Les enseignements du Nagual (le cocon)

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Une personne résolue à réaliser l’immortalité doit d’abord devenir un chasseur. Pas un chasseur qui tue, mais celui qui chasse la connaissance, qui marche sur le sentier du cœur — compatissant, aimant la Terre ainsi que les êtres qui y vivent.

Après avoir maîtrisé l’étape du chasseur spirituel, on peut devenir un guerrier spirituel — qui est celui qui trace la Puissance (Dieu), tâchant de La traquer et de La connaître.

Don Juan enseignait souvent à Castaneda et à ses autres disciples quand ils marchaient dans le désert et les montagnes — Dans des conditions naturelles en contact direct avec le monde qui nous entoure.

En guise d’exemple, une fois ils ont attrapé un lièvre. Don Juan savait que la vie de ce lièvre sur Terre s’achevait, selon sa destinée. Et il suggéra que Castaneda tue ce lièvre de ses propres mains. Castaneda s’exclama: « je ne peux pas faire cela! » Don Juan s’opposa: « mais tu as tué des animaux avant! » Castaneda répondit: « oui, mais je les ai tués avec mon fusil, à distance, sans devoir les voir mourir… »

Castaneda refusa de commettre la mise à mort; pour la première fois, il pensa au bien-fondé de son éthique à faire cela, au sujet de la douleur des créatures tuées.

Toutefois, le lièvre est mort de lui-même devant les yeux de Castaneda, car la période de son séjour sur Terre s’était vraiment épuisée.

À un certain moment, don Juan et Castaneda descendirent la rue et virent un escargot traversant la route. Et don Juan employa alors cet exemple pour expliquer la philosophie du rôle d’une personne dans les destins des autres créatures.

De telle façon que Castaneda, qui au début était très fière d’être une personne instruite et civilisée, est devenue de plus en plus convaincue que la vraie sagesse ne lui appartenait pas à lui, mais appartenait à ce vieil Amérindien, un grand Chercheur et Enseignant spirituel, qui vivait la vie d’un chasseur et d’un guerrier en harmonie avec le monde autour de lui.

… Après que ses disciples eurent maîtrisé les fondations de l’éthique et de la sagesse, don Juan procédait à leurs enseigner les méthodes psychoénergétiques.

Il devrait être noté ici que seulement un nombre très limité d’étudiants étaient acceptés dans l’École de don Juan. Le critère de sélection était le niveau de développement des structures énergétiques de l’organisme — les chakras. Naturellement, les Amérindiens n’employaient pas des mots tels que chakra. Mais ils parlaient des segments dans le cocon d’énergie de l’homme. Et seulement, les disciples avec des chakras développés étaient considérés comme étant prometteurs et capables de supporter le sentier d’un chasseur et d’un guerrier.

Par conséquent, ceux inscrits dans l’École avaient une grande expérience du travail psychoénergétique acquis dans leurs vies précédentes sur Terre. C’est-à-dire, ils étaient prêts pour un travail sérieux du point de vue psychoénergétique.

Ceci leur permettait de commencer la formation psychoénergétique, pas par le nettoyage et le développement des méridiens et des chakras, mais immédiatement avec le développement de la structure de puissance principale de l’organisme, le hara.

Quand le travail avec le hara était terminé, l’étape suivante commençait: la division du cocon en deux parties: les bulles supérieures et inférieures de perception. C’est de ces bulles que l’on perçoit le tonal et le nagual, respectivement.

La Division du cocon en deux bulles de perception était considérée comme une étape intermédiaire importante vers d’autres étapes de perfectionnement psychoénergétique. On devait maîtriser la concentration de la conscience dans les deux pôles du cocon divisé de la sorte.

Ensuite, davantage de travail était effectué afin de développer la bulle inférieure de perception. Mais cela commençait seulement après que la conscience ait été correctement raffinée, ou comme cela était appelé dans l’École de don Juan, après que la luminosité du cocon ait été nettoyée.

C’est-à-dire, comme dans toutes les autres Écoles spirituelles avancées, les techniques visaient l’amélioration de la conscience précédant le processus à grande échelle de sa cristallisation. Cependant, Castaneda ne décrit pas les méthodes de nettoyage de la luminosité exceptée une, qui peut être vue seulement comme une plaisanterie, à savoir — inhaler la fumée d’un feu.

Grâce à l’amélioration de la conscience et du travail avec la bulle inférieure de perception, les disciples atteignaient l’état du Nirvâna (ils n’employaient cependant pas ce terme). D’abord, ils maîtrisaient la variation statique du Nirvâna en Brahman, et après cela — la dynamique.

À un certain moment, don Juan donna une claque à Castaneda sur le dos avec sa main (il avait souvent l’habitude d’utiliser cette technique pour décaler le point d’assemblage, celui de la zone de distribution de la conscience du disciple) — et Castaneda, se préparait pour cela par des exercices préparatoires, entrait dans la variation statique du Nirvâna dans l’un des états Brahmaniques. À ce moment, il éprouva pour la première fois un état de profonde paix; pour la première fois, il perçut Dieu; il perçut que Dieu est en effet Amour…

Mais soudainement il entendit la voix de don Juan qui disait que bien que cet état était splendide — cela n’était pas celui auquel il devait maintenant aspirer. Tu dois aller plus loin! Ne pense pas que c’est le maximum de tes capacités… Avec ces mots don Juan suggérait à Castaneda, qui avait connu le bonheur suprême du Nirvâna, de ne pas s’attacher à ce bonheur, mais d’aller encore plus loin… Au début, Castaneda se sentit offensé et fâché avec don Juan, mais ce dernier était inflexible: on doit avancer plus loin!…

Bon dimanche: Claude Sarfati

Stopper le monde.

