L’argent (des Cauris à plus rien…)

L’échange

C’ est l’échange des ressources ou des services pour l’avantage mutuel, et peut remonter au commencement de l’humanité.

Certains argueraient du fait même que ce n’est pas purement une activité humaine ; les animaux avaient échangé — dans des rapports symbiotiques — pour des millions d’années.

De toute façon, l’échange parmi des humains antidate certainement l’utilisation de l’argent.

Aujourd’hui les individus, les organismes, et les gouvernements emploient toujours, et préfèrent souvent, échange comme forme d’échange des marchandises et services.

9.000 — 6.000 AVANT JÉSUS CHRIST : Bétail

Les bétail, qui incluent n’importe quoi des vaches, aux moutons, aux chameaux, sont la première et la plus ancienne forme d’argent.

Avec l’arrivée de l’agriculture est venue l’utilisation du grain et d’autres produits de légume ou d’usine comme format standard d’échange dans beaucoup de cultures.

1.200 AVANT JÉSUS CHRIST : Coquilles de Cauris  La première utilisation des Cauris, la coquille d’un mollusque qui était largement disponible dans les eaux peu profondes des océans Pacifiques et indiens, notamment en Chine.

Historiquement, beaucoup de sociétés ont employé des Cauris comme argent, et même récemment jusqu’au milieu du siècle dernier, des Cauris ont été employés dans quelques régions de l’Afrique.

Le Cauri est le plus largement et la plus longue devise utilisée dans l’histoire.

1.000 AVANT JÉSUS CHRIST : Premiers argent et pièces de monnaie en métal Des imitations en bronze et de cuivre ont été fabriquées par la Chine à la fin de l’âge de pierre et ont pu être considérées certaines des formes les plus tôt de pièces de monnaie en métal. L’argent d’outil en métal, tel que le couteau et les argents de cosse, était également premier utilisé en Chine. Ces argents tôt en métal se sont développés en versions primitives des pièces rondes. Des pièces chinoises ont été fabriquées à partir de les métaux non précieux, contenant souvent des trous ainsi elles pourraient être remontées comme une chaîne.

500 AVANT JÉSUS CHRIST : Invention moderne En dehors de  la Chine, les premières pièces de monnaie développées hors des morceaux d’argent. Ils ont bientôt pris la forme ronde d’aujourd’hui, et ont été emboutis avec de divers dieux et empereurs pour marquer leur authenticité. Ces pièces tôt sont apparues la première fois en Lydia, qui fait partie de la Turquie actuelle, mais les techniques ont été rapidement copiées et plus loin raffinées par le Grec, le Persan, le Macédonien, et plus tard les empires romains. À la différence des pièces chinoises qui ont dépendu des métaux non précieux, ces nouvelles pièces ont été faites à partir des métaux précieux tels que l’argent, le bronze, et l’or, qui a eu une valeur plus inhérente.

118 AVANT JÉSUS CHRIST : Argent en cuir De l’argent en cuir a été employé en Chine sous forme de morceaux d’un-pied-place de peau de daim blanche avec les frontières colorées.

 IXe au XXe siècle

La brique de thé

La brique de thé est utilisée en tant que monnaie du IXe au XXe siècle à la fois en Chine, en Mongolie, en Sibérie, au Tibet, au Turkménistan et en Russie. Le thé est un monopole impérial. Les briques de thé sont principalement réalisées dans la province chinoise du Sichuan, mais aussi en Russie. Elles sont par la suite acheminées à dos de yak ou de chameau. Les briques peuvent se présenter sous diverses formes et tailles.

Pour mieux comprendre le fonctionnement de l’argent voici des videos publiées par l’ADED (Association pour les droits économiques et Démocratiques).

Pour mieux accompagner la transformation de notre civilisation, nous devons comprendre ses fonctionnements..

Amitiés: Claude Sarfati

Méditation Taoïste

Nous faisons de la vie une réalité

par les pensées que nous projetons

 Le panorama qu’offre le monde objectif n’a aucun sens tant que nous ne sommes pas en interaction avec lui. Par exemple, un rocher devant lequel nous passons jour après jour mais que nous ne voyons pas : ce rocher n’a donc aucun sens pour nous. Si nous décidons de faire de ce rocher un objet de culte et de prier devant lui pendant des décennies, alors ce rocher devient vraiment important. Pour un profane qui ne souscrit pas au sens assigné au rocher, il continuera à n’être qu’un rocher. Dans tous les cas, le rocher est seulement un rocher. Seule l’interaction humaine a créé sa signification.

