La prochaine technique méthodologiquement très importante est de se rappeler au sujet de sa propre mort.
La majorité des personnes aujourd’hui sont accoutumées à bannir la pensée de leur mort. Et même lorsque nous tombons sur le fait que d’autres personnes décèdent, nous n’essayons jamais de nous imaginer à leur place. Nous nous rassurons en nous disant que même si cela va nous arriver, c’est encore très loin.
Si chacun de nous se demande maintenant: quand vais-je mourir? — les dates seront très éloignées, bien que théoriquement chacun sache que les gens meurent à n’importe quel âge.
Ainsi, don Juan suggérait que nous nous imaginions que La Mort est toujours avec nous. Et que si l’on regarde rapidement en arrière, au-dessus de notre épaule gauche, il est possible d’attraper un aperçu de La Mort. À ce moment, La Mort se repose à côté de toi sur le même matelas, attendant une erreur, dit-il à Castaneda. Et personne ne sait à quel moment il ou elle va mourir; c’est pourquoi nous ne devrions avoir aucun travail inachevé.
Laissez-moi citer ces mots remarquables de don Juan, car c’est l’un de ses meilleurs développements théoriques:
… Comment peut-on se sentir si important quand nous savons que la mort nous guette?
… La chose à faire quand vous êtes impatients est de vous tourner vers la gauche et de demander conseil à votre mort. Une immense quantité de futilité sont abandonnées si votre mort vous fait un geste, ou si vous attrapez un aperçu de celle-ci, ou si vous avez juste le sentiment que votre compagne est là qui vous observe.
La mort est une sage conseillère que nous avons… On… doit lui demander conseil et laisser tomber les satanées futilités qui appartiennent aux hommes qui vivent leurs vies comme si la mort ne les attraperait jamais!
Si vous ne pensez pas à votre mort, toute votre vie sera juste un chaos personnel!
(Le guerrier) sait que sa mort approche et ne lui donnera pas le temps de s’accrocher à quoi que ce soit… Et ainsi avec conscience de sa mort… et avec la puissance de ses décisions un guerrier détermine sa vie d’une façon stratégique… et ce qu’il choisit est toujours stratégiquement le meilleur; et ainsi, il exécute tout ce qu’il doit avec enthousiasme et vigoureuse efficacité!
La vie pour un guerrier est un exercice stratégique.
Sans conscience de la mort, tout est ordinaire, insignifiant. C’est seulement parce que la mort nous traque que le monde est un mystère insondable.
Vous n’avez que peu de temps et aucun temps pour les choses sans importance. Un état merveilleux! Le meilleur de nous sort toujours quand nous sommes acculés au pied du mur, quand nous sentons l’épée se balancer au-dessus de nos têtes… Je ne le voudrais pas autrement.
Tableau: La mort et le feu Paul Klee (1940)
Images: Philadelphia, film de Jonathan Demme (1993)
Musique: La mamma morta (André Chenier, Umberto Giordano, Luigi Lllica) par Maria Callas
La pleine conscience de notre mort nous ouvre l’esprit…
Bon dimanche: Claude Sarfati