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Voir Castaneda – Psychology Today (1972) – deuxième partie:

Est-ce que don Juan utilise régulièrement des drogues psychotropes pour stopper le monde ?

Non. Il peut maintenant le stopper à volonté. Il m’a dit qu’il était inutile pour moi d’essayer de voir sans l’aide des plantes psychotropes. Mais que si je me comportais comme un guerrier et en assumais la responsabilité, je n’en aurais pas besoin ; elles ne feraient qu’affaiblir mon corps.

Cela arrive un peu comme un choc pour beaucoup de vos admirateurs. Vous êtes un peu comme un saint patron de la révolution psychédélique.

Il est vrai que j’ai des partisans et ils ont d’étranges idées à mon propos. L’autre jour, je me suis rendu à une conférence que je donnais dans l’état de Californie, à Long Beach, et un type qui me connaissait m’a montré du doigt à une fille et a dit : « Hé, c’est Castaneda. » Elle ne l’a pas cru parce qu’elle avait dans l’idée que je devais être très mystique. Un ami a récolté quelques-unes des histoires qui circulent sur moi. Le consensus est que j’ai des pieds mystiques.

Des pieds mystiques ?

Oui, que je marche pieds nus comme Jésus et que je n’ai pas de cales aux pieds. Je suis supposé être défoncé la plupart du temps. Je me suis aussi suicidé et je suis mort dans différents endroits.

Une de mes classes d’université à presque péter les plombs quand j’ai commencé à leur parler de phénoménologie et d’appartenance, et d’explorer la perception et la socialisation. Ils voulaient qu’on leur dise de se relaxer et de débrancher leur esprit. Mais pour moi, il est important de comprendre.

Des rumeurs fleurissent au milieu d’un vide informatif. Nous savons quelque chose à propos de don Juan mais presque rien sur Castaneda.

C’est une partie délibérée de la vie du guerrier. Pour vous promener d’un monde à l’autre, vous devez rester discret. Plus vous êtes connu et identifié, plus votre liberté est réduite. Quand les gens ont des idées définitives à propos de qui vous êtes et comment vous allez agir, alors vous ne pouvez plus bouger. Une des toutes premières choses que don Juan m’a enseignée était que je devais effacer mon histoire personnelle. Si petit à petit vous créez un brouillard autour de vous, alors vous ne serez pas considéré comme allant de soi et vous aurez plus d’espace pour changer. C’est la raison pour laquelle j’évite les enregistrements vocaux quand je fais des conférences, et les photographies.

Peut-être que nous pouvons être personnel sans être historique. A présent vous minimisez l’importance de l’expérience psychédélique connectée à votre apprentissage. Et vous ne semblez pas vous baladez en faisant le genre de trucs que vous décrivez comme ce qu’un sorcier a en boutique. Quels sont les éléments des enseignements de don Juan qui sont importants pour vous ? Vous ont-ils changé ?

Pour moi, l’idée d’être un guerrier et un homme de connaissance, avec l’éventuel espoir d’être capable de stopper le monde et de voir, a été la plus adéquate. Elle m’a donné la paix et la confiance dans ma capacité à contrôler ma vie. A l’époque où j’ai rencontré don Juan, j’avais très peu de pouvoir personnel. Ma vie avait été très erratique. J’avais fait beaucoup de chemin depuis mon lieu de naissance au Brésil. De l’extérieur, j’étais agressif et impudent, mais à l’intérieur j’étais dans l’indécision et peu sure de moi. Je m’excusais tout le temps. Don Juan m’a une fois accusé d’être un enfant professionnel parce que j’étais plein d’apitoiement. Je me sentais comme une feuille dans le vent. Comme la plupart des intellectuels, j’avais le dos au mur. Je n’avais aucun endroit où aller. Je ne pouvais envisager aucune façon de vivre qui m’excite vraiment. Je pensais que tout ce que je pouvais faire était un ajustement mature à une vie d’ennui, ou bien trouver des formes plus complexes pour me divertir comme l’utilisation de psychédéliques, fumer de la marijuana et avoir des aventures sexuelles. Tout cela était exagéré par mon habitude à l’introspection. Je regardais toujours à l’intérieur et me parlais à moi-même. Mon dialogue intérieur s’arrêtait rarement. Don Juan a tourné mes yeux vers l’extérieur et m’a enseigné à accumuler du pouvoir personnel.

Je ne pense pas qu’il y ait aucune autre façon de vivre si on veut être exubérant.

Il semble vous avoir accroché avec le vieux truc du philosophe en agitant la mort devant vos yeux. J’ai été frappé par l’approche classique de don Juan. J’ai eu des échos sur les idées de Platon disant  qu’un philosophe doit étudier la mort avant de pouvoir acquérir un quelconque accès au véritable monde, et la définition de Martin Heidegger sur le fait qu’un homme doit se tenir en face de la mort.

Oui, mais l’approche de don Juan prend une étrange tournure parce qu’elle vient de la tradition de sorcellerie qui dit que la mort est une présence physique qui peut être ressentie et vue. Une des gloses de la sorcellerie est : la mort se tient sur ta gauche. La mort est un juge impartial qui vous dira la vérité et vous donnera de justes conseils. Après tout, la mort n’est pas pressée. Elle vous aura demain ou la semaine prochaine ou dans cinquante ans. Cela ne fait aucune différence pour elle. Au moment où vous vous souvenez que vous allez finalement mourir, vous êtes abattu par le côté droit.

