Chapitre XXIV. Le Triratna

Triratna hindou (le triple joyau) ‘ Buddha, Dharma, Sangha.

Sangha (hindou) ‘ assemblée (ou église ‘ selon le sens étymologique). Sangha est la communauté bouddhique, mais aussi l’Humanité même. Elle occupe une position centrale. Tout est envisagé par rapport à elle.

Les Arhats ont atteint le degré de l’ homme véritable.

Les Bodhisattwas correspond au degré de l’ homme transcendant.

Buddha est l’élément transcendant, à travers lequel se manifeste l’influence du Ciel, et qui, par suite, incarne cette influence.

Dharma est principialement la loi, mais le mot a en sanscrit des sens multiples, qui rendent une définition générale impossible. Sa racine, dhri, signifie porter, supporter, soutenir, maintenir. Il s’agit donc d’un principe de conservation, de stabilité (qui se rapport au monde substantiel). Il comprend aussi une idée de destin, de nécessité ou de contrainte. Son principal symbole est la roue.

Pratyêka-Buddha, qui est parvenu au terme de la réalisation totale, n’a aucun rapport avec le Dharma.

Buddha se situe du côté des influences célestes, tout comme Dharma est du côté des influences terrestres.

René Guénon, La grande triade (extraits)

Chapitre XVIII. L’Homme véritable et l’homme transcendant

Tchenn-jen (chinois) ‘ l’homme véritable, est celui qui a atteint la plénitude de l’état humain.

Cheun-jen (chinois) ‘ l’homme transcendant, l’homme divin, l’homme spirituel, celui a a réalisé l’Identité Suprême. Il n’est plus un homme, au sens individuel de ce mot, puisqu’il a dépassé l’humanité et est entièrement affranchi de ses conditions spécifiques.

L’homme transcendant et l’homme véritable correspondent au terme des grands mystères et à celui des petits mystères, et sont les plus hauts degrés de la hiérarchie taoïste.

Les étapes des petits mystères taoïstes:

í tao-jen (l’homme de la Voie); í tcheu-jen (l’homme doué); í cheng-jen (l’homme sage).

La hiérarchie confucianiste comprend trois degrés:

ð cheu (le lettré); ð hien (le savant); ð cheng (le sage).

Il est dit: Le cheu regarde (prend pour modèle) le hien, le hien regarde le cheng, le cheng regarde le Ciel.

Aux yeux des hommes ordinaires, l’homme transcendant et l’homme véritables ne peuvent pas être distingués.

René Guénon, La grande triade (extraits)

Chapitre XV. Entre l’équerre et le compas

Le compas et l’équerre correspondent symboliquement au cercle et au carré, c’est-à-dire aux figures géométriques qui représentent respectivement le Ciel et la Terre.

Dans le symbolisme maçonnique, le compas est normalement placé en haut et l’équerre en bas, entre les deux est figurée l’Etoile flamboyante, qui est un symbole de l’Homme.

L’Etoile à cinq branches est une figuration du microcosme. L’Etoile flamboyante est le symbole de l’homme régénéré, du Maçon. La Loge des Maîtres est appelée la Chambre du Milieu.

… la Maîtrise représente l’achèvement des «petits mystères», dont l’état de l’«homme véritable» est le terme même… (p. 129)

Le compas, symbole «céleste», donc yang ou masculin, appartient proprement à Fo-hi, et l’équerre, symbole «terrestre», donc yin ou féminin, à Niu-Koua, mais quand ils sont représentés ensemble et unis par leurs queues de serpents, c’est au contraire Fo-hi qui porte l’équerre et Niu-koua le compas.

René Guénon, La grande triade (extraits)

Chapitre X. L’Homme et les trois mondes

Lorsqu’on compare entre eux différents ternaires traditionnels, s’il est réellement possible de les faire correspondre terme à terme, il faut bien se garder d’en conclure que les termes correspondants sont nécessairement identiques, et cela même dans les cas où certains de ces termes portent des désignations similaires, car il peut très bien se faire que ces désignations soient appliquées par transposition analogique à des niveaux différents.“ (p. 88)

Tribhuvada hindou est composé de trois mondes: Terre (Bhû), Atmosphère (Bhuvas) et Ciel (Swar).

