur le plan de conscience de l’unité.

Pour lui, l’identité, dans un éternel présent, entre le moi et le non-moi, entre le Divin supracosmique et le divin dans le coeur de l’homme, était une vérité constante.

Dans sa bonté envers tous ceux qui l’approchaient- et en qui il ne voyait que le Soi qui était aussi en lui, identique-

Il conseillait la recherche inlassable de cette vérité, en ramenant tous les problèmes et toutes les alternatives à la question fondamentale: Qui suis-je?

Le Maharshi n’écrivait presque jamais, mais de pieux disciples ont parfois recueilli ses entretiens.

Pierre Faucheux.

L’enseignement de Ramana Maharshi, préface de Jean Herbert, 1972 Albin Michel

Michel Piccoli, par-delà le bien et le mâle (Hommage)

Biographie de Michel Piccoli

Michel Piccoli est né en 1925 à Paris. Acteur fétiche de Claude Sautet, il a tourné avec les plus grands, de Jean Renoir à Agnès Varda en passant par Alfred Hitchcock et Costa-Gavras. Il est décédé à l’âge de 94 ans. A l’âge de dix ans, lors d’un spectacle d’école, il sait que le théâtre sera sa vocation. Neuf années plus tard, il suivra entre autres les cours de René Simon et débutera sa carrière sur scène avec la compagnie Renaud-Barrault ainsi qu’au Théâtre de Babylone. Au cinéma, Michel Piccoli se fait connaître dans « Le Doulos » de Jean-Pierre Melville en 1962 et l’année suivante son rôle aux côtés de Brigitte Bardot dans « Le Mépris » de Jean-Luc Godard lui assure la célébrité et l’impose dans un emploi de séducteur. Tournant avec les plus grands réalisateurs français ou européens, Michel Piccoli aime à rester fidèle à certains d’entre eux comme Luis Buñuel (dans « Le journal d’une femme de chambre » en 1964 ou « Belle de jour » en 1967) ou Claude Sautet dans « Les Choses de la vie » (1970) ou encore Marco Ferreri (dans « La grande bouffe » en 1973). En 2015, il publie son autobiographie J’ai vécu dans mes rêves (Ed. Grasset). Il meurt le 12 mai 2020.

Le « dernier géant », un « monstre sacré » : les qualificatifs qui entourent la mort de Michel Piccoli ne lui rendent pas vraiment hommage. Ils tiennent du « prêt-à-porter » pour les grands hommes, du registre masculin stéréotypé. Or Piccoli c’est précisément l’homme qui a dynamité ces images.

Un espace de projection entre les genres Bien sûr devant un tel parcours, devant cet acteur qui contient presque l’histoire du cinéma et du festival de Cannes à lui tout seul, il fallait trouver quelque chose qui taille grand. Personne à part lui n’a porté autant chefs d’œuvres. Chez Luis Buñuel, Jean-Luc Godard, Jean Renoir, René Clair, Alain Resnais, Agnès Varda, Jacques Demy, Claude Sautet, Claude Chabrol, Louis Malle, Jacques Doillon, Jacques Rivette, Costa-Gavras, Marco Ferreri, Raoul Ruiz, Leo Carax, Nanni Moretti, Manoël de Oliveira, Otar Iosseliani et j’en passe… Sans oublier le théâtre de Patrice Chéreau à Luc Bondy, de Claude Régy à Peter Brook ou Bob Wilson

Mais cette carrière aussi vertigineuse soit-elle n’est ni celle d’un géant ni celle d’un monstre, c’est celle d’un homme qui a offert la plus incroyable des interfaces. Le plus large spectre de reconnaissance qui soit. Par-delà le « male gaze », ce fameux regard masculin, Piccoli a inventé un espace de projection entre les genres. Voilà ma théorie.

Le mâle-entendu

Bien sûr les infinies nuances de virilité qu’il a incarné à l’écran mettent d’abord sur la piste de ce mâle-entendu, mais comme le disait Catherine Deneuve sa partenaire dans « Belle de jour » : c’est un homme tellement homme que devant la caméra de Luis Buñuel il lui a abandonné sa part féminine. Il y a en effet une grande féminité et une grande masculinité chez Piccoli, ce qui est tout simplement caractéristique de l’âme humaine, dont il nous a laissé contempler en lui les infinies profondeurs. « Nous sommes des loueurs de miroirs que nous offrons au public afin que ce dernier se contemple » rappelait-il pour définir le métier d’acteur. 

En nuisette noire, renversé dans un lit en plein crise d’aérophagie, tandis que ses camarades lui donnent la becquée, il est dans « La grande bouffe » de Marco Ferreri, l’homme, la femme et l’enfant. Michel Piccoli était d’un temps « où les messieurs qui n’en avaient pas fini avec leur enfance donnaient le change » a esquissé l’auteur de bandes dessinées Blutch dans son très cinéphile « Pour en finir avec le cinéma ».

Mais c’est plus que cela. Toujours à la jonction des regards, Piccoli est aussi l’homme qui regarde la femme qui regarde l’homme, et ce en même temps, à la même seconde. Que ce soit dans « Le Mépris » de Godard avec Brigitte Bardot (en haut de la villa Malaparte comme dans la salle de bain), ou bien encore dans « Les choses de la vie » de Claude Sautet avec Romy Schneider. 

Une femme de dos, les épaules nues tape à la machine, un homme dans un peigneur pelé, d’un orange disgracieux, l’observe silencieusement en fumant une cigarette. Dans ces yeux : une curiosité bienveillante qui oscille entre la contemplation admirative et le désir… Elle se retourne « qu’est-ce que tu fais ?-  je te regarde ». Et dans ce regard qui regarde tout le monde peut se reconnaître.

Mathilde Serrell 

Bon dimanche,

amitiés,

Claude Sarfati