C’est une erreur d’affirmer que le sens que nous donnons à une chose est aussi concret et tangible que la chose elle-même. Par exemple, notre maison peut être précieuse pour nous, mais notre sens du précieux n’a rien à voir avec la construction. Il vient des valeurs et de la mémoire que nous lui associons. Si nous perdons notre maison, nous devons nous rappeler que c’est le sentiment que nous avons pour elle qui détermine notre perte, et pas seulement la construction en elle-même.

Si la perception de la réalité est subjective, quelques écoles de pensées suggèrent que nous devrions regarder toute chose comme irréelle. En opposition à ces courants, les adeptes du Tao considèrent que nous devons continuer à être en interaction avec le monde. Si nous ne prenons pas d’initiative en travaillant sur ces phénomènes que sont la projection de sens et la réception de son écho, nous tombons dans un état de sommeil, et le monde n’aura plus pour nous aucune existence. Tant que nous restons conscients que nous attribuons un sens subjectif aux objets, nous évitons les erreurs.

LE TAO AU JOUR LE JOUR

365 méditations Taoïstes (méditation 50 : Interaction).

Deng Ming-Dao

Albin Michel

Bonne méditation, amitiés: Claude Sarfati

Taoïsme ou Chamanisme ?

Taoïsme ou Chamanisme ?

…L’une des particularités fondatrices de la civilisation chinoise, comparativement aux autres grandes cultures nées sur le continent eurasien, est sa sédentarité plurimillénaire.  Plus profondément qu’aucun autre peuple, les communautés chinoisent plongent leurs racines dans le lieu où elles habitent. Aujourd’hui encore, l’identité entre un village et une famille est une réalité profonde. Quand, en chinois, on parle du « village des Zhang », c’est que véritablement dans ce village la quasi-totalité de la population porte ce patronyme. A Shaoshan, le lieu de naissance de Mao Zedong par exemple, aujourd’hui encore les trois quarts de la population (trois cent mille habitants) ont pour nom de famille Mao !

Unie par le même nom, la communauté villageoise se perçoit elle-même comme une communauté familiale. Elle confirme ce sentiment à des occasions diverses : d’une part, les cérémonies rituelles d’hommage à l’ancêtre fondateur du clan -maillage dans la durée, prolongation du culte ancestral propre à chaque famille- et, d’autre part, celles dédiées à l’esprit du lieu, le shen de l’endroit, qui habite par exemple le grand et vieil arbre qui pousse au centre du village- maillage dans l’espace caractéristique des « cultes populaires ».

A la différence des rituels privés, familiaux, de reliement avec les ancêtres qui ne demandent à celui qui en a la charge aucune autre compétence que d’être le fils aîné, le dialogue avec les esprits n’est pas à la portée de tous. Il requiert des aptitudes spécifiques qui s’acquièrent ou se développent à l’aide d’un apprentissage corporel exigeant et d’un enseignement oral qui se transmet de maître à disciple dans une atmosphère de secret, ce que l’on regroupe généralement sous le nom de « chamanisme ».

L’académicien François Cheng n’hésite pas à employer ce mot dans son anthologie de la poésie chinoise à propos des Chants de Chu, un grand poème de Qu Yuan (310-278) qui est considérée comme l’œuvre fondatrice de la poésie chinoise : « d’inspiration chamaniste, au rythme long et incantatoire, débordant d’images rêvées ou mythiques, les Chants de Chu sont avant tout une recherche de la communion avec les éléments de la nature, transformés en autant d’Esprits, et par là une quête nostalgique du divin ».

Répandu dans toutes les cultures anciennes du globe, le chamanisme est une sorte d’animisme généralisé qui repose sur une triple croyance : tout ce qui vit est composé d’une forme visible et d’une forme invisible ; chez les vivants, la partie visible est prédominante, chez les défunts, c’est le contraire ; certains humains, les chamanes, peuvent voyager entre ces deux niveaux et sont capables d’intervenir dans le monde invisible…

Pages: 36, 37, 38

Les trois sagesses chinoises

Taoïsme, Confucianisme, Bouddhisme

Cyrille J-D Javary

Editions: Albin Michel

Merci Cyrille pour la qualité, la simplicité de ton écriture,

la sobriété, le désir d’être compris de tous par tes mots.

Amitiés, bon dimanche: Claude Sarfati.

Fête de la Lune 2022

En 2022, la Fête de mi-automne tombera le 10 septembre. Pour les chinois, la Fête de mi- automne ou Fête de la Lune reste la seconde fête la plus importante après celle du Nouvel An chinois. Il tombe, traditionnellement, le 15ème jour du 8ème mois dans le calendrier lunaire chinois.