Mais Ciel et Terre hindoue ne correspondent pas à Tien et Ti chinois (ces derniers correspondent à Purusha et Prakriti hindous).

les «trois mondes» représentent l’ensemble de la manifestation elle-même, divisée en ses trois degrés fondamentaux, qui constituent respectivement le domaine de la manifestation informelle, celui de la manifestation subtile, et celui de la manifestation grossière ou corporelle.“ (p. 88)

La manifestation informelle est celle où prédominent les influences célestes; la manifestation corporelle est celle où prédominent les influences terrestres.

La manifestation subtile procède des deux états.

Il existe une analogie constitutive entre le macrocosme et le microcosme. L’homme appartient par l’esprit au domaine de la manifestation informelle, par l’âme à celui de la manifestation subtile et par le corps à celui de la manifestation grossière.

C’est d’ailleurs l’homme, et par là il faut entendre surtout l’«homme véritable» ou pleinement réalisé, qui, plus que tout autre être, est véritablement le «microcosme», et acela encore en raison de sa situation «centrale», qui en fait comme une image ou plutôt comme une «somme» (au sens latin de ce mot) de tout l’ensemble de la manifestation, sa nature, comme nous le disions précédemment, synthétisant en elle-même celle de tous les autres êtres, de sorte qu’il ne peut rien se trouver dans la manifestation qui n’ait dans l’homme sa représentation et sa correspondance.“ (p. 91)

Il existe une correlation entre les modifications de l’ordre humain et celles de l’ordre cosmique.

René Guénon, La grande triade (extraits)

Chapitre IX. Le fils du ciel et de la terre

Le Ciel est son père, la Terre est sa mère ‘ formule initiatique.

L’homme véritable est celui qui possède vraiment la plénitude de la nature humaine, ayant développé en lui l’intégralité des possibilités qui y sont impliquées; les autres hommes n’ont en somme qu’une potentialité humaine plus ou moins développée dans quelques-uns de ses aspects.

Les hommes ordinaires sont plutôt fils de la Terre que du Ciel, ils sont yin par rapport au Cosmos.

L’homme véritable est parfaitement équilibré sous le rapport du yang et du yin, e t, en même temps, la nature céleste ayant nécessairement la prééminence sur la nature terrestre, il est yang par rapport au Cosmos.

… «l’homme véritable» est aussi l’«homme primordial», c’est-à-dire que sa condition est celle qui était naturelle à l’humanité à ses origines, et dont elle s’est éloignée peu à peu, au cours de son cycle terrestre, pour en arriver jusqu’à l’état où est actuellement ce que nous avons appelé l’homme ordinaire, et qui n’est proprement que l’homme déchu.“ (p. 85)

La déchéance spirituelle attire un déséquilibre sous le rapport du yang et du yin.

Ces êtres, au contraire, l’«homme primordial», au lieu de se situer simplement parmi eux, les synthétisait tous dans son humanité pleinement réalisée; a du fait même de son «intériorité», enveloppant tout son état d’existence comme le Ciel enveloppe toute la manifestation (car c’est en réalité le centre qui contient tout), il les comprenait en quelque sorte en lui-même comme des possibilités particulières incluses dans sa propre nature; et c’est pourquoi l’Homme, comme troisième terme de la Grande Triade, représente effectivement l’ensemble de tous les être manifestés.(pp. 85-86)

La distinction entre l’«homme véritable» et l’«homme transcendant» est celle d’entre l’homme individuel parfait comme tel et l’«Homme Universel».

L’homme véritable est donc celui qui est parvenu effectivement au terme des «petits mystères», c’est-à-dire à la perfection même de l’état humain; par là, il est désormais établi définitivement dans l’«Invariable Milieu» (Tchoung-young), et il échappe dès lors aux vicissitudes de la «roue cosmique», puisque le centre ne participe pas au mouvement de la roue, mais est le point fixe et immuable autour duquel s’effectue ce mouvement.

Ainsi, sans avoir encore atteint le degré suprême qui est le but final de l’initiation et le terme des «grands mystères», l’«homme véritable», étant passé de la circonférence au centre, de l’«extérieur» à l’«intérieur», remplit réellement, par rapport à ce monde qui est le sien, la fonction du «moteur immobile», dont l’«action de présence» imite, dans son domaine, l’activité «non-agissante» du Ciel.“ (p. 87)

René Guénon, La grande triade (extraits)