Je pense que je n’ai pas encore rendu cette idée assez vivante. La glose – « la mort est sur ta gauche » – n’est pas un problème intellectuel en sorcellerie ; c’est une perception. Quand votre corps est correctement tourné vers le monde et que vous tournez vos yeux vers votre gauche, vous pouvez être le témoin d’un événement extraordinaire, voir la présence de la mort comme une ombre.

Dans la tradition existentialiste, les discussions concernant la responsabilité suivent habituellement les discussions sur la mort.

Alors don Juan est un bon existentialiste. Lorsqu’il n’y a aucun moyen de savoir si j’ai une minute de plus à vivre, je dois vivre comme si c’était mon dernier instant. Chaque acte est la dernière bataille du guerrier. Ainsi tout doit être fait impeccablement. Rien ne peut être laissé en suspend. Cette idée a été très libératrice pour moi. Je suis là à vous parler aujourd’hui, et peut-être ne retournerai-je jamais à Los Angeles. Mais cela n’a pas d’importance parce que j’ai pris soin de tout avant de venir.

Ce monde de mort et de décision est loin des utopies psychédéliques dans lesquelles la vision d’un temps infini détruit la qualité dramatique du choix.

Lorsque la mort se tient sur votre gauche, vous devez créer votre monde par une série de décisions. Il n’y a plus de grandes ou de petites décisions, seulement des décisions qui doivent être prises maintenant.

Et il n’y a pas de temps pour les doutes ou pour avoir du remords. Si je perds mon temps à regretter ce que j’ai fait hier, j’évite les décisions que j’ai besoin de prendre aujourd’hui.

Comment don Juan vous a t-il enseigné à être décisif ?

Il a parlé à mon corps avec ses actes. Mon ancienne manière était de tout laisser en suspend et de ne jamais rien décider. Pour moi, les décisions étaient quelque chose d’horrible. Cela semblait injuste qu’un homme sensible ait à décider. Un jour don Juan m’a demandé : « Pense-tu que toi et moi soyons égaux ? » J’étais un universitaire et un intellectuel, et il était un vieil Indien, mais j’étais condescendant et je lui ai dit : « Bien sûr que nous sommes égaux. » Il a dit : « Je ne pense pas que nous le soyons. Je suis un chasseur et un guerrier et tu es un macro. Je suis prêt à compresser ma vie à chaque instant. Ton monde faible d’indécisions et de tristesse n’est pas égal au mien. » Eh bien, je me suis senti très insulté, et je serais parti si nous n’étions pas au milieu d’une étendue sauvage. Alors je me suis assis et je suis resté prisonnier de mon ego. J’étais sur le point d’attendre jusqu’à ce qu’il se décide à rentrer. Après plusieurs heures, je vis que don Juan resterait pour toujours s’il le devait. Pourquoi pas ? Pour un homme sans affaires en suspend, cela est en son pouvoir. J’ai finalement réalisé que cet homme n’était pas comme mon père, qui aurait fait vingt bonnes résolutions de l’année et les aurait toutes annulées. Les décisions de don Juan étaient irrévocables tant que cela le concernait. Elles pouvaient seulement être annulées par d’autres décisions. Alors je me suis approché et l’ai touché,  il s’est levé et nous sommes rentrés. L’impact de cet acte fut immense. Cela me convainquit que le chemin du guerrier est une façon de vivre puissante et exubérante.

Ce n’est pas tant le contenu de la décision qui est important, mais plutôt l’acte d’être décisif.

C’est ce que don Juan voulait dire en parlant de faire un geste. Un geste est un acte délibéré qui est entrepris pour le pouvoir qui vient de l’acte de prendre une décision. Par exemple, si un guerrier trouve un serpent qui est engourdi et froid, il se pourrait bien qu’il lutte pour inventer une façon d’emporter le serpent vers un endroit chaud sans être mordu. Le guerrier fera ce geste juste pour s’amuser. Mais il le fera avec perfection.

Il semble y avoir beaucoup de parallèles entre la philosophie existentialiste et les enseignements de don Juan. Ce que vous avez dit à propos de la décision et du geste suggère que don Juan, comme Nietzsche ou Sartre, croit que la volonté est une faculté plus fondamentale chez l’homme que la raison.

Je pense que c’est exact. Laissez-moi parler pour moi-même. Ce que je veux faire, et peut-être que je peux l’accomplir, est de prendre le contrôle sur ma raison. Mon esprit a été sous contrôle toute ma vie, et il me tuerait plutôt que d’abandonner ce contrôle. A un moment de mon apprentissage, j’étais profondément déprimé. J’étais submergé de terreur, de morosité, et de pensées suicidaires. Alors don Juan m’a averti que c’était un des trucs de la raison pour garder le contrôle. Il a dit que ma raison faisait tout pour que mon corps sente que la vie n’avait aucun sens. Une fois que mon esprit eut guerroyé et perdu, la raison a commencé à assumer sa propre place en tant qu’outil du corps.

« Le cœur a ses raisons que la raison ne connaît pas », et il en est ainsi pour le reste du corps.

C’est le problème. Le corps a une volonté qui lui est propre, ou plutôt, la volonté est la voix du corps. C’est pourquoi don Juan mettait constamment ses enseignements sous une forme dramatique. Mon intellect pouvait facilement écarter son monde de sorcellerie comme un non sens. Mais mon corps était attiré par son monde et sa façon de vivre. Et une fois que le corps a pris le dessus, un nouveau règne plus sain a été établi.