Les légendes sur la Fête de la Lune

Chang’e et Hou Yi

Il y a longtemps, il y a 10 soleils dans le ciel. Ils brûlent toutes les plantes de la terre. Les gens meurent. Un jour, un héros qui s’appelle Hou Yi utilise son arc et ses flèches pour abattre neuf d’entre eux. Tous les peuples de la terre sont sauvés.

Un jour, la reine du ciel donne Hou Yi une bouteille d’élixir qui peut faire Hou Yi devenir un immortel, mais l’élixir est seulement efficace pour une personne. Hou Yi voulait devenir un immortel, mais il veut rester avec sa belle épouse Chang’e, donc il ne boit pas l’élixir et demande à son épouse Chang’e de le garder pour lui.

Hou Yi devient de plus en plus célèbre après avoir abattu les neuf soleils et de plus en plus d’homme devient disciples de Hou Yi.

Feng Meng, un de ses élèves, veut s’emparer de son élixir. Un jour, Hou Yi va à la chasse avec ses élèves, mais Feng Meng feint une maladie et reste à la maison. Après il va à la maison de Hou Yi et tente de forcer Chang’e de lui donner l’élixir. Chang’e comprend qu’elle ne peut pas vaincre Feng Meng, elle décide de boire l’élixir immédiatement. Elle devient immortelle et elle commence à voler. Enfin, elle s’arrête sur la lune et elle vit sur la lune.

Wu Gang et le laurier cerise

Wu Gang est un bûcheron. Il veut toujours devenir un immortel, mais il n’a jamais essayé de son mieux pour apprendre la façon nécessaire. L’Empereur de Jade se met en colère à cause de son attitude. Pour le punir, l’Empereur de Jade plante une énorme laurier cerise, qui est 1665 mètres (5460 pieds) de haut, sur la lune et ordonne Wu Gang à l’abattre, puis Wu Gang pourrait devenir un immortel.

Cette fois-ci, Gang Wu est dans un état très grave, mais il n’a jamais pu terminer son travail. Le laurier cerise guéri chaque fois que Wu Gang il coupe. Wu Gang ne veut pas abandonner. Il continue à essayer d’abattre cette laurier cerise.

Pendant les nuits sans nuages, on peut voir des ombres évidentes sur la lune. Ils sont réalisés par l’immense laurier cerise.

Le lapin de jade

Un jour, trois immortels qui vivent dans le ciel vont sur la terre. Ils demandent un renard, un singe et un lapin pour trouver de la nourriture pour eux respectivement. Le renard et le singe trouvent quelque chose pour les trois immortels tandis que le lapin ne trouve aucune nourriture. Le lapin est désolé. Enfin, il saute dans le feu et dit « Mangez-moi, s’il vous plaît! » Le trosième immortel est profondément ému par le lapin. Ils ont décidé de donner le lapin le titre de « Lapin de Jade » et laisser ce lapin accompagner Chang’e dans le Palais de la Lune.

Source: Voyageschine https://www.voyageschine.com/nous/

Bonne fête de la lune!

Amitiés, Claude Sarfati

Où en serions-nous si tout avait pu être prouvé ?

lart-du-guerrier1

Interview de Castaneda par Kala Ruiz

Le 26 janvier 97 l’inattendu arriva: Castaneda apparut devant des milliers de personnes réunies pour un séminaire, afin de confirmer que le chemin du guerrier existe, que c’est une expérience possible qui peut être pratiquée par n’importe qui, par le biais de la Tenségrité. Le pittoresque personnage était là, le sorcier nagual. Tout petit et mince, avec des yeux d’aigle, riant joyeusement, jouant à inventer des instants, rompant le formalisme par des blagues intelligentes.(…)

Comment définiriez-vous don Juan, votre maître et ami ?

C’était un chaman, bien que lui me disait toujours : « Je ne suis pas un chaman, connard, je suis un sorcier ! »- Il était grossier.

Qu’est-ce que la sorcellerie ?

C’est l’art d’interrompre le flux du système d’interprétation…c’est une autre manière d’interpréter. Dans l’ancien Mexique, il y avait un « genre » entier qui se vouait à élargir les limites de la perception. Des choses incroyables pour le mental normal pouvaient arriver alors. C’étaient des êtres rituels, capables de cacher des choses d’une valeur inestimable.

Comment se manifeste cette sorcellerie ou magie ?

Nous pouvons percevoir l’énergie telle qu’elle circule dans l’univers. Pouvoir voir l’énergie, ne serait-ce qu’un instant, donne de la réintègration, quelque chose d’inouï se regroupe, nous n’avons pas de pratique. Cela se regroupe dans une autre perception et nous sommes face à un autre univers. Il y a des sorciers capables de faire des choses inouïes. Mais nous restons toujours avec des idées qui ne nous permettent pas de développer le potentiel humain, comme la science. On m’a dit: « ça n’est pas scientifique, Carlos, c’est de la pure superstition ! » Mais où en serions-nous si tout avait pu être prouvé ?

