Faites de la musique

 

21 Juin, premier jour de l’été sur notre calendrier.

Fête des chants et des danses depuis la Chine la plus ancienne;

Le Yi King est plein de ces sons venus des traditions liées au culte des ancêtres.

Le Yi King est un livre bien vivant!

Il s’agit d’un candidat à un radio-crochet style Star’Ac en Angleterre; Totalement inconnu jusqu’à cette prestation en décembre 2007.

Son nom devenu célébre depuis est: Paul Potts.

Il chante Nessun Dorma tiré de l’opéra Turandot de Giacomo puccini

Amitiés: Claude Sarfati

Le temps de vivre

Georges Moustaki

est né « Giuseppe Mustacchi », de parents grecs, à Alexandrie (Egypte) le 3 mai 1934.
Instrumentiste, auteur-compositeur-interprète, poète,
ses œuvres seront souvent chantées par les plus grands : Piaf, Reggiani, Barbara, Dalida, Montand, Salvador entre autres…
Georges Moustaki se révèle comme interprète en 1969 avec « Le Métèque ».
Il compose pour le cinéma, aime également écrire, dessiner et peindre.
Il parcourt la France et la planète (parfois à bord de sa moto) pour rencontrer ses amis, en découvrir de nouveaux et chanter partout sa révolution permanente.

Un homme simple, naturel, vif et amusant, piquant parfois…
Barbara dit un jour : »Moustaki, c’est ma tendresse ».
Un mot qui lui va à ravir
.

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Le temps de vivre

Nous prendrons le temps de vivre,

D’être libres, mon amour.

Sans projets et sans habitudes,

Nous pourrons rêver notre vie.

 Refrain

Viens, je suis là, je n’attends que toi.

Tout est possible, tout est permis.

 Viens, écoute, les mots qui vibrent

Sur les murs du mois de mai.

Ils te disent la certitude

Que tout peut changer un jour.

 Nous prendrons le temps de vivre,

D’être libres, mon amour.

Sans projets et sans habitudes,

Nous pourrons rêver notre vie.

Le temps de vivre,

Georges Moustaki

Amitiés: Claude Sarfati

HISTOIRE DU MONDE

C’est principalement l’histoire des méfaits de ceux qui détiennent le pouvoir. Bien peu se sont mis au service de l’intérêt général.

Les moyens ont évolué : la force physique, puis l’armée la plus puissante, puis des moyens de propagande, les prêches, puis le conditionnement. Le but : toujours l’emprise sur l’autre, son asservissement.

La démocratie, les régimes parlementaires ont remplacé progressivement les régimes autoritaires au fur et à mesure que le corps puis le comportement puis l’esprit devenaient l’enjeu. Quand on possède l’esprit, on dirige les comportements et, bien sûr, le corps.

Mais le désir du chef de guerre d’autrefois et le désir du détenteur du pouvoir politique ou économique sont les mêmes. Pouvoir sur les autres hommes.

Aujourd’hui la valeur en vogue est : la société. Voir les mots récurrents : s’engager, socialiser, générosité, culture, tolérance, communautés, citoyenneté, idéologies politiques, participation, les autres etc etc. Quant à l’éducation des enfants, on dirait qu’elle ne consiste plus qu’à en faire des «citoyens». Ca nous ramène presque 220 ans en arrière. Tout cela, c’est la pensée de l’engagement, de la socialisation, de la générosité etc. C’est le triomphe d’une certaine pensée. Penser des pensées. Nombre croissant de discours qui passent dans les esprits qui produisent, à leur tour, des discours.

On dirait qu’il est devenu inacceptable de ne pas avoir d’opinions, de connaissances sur à peu près tout. Et de ne pas les mettre en pratique. C’est ainsi que l’on conditionne l’individu : en l’arrimant à des pensées de plus en plus nombreuses, impérieuses, sur la société. C’est ainsi qu’on en fait un pauvre et simple sujet d’une certaine pensée de la société.

On parle d’individualisme pour regretter le phénomène. Toutes les valeurs sont de nature sociétale.