Les techniques de don Juan pour traiter avec les rêves m’ont attiré car elles suggèrent la possibilité d’un contrôle volontaire sur les images rêvées. C’est comme s’il proposait d’établir un observatoire stable, permanent à l’intérieur de l’espace interne. Parlez-moi de l’entraînement de don Juan concernant le rêve.

Le truc dans rêver est de retenir les images du rêve suffisamment longtemps pour les regarder avec attention. Pour obtenir ce genre de contrôle, vous avez besoin de choisir quelque chose à l’avance et d’apprendre à le trouver dans vos rêves. Don Juan suggérait que j’utilise mes mains comme point de départ, et d’aller d’avant en arrière entre elles et les images. Après quelques mois, j’ai appris à trouver mes mains et à arrêter le rêve. J’étais si fasciné par cette technique que je pouvais à peine attendre d’aller me coucher.

Est-ce que stopper les images dans le rêve à quelque chose à voir avec stopper le monde ?

C’est similaire. Mais il y a des différences. Une fois que vous êtes capable de trouver vos mains à volonté, vous réalisez que c’est juste une technique. Ce que vous rechercher après ça, c’est le contrôle. Un homme de connaissance doit accumuler du pouvoir personnel. Mais ce n’est pas suffisant pour stopper le monde. Un certain abandon est également nécessaire. Vous devez faire taire la discussion qui a lieu à l’intérieur de votre esprit et vous abandonner au monde extérieur.

Parmi les nombreuses techniques que don Juan vous a enseignées pour stopper le monde, laquelle pratiquez-vous encore ?

Maintenant, ma discipline principale est de bouleverser mes routines. J’avais toujours été une personne très routinière. Je mangeais et dormais à heure fixe. En 1965, j’ai commencé à changer mes habitudes. J’écrivais durant les heures calmes de la nuit et dormais et mangeais quand j’en ressentais le besoin. Maintenant, j’ai démantelé tellement de façons habituelles d’agir, que je peux devenir imprévisible et surprenant même pour moi.

Votre discipline me rappelle l’histoire zen des deux disciples qui se vantent à propos de pouvoirs miraculeux. Un des disciples affirme que le fondateur de la secte à laquelle il appartient peut rester sur la berge d’une rivière et écrire le nom de Bouddha sur un morceau de papier tenu par son assistant qui est sur la berge opposée. Le second disciple réplique qu’un tel miracle n’est pas impressionnant. « Mon miracle, » dit-il, « c’est que lorsque j’ai faim je mange, et quand j’ai soif, je bois. »

C’est cet élément d’engagement dans le monde qui m’a gardé de suivre le chemin que don Juan me montrait. Il n’est pas nécessaire de transcender le monde. Tout ce dont nous avons besoin est juste en face de nous, si nous faisons attention. Si vous entrez dans un état de réalité non-ordinaire, comme cela arrive quand vous utilisez des plantes psychotropes, c’est seulement pour en retirer ce dont vous avez besoin afin de voir les signes miraculeux de la réalité ordinaire. Pour moi, cette façon de vivre – le chemin qui a du cœur – n’est pas une introspection ou une transcendance mystique mais la présence dans le monde. Ce monde est le champ de bataille du guerrier.

Le monde que vous et don Juan avez dessiné est plein de coyotes magiques, de corbeaux enchantés et de magnifiques sorcières. Il est facile de voir à quel point cela vous a donné envie de vous engager. Mais que dire à propos du monde d’une personne moderne vivant dans un environnement urbain ? Où est la magie ? Si nous pouvions tous vivre dans les montagnes, nous pourrions garder le merveilleux vivant. Mais comment cela est-il possible quand nous vivons juste à côté d’une autoroute ?

Une fois, j’ai posé la même question à don Juan. Nous étions dans un café à Yuma et j’ai suggéré que je pourrais être capable de stopper le monde et de voir si je pouvais venir vivre dans la nature avec lui. Il a regardé par la fenêtre les voitures passer, et a dit : « ça, dehors, c’est ton monde. » Je vis à Los Angeles maintenant et je trouve que je peux utiliser ce monde pour accommoder mes besoins. C’est un défi de vivre sans routines fixes dans un monde routinier. Mais c’est possible.

Le niveau sonore et la pression constante de la masse semblent détruire le silence et la solitude qui doivent être essentiels pour stopper le monde.

Pas du tout. En fait, le bruit peut être utilisé. Vous pouvez utiliser le bourdonnement de l’autoroute pour apprendre à écouter le monde extérieur. Lorsque nous stoppons le monde, le monde que nous stoppons est celui que nous maintenons habituellement par notre continuel dialogue intérieur. Une fois que vous êtes capable de stopper le babillage intérieur, vous cessez de maintenir votre ancien monde. La description s’effondre. C’est le moment où le changement de personnalité commence. Lorsque vous vous concentrez sur les sons, vous réalisez qu’il est difficile pour le mental de catégoriser tous les sons et, assez rapidement, vous cessez d’essayer. C’est cette perception inhabituelle qui nous garde de former des catégories et de penser. C’est si apaisant quand vous pouvez couper le dialogue, la catégorisation, et le jugement.

Le monde intérieur change mais que se passe t-il avec le monde extérieur ? Nous pouvons révolutionner la conscience individuelle mais ne pas toucher les structures sociales qui créent notre aliénation. Y a-t-il une place pour la réforme politique et sociale dans votre pensée ?

Je viens d’Amérique Latine où les intellectuels sont sans arrêt en train de parler de révolution politique et sociale, et où beaucoup de bombes ont été posées. Mais la révolution n’a pas changé grand-chose. Cela demande peu de courage pour faire exploser un immeuble, mais pour arrêter de fumer, ou pour cesser d’être anxieux, ou pour stopper le bavardage intérieur, vous devez vous reconstruire. C’est là que commence la véritable réforme. Il n’y a pas si longtemps, don Juan et moi étions à Tucson au moment du tremblement de terre. Un homme faisait une conférence sur l’écologie et sur les démons de la guerre du Vietnam. Il a fumé tout le temps de sa conférence. Don Juan a dit : « Je ne peux pas imaginer qu’il soit concerné par le corps des autres gens alors qu’il n’aime pas le sien. » Notre premier intérêt devrait être nous-même. Je peux aimer mes frères humains seulement quand je suis au sommet de ma vitalité et que je ne suis pas déprimé. Pour être dans cette condition, je dois garder mon corps en parfaire santé. Toute révolution devrait commencer ici, dans ce corps. Je peux altérer ma culture mais seulement depuis l’intérieur d’un corps impeccable, accordé à ce monde étrange. Pour moi, le véritable accomplissement est l’art d’être un guerrier, ce qui, comme le dit don Juan, est la seule façon d’équilibrer la terreur d’être un homme et la merveille d’être un homme.

Par Sam Keen

Publication : Décembre 1972

Copyright Psychology Today

Juan Matus (don Juan)

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“Beaucoup de gens sur Terre, qui sont devenus impliqués dans la religion superficiellement, croient que leur devoir religieux est de pleurer.

“Mais, un guerrier spirituel ne pleure pas ni se plaint ni s’apitoie sur son sort. Il voit ses défauts et — sans arrêter de combattre — se débarrasse d’eux une fois pour toutes!

“Quand nous sommes concernés seulement à chercher nos défauts et à s’affliger au sujet de nos imperfections — nous manquons la possibilité afin d’effectuer le travail vraiment sérieux d’aider les personnes et se développer.

“Nous devons pouvoir être en mesure de mettre notre attention hors de notre petit ‘moi’ personnel — en regardant Celui Que nous aimons! Nous devons apprendre à vivre et à agir par Son exemple et suivre Ses préceptes!

“Nous devons Lui demander de nous aider à comprendre nos erreurs et à les reformer — cependant, nous devrions maintenir à l’esprit que le succès dépend, tout d’abord, de nos efforts.

“Et la chose principale — nous devons changer notre attitude envers les événements qui nous semblent défavorables. Nous devons apprendre à considérer cela — de Son point de vue, c’est-à-dire du point de vue de l’Évolution de la Conscience Universelle et de la croissance spirituelle de conscience individuelle sur le Chemin à Lui.

“… Savez-vous, par exemple, comment maîtriser l’art du contrôle parfait de la matière? C’est très simple! On doit apprendre à rire!

“J’aime rire! Est-ce que vous voulez que Je vous dise au sujet du rire du Nagual?

“Un guerrier spirituel dès le début doit apprendre le rire du Nagual: il rit de ses propres vices et les fait ainsi éclater comme des bulles de savon — elles éclatent ainsi que le sentiment gonflé de la suffisance!

“Beaucoup de gens croient que c’est l’arme qui rend l’homme fort. C’est faux! C’est le rire qui rend l’homme fort! Le rire du Nagual transforme l’enveloppe du ‘moi’ en rien. La seule chose que l’on doit ajouter est le calme et le rire — et puis… Il y a seulement infinie, coulante, libre conscience…

“La recherche de la puissance personnelle n’est qu’un crochet, un tour que La Puissance utilise afin ‘d’attraper’ et enseigner à qui n’entend pas quand il est informé au sujet de l’Amour… et de la Tendresse…

“S’il n’apprend pas cela de La Puissance, il ne va pas progresser…

“Il y a la loi suivante: La Puissance n’appartient pas à personne, seulement vous pouvez appartenir à La Puissance.

“La Puissance est juste, et c’est La Puissance de l’Amour.

“Quand vous gagnez La Liberté, vous fusionnez juste avec Elle en Un… Vos désirs et les désirs de La Puissance deviennent les mêmes; votre choix et le choix de La Puissance deviennent identiques…

“Celui, qui essaie… de ‘contrôler’ ‘La Puissance’, chute dans son voyage. La Puissance l’attrape par ce désir, et il devient Son outil, même sans le savoir. Il vit comme un aveugle, frappé par le sentiment de la suffisance, et il peut ne jamais retrouver la vue.

“Et le processus d’accroissement de la puissance brute peut devenir irréversible comme le processus d’un cancer…

“… D’autre part, la capacité de rire de ses propres vices tournant cela à la dérision est la première étape à la vraie fusion avec La Puissance!

“Celui qui a appris à rire de telle sorte de ses vices, cesse d’exister — il est sur le point d’exécuter de grandes actions!

“Un guerrier spirituel peut rire seulement de lui; il ne rit jamais des autres!

“De la vérité, qui vit en lui, il regarde ce qui est imparfait en lui — et il rit! Et quand il ne reste plus rien en lui qui le fait rire — il devient Tout, il devient un vrai Nagual; son rire s’unit à la joie de l’Existence, avec la Liberté et La Puissance!