Il y a d’ailleurs une continuité entre les discours politiques ou sociétaux et les discours consuméristes ou «people». C’est toujours participer au mouvement général, être «socialisé». C’est bien. Ils peuvent toujours s’indigner, les moralistes de tous poils, c’est la même tendance.

La solitude est plainte ou suspectée. En fait, c’est l’indépendance qui inquiète. «Groupir» comme on disait dans un film comique.

La pensée seule compte, le penseur, ou plutôt la conscience de cette pensée est oubliée. Mais est-ce bien notre désir, notre envie, notre joie de donner un sens à tout, au monde ?

Au fond, n’est-ce pas plutôt un réflexe conditionné, un conformisme, une mode, une compétition générale dans laquelle nous sommes emportés ? La tranquillité, la sérénité, la présence à soi nous portent-elles spontanément à donner du sens à tout et à chercher les autres pour leur distribuer nos bienfaits ou nos vérités ? Non, car c’est toujours l’application d’un système.

En fait, le sens n’est jamais qu’une histoire que l’on se raconte et dans laquelle on essaie trop souvent d’entraîner les autres. Toutes les histoires sont légitimes si elles ne nuisent à personne. Et toutes ressortissent à notre destin personnel. Mais aucune n’est la vérité. Il faut sans doute préférer celles qui sont bonnes pour le plus grand nombre d’hommes possible.

En fait, on peut considérer que l’histoire est l’enjeu crucial, vital, ou on peut considérer que l’histoire, toutes ces pensées, sont accessoires. N’êtes-vous pas aujourd’hui conscient que tout ce qu’on vous a raconté sur la vie, sur vous-même, depuis que vous êtes né, est un tissu de partis-pris, d’opinions problématiques et fatiguant ? Faut-il en rajouter ? Si vous enlevez toutes les « connaissances », idées qui ne fonctionnent pas, qui ne se vérifient pas, que reste-t-il ? « Découvrir une grande vérité, c’est poser la fondation d’une nouvelle grande illusion de l’esprit»

« Il observe le jeu de la pensée, il apprend peu à peu à reconnaître la nature autonome et automatique de la fonction mentale. La pensée lui apparaît alors comme la salive, la sueur, l’urine, les excréments, une sécrétion spéciale du corps, une sécrétion de l’esprit à laquelle la position d’où il l’observe lui montre qu’ils ne peut absolument s’identifier»

NAN-SHAN , Au Sud des nuages – Ed. Les Deux Océans

L’envers

Le lendemain, réveil vers 6h. Je me suis rendu à la cuisine où se trouvaient déjà la Doña et Graciela.

-Bonjour !

-Bonjour, tu veux un café et des tortillas avec des oeufs ?

-Bien

Pendant que je prenais mon petit-déjeuner, la Doña vint me proposer de l’accompagner dans un camp de réfugiés du Guatemala dont elle s’occupait, j’acceptais.

L’homme blanc arriva à son tour en me demandant :

– Tu vas accompagner La Doña aux camps de réfugiés?

-Oui

-Fais attention à toi.

-Pourquoi ?

-Tu ne sais rien d’ici.

-ça fait longtemps que tu es là ?

-Je viens depuis pas mal d’années, je connais bien la Doña.

Nous avons marchés plus de trois heures dans la forêt avant d’arriver au camp de réfugiés.

C’était un oasis de misère dans une forêt tropicale. Quelques plaques ondulées en fer accrochées avec des cordes pour faire des toits ; des sacs poubelle déchirés pour faire des murs. La Doña endimanchée traversait le camp au bras du chef de village, un instituteur.

Les enfants se pressaient autour de nous, ils étaient sales,le ventre gonflé de parasites, habillés de guenilles, leurs yeux m’observaient en suppliant.

Le chef du village était le seul à parler le Mexicain, il m’expliqua leur exode depuis le Guatemala.

Les blancs avaient saisis leur terre, puis ils envoyèrent l’armée pour faire la sale besogne, déposséder les Indiens de leurs biens et menacer leurs vies.