“Alors, il gagne la capacité d’affecter les particules du Grand Tout, enlevant ce qui empêche la joie de l’existence, ce qui empêche la Lumière Radiante de La Puissance de se manifester dans les autres qu’Il sent en Lui-même — ceux qui se sont confiés à lui, au Nagual, à la conduite sur le Chemin menant à la Liberté.

“Voyez comment beau est le rire du Nagual: il guérit les âmes, les débarrassant du fardeau et de la douleur, il les rend capables du vol dans l’inconnu…

“Comprenez-vous maintenant les fondations de l’art du contrôle parfait de la matière?

“Quand vous avez maîtrisé cela, je vous en dirai plus… ceci peut vous aider.

“… l’action impeccable d’un guerrier spirituel dans l’interaction avec La Puissance remplit sa vie avec une intensité spéciale et une passion silencieuse.

“Et la vie du Nagual devient une manifestation de l’action de La Puissance.

“On peut apprendre la connaissance dans les universités — et cela est bon. Cependant, on devrait apprendre la Connaissance plus élevée en interagissant avec La Puissance. Quand vous cherchez des solutions pour la partie du Nagual, quand vous trouvez des méthodes pour enseigner aux étudiants — vous gagnez la Connaissance.

Genaro et Moi sommes Ceux Qui vivent et agissent, et ne faisons pas qu’en parler. Nous avons toujours vécu et vivons maintenant la vie remplie de l’état d’Amour et de Puissance impeccable.

“Sentez cet état de la vie du Nagual en ce moment ‘maintenant’, sentez que La Puissance de Dieu remplit tout à chaque instant:

“… Ce feu brûlant…

“… Le calme de la forêt…

“… La terre sous votre corps…

“… Ce lieu de puissance, qui permet de connaître la conscience vivante de la Terre… et plus loin plus profondément… plus profondément…, où il y a seulement un Grand Amour et la Puissance du Créateur!

“… Cela ne peut pas être transmis aux autres au moyen de mots. Cela doit être ‘goûté’: comme quelqu’un prend une bouchée, mâche, et avale un morceau de pain — alors seulement vous pouvez connaître cela.

“Tel est le Chemin spirituel: si vous l’avez choisi — allez-y! Alors, chaque moment de la vie en interaction avec La Puissance devient une expérience de valeur inestimable pour l’âme.

“Dans la vie d’un véritable guerrier spirituel, il n’y a aucun trou, il ne s’ennuie jamais, il ne peut pas être dépressif face aux échecs du passé ou s’inquiéter face à l’avenir. Il y a seulement la vie qu’il vit jusqu’à la fin avec efficacité maximale, avec la pleine conscience du But, avec la pleine responsabilité de ses décisions! Et alors, La Puissance remplit cette vie jusqu’au rebord…

“Vous pouvez être les Mains de Dieu si vous ne vous séparez pas de l’Océan du Créateur. C’est l’Océan de l’Amour-Puissance qui infiltre vos corps et cocons et Se manifeste par eux. Nous l’avons appelé — embrasement de toutes les émanations du cocon, alignant leurs énergies sur la subtilité du Plan Primordial.”

Propos de  Don Juan Matus, receuillis par Carlos Castaneda

Carlos Castaneda, le souffle du Nagual

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Sorcier blanc autoproclamé, Carlos Castaneda est né le jour de Noël 1925 au Brésil. Immigré aux Etats-Unis en 1951, il a suivi des études d’anthropologie à l’UCLA (Université de Los Angeles, Californie) avant de devenir très célèbre en 1968 avec la publication de son mémoire de maîtrise, consacré à un séjour mystique dans le désert de l’Arizona et du Mexique.

Le livre, intitulé L’herbe du diable et la petite fumée (The Teachings of Don Juan: A Yaqui Way of Knowledge) raconte sa rencontre avec un shaman, un vieux sorcier indien Yaqui mexicain, Juan Matus, qui l’a initié à un monde occulte ancien de plus de 2.000 ans grâce à de puissantes drogues hallucinogènes (peyotl, marijuana, champignons, etc.).

De phases d’extase en moments de panique mêlés, Carlos Castaneda décrit ses visions d’insectes géants ou sa transformation en corbeau et divers autres « états de la réalité non-ordinaire » dont il affirme qu’ils lui permettaient de parvenir à un état de suprême sagesse et de savoir.
L’herbe du diable et la petite fumée, mélange subtil d’anthropologie, de parapsychologie, d’ethnographie, de bouddhisme et sans doute aussi de fiction, tombe à pic pour la génération psychédélique des années ’60 et devient un best-seller dans le monde entier.

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En 1973, l’hebdomadaire Time choisit ce « Latino-américain costaud, affable et bourré de vitamines », aux « cheveux noirs, ondulés, coupés courts » et aux yeux brûlant « d’une vivacité humide », pour illustrer la renaissance spirituelle américaine. L’image de couverture du magazine est une gouache représentant Carlos Castaneda devant un corbeau aux ailes déployées, sur fond de désert, un pied de peyotl à la place de l’oeil droit.
Discrédité auprès des universitaires — le vieux shaman indien n’ayant jamais été retrouvé, ses pairs anthropologues accusent Carlos Castaneda de l’avoir inventé — l’écrivain mystique poursuit néanmoins son aventure initiatique.

Il publie de nombreux livres à succès, dont notamment Voyage à Ixtlan, Histoires de pouvoir et La force du silence.

Auteur au total de dix livres traduits dans le monde entier, il influence toute une génération et est aujourd’hui considéré comme l’un des pères du New Age.

En 1995, lors d’un séminaire, Carlos Castaneda a démenti avoir inventé le récit de L’herbe du diable mais a cependant fait marche arrière sur le recours aux drogues pour ses expériences mystérieuses, reconnaissant que son « hypothèse sur le rôle des plantes psychotropes était erronnée ».

Parmi bien d’autres écrivains du dernier quart du XXe siècle, Joyce Carol Oates a estimé que l’oeuvre de Carlos Castaneda a marqué un véritable tournant dans la littérature. « Ses livres me semblent être de remarquables oeuvres d’art, sur le thème à la Herman Hesse de l’initiation d’un jeune homme à un autre mode de la réalité. Ils sont très bien construits. Les dialogues sont parfaits. Le personnage de Don Juan est inoubliable ».
Carlos Castaneda était très discret de son vivant. Il évitait soigneusement photos et interviews et entretenait le plus grand flou sur les détails de sa vie. Il s’est éteint comme il avait vécu, dans le calme, le secret et le mystère, le 27 avril 1998, à son domicile de Westwood (Californie), des suites d’un cancer du foie. Sa mort n’a été annoncée officiellement que deux mois plus tard par l’avocat chargé de son exécution testamentaire. Conformément à ses dernières volontés, son corps avait été incinéré et ses cendres dispersées au-dessus du désert mexicain.

« La mort est le plus grand des plaisirs, aimait à dire Carlos Castaneda, c’est pour ça qu’on la garde pour la fin« .

Source: La République Des Lettre

 
 
 
 
L’art du guerrier consiste à équilibrer la terreur d’être un homme avec la merveille d’être un homme. (La Roue du temps).
 
 
 
 
 
Voici un premier article pour (re) découvrir une personnalité très controversée mais dont l’œuvre reste un témoignage majeur de la tradition Toltèque.
 
à suivre…
Claude Sarfati

Don Genaro

pensee

Nous marchons sur un sentier en forêt pendant un long moment, puis traversons un petit rapide par un pont en bois presque délabré. Après la rivière, il y a une forêt de pin – un endroit préféré de Juan et de Genaro. Ici don Juan nous a enseigné à porter Son chapeau.

Après avoir marché plusieurs dizaines de mètres, nous entrons dans un espace qui est rempli de rire pétillant de joie – c’est Juan et Genaro rassemblés qui nous saluent.

… Qu’est-ce que le rire des Enseignants Divins? Ce sont de douces vagues de Lumière scintillante et dorée qui s’élèvent des Profondeurs universelles et se diffusent comme des cercles sur l’eau. Ils entrent en vous et remplissent votre conscience et votre corps de Leur joie et bonheur!

C’est la façon qu’Ils rient.

« Voyez-vous comment cela est facile quand on est joyeux qu’on ne perd pas le cœur?! » dit Genaro plaisantant. « Et les rires Divins font que l’homme soit aussi aimable! Une fois que vous fusionnez avec Moi et que vous vous dissolvez en Moi – il n’y a plus de vous, il y a seulement Mon rire, il y a seulement Moi!

« Vous M’aimez – et fusionnez avec Moi. Mais Je vous aime également – et fusionne également avec vous! La fusion peut être seulement mutuelle et volontaire. Toute déviation de cette règle est violence!

« Afin de réaliser la plénitude absolue de la Fusion, vous devez devenir semblables à Moi…

« C’est très difficile de nettoyer et d’éclairer l’esprit. Afin de devenir semblable à Moi, on doit commencer par jeter hors de la tête tous les vieux stéréotypes habituels, qu’il est facile d’employer – les stéréotypes de la pensée et du comportement. Un guerrier spirituel doit rendre son esprit disponible à recevoir le nouveau.

On a besoin également de courage, de puissance, et de connaissance.

« Vous commencez à vivre vraiment seulement quand vous cessez d’interagir avec le monde extérieur à travers vos masques et stéréotypes. Ils vous sont offerts par votre esprit – le créateur de votre individualité inférieure…

« On doit apprendre à percevoir le monde extérieur avec la conscience nue, nettoyée des traces de l’individualité inférieure – d’accepter le monde comme il est en réalité et pas dans le mental!

« … Il y a un truc de conscience qui vous donne la clef de la Liberté! C’est la capacité d’être conscient de soi pas comme un corps. Cette capacité nous amène à être libres du corps – de ce récipient matériel dense de l’âme.

« D’abord, l’homme doit savoir que lui et son corps ne sont pas la même chose. Acquérir l’expérience pratique de cela signifie premièrement la rencontre avec le monde du nagual.

« Pour beaucoup de gens, cependant, cette étape devient la dernière: on a besoin de courage afin de choisir d’aller plus loin sur le Chemin de la Liberté et de la Connaissance, de l’Amour et de la Puissance! Il n’y a aucune place pour la vaine curiosité sur ce Chemin. Les lâches et les excités, les fainéants et les égoïstes ne peuvent pas supporter la Liberté: la Liberté les détruit, les élimine, les déchire! Elle est comme un moteur de fusée, qui ne devrait pas être fixé à la bicyclette d’un enfant.

« La Liberté établit son état que don Juan a appelé impeccabilité du guerrier. Chaque étape non impeccable sur ce Chemin peut devenir un échec complet; on doit maintenir cela à l’esprit.