Les vieux, les malades, étaient mort en chemin ; ils avaient mis des semaines pour traverser la forêt et chercher asile au Mexique, poursuivis par les militaires.

J’avais 23 ans, je me sentais parfaitement inutile, voyeur, à cet endroit. J’ai donné tout ce que je pouvais tee-shirt, cigarettes, etc.

Au retour, je n’ai pas dit un mot jusqu’à notre arrivée au ranch.

Après le repas, nous sommes restés pour discuter dans la cuisine autour du feu.

Le blanc que Chela (diminutif de Graciela) appelait El Monsieur était avec nous.

J’ai promis à la Doña de revenir, de collecter de l’argent, des médicaments, des vêtements, et de l’aider personnellement dans sa noble mission.

-tu es pris ! me dit El Monsieur d’un air méprisant.

-Ecoutes tes yeux, ouvres tes oreilles, qui es-tu ?

Je ne comprenais rien à son discours, perdu dans mes émotions.

Je ne songeais qu’aux regards suppliants croisés ce jour et à jamais dans mon coeur.

L’endroit

Au Mexique, c’est en autobus que l’on se déplace et on mesure les distances en nombre d’heures de bus.

-Tu vas où ?

-A la frontière, tout prés de Guatemala.

-ça fait loin ?

-6 heures de bus, plus ou moins (le temps n’est jamais exact dans ce pays).

Je me suis donc rendu dans cet endroit, non pas pour y voir quelque-chose en particulier mais pour m’éloigner de la civilisation, retrouver la nature au plus près.

Le basculement à commencé dans le bus de troisième classe, au milieu des paysans du coin qui transportaient avec eux leurs animaux de ferme, des poules, des dindons, des porcelets, etc.

Ce basculement, je le connaissait bien, il me prenait depuis ma plus tendre enfance, la nuit, le jour, à n’importe quel moment…Toujours imprévisible.

Rien, ne change vraiment, c’est juste une sensation, une perception différente du temps et de l’espace. Tout semble plus proche, à portée de lèvres…

Je ne laissais rien paraître, j’ai juste baissé mon chapeau sur mes yeux en me laissant bercé dans cet envahissement de sensations étranges.

Nous sommes arrivés à destination vers 19h, le vieux bus c’est arrêté dans un bruit assourdissant, le chauffeur c’est tourné vers moi en criant :

-Tu es arrivé muchacho !

-Gracias, muchas gracias, que les vaya bonito.

Le bus c’est éloigné dans la nuit obscure, le silence, un vrai silence…

Puis des milliers de sons différents, insectes, animaux qui peuplent la forêt Lacandona.

Toujours en état second je restais au bord de la route, un frémissement venu de la forêt traversa tout mon corps avec une évidence qui me vint à l’esprit.

C’est ici que je vais mourir.

J’ai traversé la route pour me rendre dans la seule pension du coin, un Ranch tenu par une vieille dame.

Il était déjà très tard dans cette partie du monde, 19h. Pas d’électricité, juste quelques mots échangés dans la cuisine du Rancho en buvant le café local, la vieille dame était gentille et s’occupait de venir en aide aux Indiens persécutés du Guatemala, une sainte disait Graciela sa « criada » (employée de maison).

J’écoutais mais ne disais rien, trop absorbé dans cette ambiance qui m’envahissait.

Un homme est entré, un blanc avec un beau chapeau, il parlait parfaitement le Mexicain mais ne paraissait pas l’être.

-Tu viens d’où? me demanda t’il en Mexicain.

-De Puerto-Vallarta, Jalisco.

-Hijos ! Putain d’endroit sans coeur !

-C’est vrai, tu as raison.

-Bon, c’est l’heure pour fermer les yeux , laissons la place libre aux sorcières et autres fantômes !

Tout le monde se mit en rire,

-oui allons dormir !

Je regagnais ma chambre en bois, le matelas trempé d’humidité. Allongé, je songeais à sortir mon journal de mon sac à dos pour écrire quelques mots. Le sommeil me prit trop vite, j’étais arrivé, j’en avais la certitude, où? peu importe !


 

Claude Sarfati