« On doit connaître un point important: à une certaine étape, un guerrier spirituel ne peut pas retourner à la vie ordinaire. Il peut seulement vivre en tant que guerrier. À partir de ce moment, il n’y a plus aucun chemin de retour pour lui; il peut seulement aller de l’avant!

« Mais l’absence du corps est seulement un fragment; c’est seulement une partie de la Liberté de l’Esprit.

« … La liberté du corps ne peut pas être réalisée tout d’un coup.

« Il y a des méthodes – et vous en connaissez bons nombres d’entre elles – afin de déplacer la conscience à l’intérieur du corps et puis en dehors de lui…

« On doit devenir absolument libre du corps physique! Cette liberté ne peut pas être enlevée en prison; elle ne disparaît pas quand la mort vient…

« La Liberté est la possibilité de vous déplacer – selon votre volonté – dans le monde que vous choisissez. C’est également la liberté de rester là, si vous le voulez!

« Laissez le monde que vous choisissez ‘s’assembler complètement’! Laissez Le Primordial devenir plus vrai que le monde des corps matériels! Comme vous avez dû maîtriser les strates de l’Absolu, pour y apprendre à assembler le monde entier de cette ère particulière – de la même manière cette strate profonde de l’Existence universelle – l’Existence du Créateur! – doit devenir pas simplement une réalité que vous connaissez, mais une réalité dans laquelle vous devez apprendre à vivre!

« Le plus loin du corps, vous vous déplacez – le plus facile il est pour vous d’agir.

« Et puis – là – vous devez vous développer!

« Vous devez devenir si grands dans la Demeure du Créateur que vous ne pouvez plus être contenus dans le corps et dans les autres strates de l’absolu!

« En guise d’exemple, vous ne pouvez pas maintenant mettre sur vous un costume de bébé que vous avez porté dans votre enfance. Même si vous essayez – vous ne pouvez pas faire cela! La même chose se produit si vous vous êtes accru là et habitué à la vie dans la Conscience Primordiale! Vient un temps où la vieille perception du monde ne vous va plus, même si vous essayez ardemment de la remettre!

« Et alors ce que vous devez faire: est juste de traiter les énergies du corps physique… Le corps doit devenir complètement identique – par la qualité des énergies – au monde où vous voulez aller. Ceci vous permet de disparaître complètement de ce monde et de vous ‘assembler’ complètement dans l’autre!

« Un parfait Nagual a la liberté de se déplacer dans n’importe quel monde qu’il choisit. C’est l’omniprésence, la liberté d’être où vous voulez. C’est la liberté d’être Tout et de déplacer la concentration de Soi à l’intérieur de Soi – Universel, Illimité! Pour cela, le centre de Soi doit demeurer dans la Maison: dans la Maison du Primordiale. On ne devrait jamais oublier cette règle! »

« Genaro, que pouvez-vous conseiller à nos lecteurs au sujet de la façon de se débarrasser du sentiment de suffisance? Dites-nous s.v.p. comment cela c’est produit dans votre cas? »

« Le sentiment de la suffisance disparaît quand la mort mystique se produit: quand vous mourez complètement aux choses de ce monde. Comment cela peut-il ce produire? Seulement par le contrôle de soi, contrôle incessant de ses propres indriyas (sens). C’est les indriyas qui lient l’homme aux choses du monde.

« La disparition du sentiment de la suffisance mène à la perte de la forme humaine.

« Cependant, il devrait être noté que le sentiment de suffisance a des aspects positifs.

« Au commencement du chemin de la vie, ce sentiment est nécessaire; on ne peut pas se développer sans lui!

« C’est grâce à l’ambition que les gens essaient de devenir meilleurs, plus intelligents, plus forts. Et c’est par désir d’être aimé et respecté qu’ils se perfectionnent. C’est le premier point positif.

« Le deuxième point est que vous ne pouvez pas former une personne qui est exempte du sentiment de la suffisance. L’absence de ce sentiment donne à une personne une invulnérabilité psychologique. Comment pouvez-vous guider, corriger une telle personne s’il n’y a rien en elle à ‘pousser’, à ‘attaquer’, à ‘stimuler’? »

« Genaro, pourriez-Vous partager avec nous votre propre expérience? »

« J’avais toujours un ‘bon’ tempérament; d’autres ont un ‘mauvais’ tempérament. Mais le sentiment de suffisance est présent pratiquement dans chacun de nous; c’est seulement ses manifestations extérieures qui prennent différentes formes.

« Une fois Mon Enseignant Me dit que Je serais un puissant sorcier quand Je Me départirais du sentiment de suffisance. Je L’ai cru et ai conçu un plan afin de duper cette qualité en Moi et devenir libre de son contrôle. J’ai essayé – et ne lui ai pas permis d’agir. En particulier, J’ai conçu la tactique suivante: ne pas démontrer Mes succès et ne pas devenir découragé au sujet des échecs.

« Par exemple, quand Je réussissais quelque chose et étais sur le point de Me gonfler par la fierté, Je devais regarder la situation d’une telle distance que rien ne pouvait être vu.

« En d’autres termes, quand La Puissance ‘tombait’ sur Moi créant certaines situations et que J’étais sur le point de Me gonfler avec de la fierté ou de la colère, Je devais me déplacer immédiatement en dehors du cocon à l’extérieur de Moi et Me fusionner avec La Puissance Me tombant dessus.

« Mais ne penser pas que de se débarrasser du sentiment de la suffisance est le point culminant de la perfection. Non: c’est seulement le commencement de la prochaine partie du Chemin… »

Propos receuillis de Don Genaro.

Amitiés

Claude Sarfati