Quels furent les facteurs, dans votre enfance, qui vous ont mené à être le personnage que vous êtes aujourd’hui ?

Quand je fus conçu, il n’y eut pas d’excitation sexuelle, c’est pourquoi je suis sorti biscornu. Don Juan me disait: « Je vois que ta mère n’a même pas su ce qui lui arrivait ; elle n’a rien senti. Ton père n’aimait pas l’acte sexuel et ils t’ont conçu derrière une porte, c’est pourquoi tu es sorti petit et nerveux. Regarde-toi : tu agis toujours comme si tu étais poursuivi. Tu es toujours à la recherche de quelque chose, et tu te déplaces partout avec cette anxiété, parce que ta conception a été super-civilisée; c’est ce qui arrive à presque tout le monde. C’est pour ça qu’il t’est difficile de sauter dans l’intention des sorciers. Si tu veux être l’égal des gens conçus avec passion et qui sont capables de tout, qui ont une énorme énergie qui ne peut pas se perdre, se dissiper…ça va être difficile, parce que tu es le produit d’une baise ennuyeuse. Tu vas devoir faire un énorme travail pour remettre à leur place tous tes morceaux énergétiques afin de pouvoir sauter dans d’autres dimensions.

Pourquoi les élèves de don Juan furent-ils si peu nombreux ?

Don Juan ne voulait pas d’élèves placés sous les projecteurs parce qu’ils se seraient épuisés trop vite. C’est pourquoi moi, les trois sorcières : Florinda, Taisha et Carol, et les Chacmools, sommes en train d’essayer d’enseigner et de transmettre tous ses enseignements.

Nous savons que Carol Tiggs a disparu pendant des années de cette réalité, pouvez-vous nous dire quelque chose à ce sujet ?

Carol Tiggs…un être assez extraordinaire. Elle est partie…elle a disparu en tant que personne du monde quotidien. Cela peut sembler stupide, mais si nous suivons le raisonnement de don Juan, c’est tout ce qu’il y a de plus naturel. La Mer de la Conscience est là pour les sorciers, et nous pouvons l’utiliser comme moyen de…des choses irrationnelles peuvent arrivées. Disparaître est naturel dans notre monde cognitif. Carol Tiggs a été absente pendant 10 ans. Mais un jour, j’étais dans une librairie, fouinant, quand soudain…je vois une grosse tâche ambrée, la couleur de la discipline du sorcier.
La couleur ambre n’est pas naturelle…je me suis approchée de la grosse tâche, et j’ai commencé à distinguer comme un tunnel depuis lequel une silhouette avançait vers où j’étais…c’était Carol Tiggs ! Je ne savais pas où elle avait été pendant 10 ans. Notre nostalgie pour elle était telle, pour les trois qui étaient restés, que nous ne pouvions pas parler d’elle, ni penser à elle; c’était très dangereux. Mais maintenant elle est là et elle paraît avoir 25 ans. Elle a navigué dans une autre réalité.

Sommes-nous les héritiers de la connaissance de l’ancien Mexique ?
En vérité non, ça ne nous intéresse pas, nous avons d’autres priorités. Non, ce n’est pas son Mexique ni le mien, mais oui nous pouvons y avoir accès.
Quelle est la barrière, qu’est-ce qui nous retient ? Beaucoup de choses. Mais nous sommes les possesseurs d’un système extraordinaire. Mais que faisons-nous ? Nous nous saoulons, nous engloutissons n’importe quoi : de la nourriture, des pastilles…C’est ça l’amour personnel ? Nous sommes les plus égomaniaques, nous sommes régis par des idéaux qui n’ont pas de sens. Comment contribuons-nous à la connaissance, que voulons-nous de la vie ? Punaise! Quelle stupidité ! Je suis « old age » disait don Juan.

Que désireriez-vous faire de plus dans cette vie ?

Je dois découvrir tout ce que je peux pendant que j’ai cette conscience. Don Juan disait : « Je ne suis pas d’accord avec les accords auxquels je n’ai pas participé. Par exemple, la vieillesse, je n’ai pas accepté d’être vieux. C’est pourquoi je suis jeune, il est de mon devoir de le refuser. »

Que pensez-vous de l’égo, du moi ?

Don Juan disait qu’il n’y a pas à faire étalage de l’égomanie, du moi, moi, moi. On ne peut pas être sous les feux de la rampe tout le temps. Il me disait que j’étais un égomaniaque: « Plus on est petit, plus on est egomaniaque ». Pour lui, j’étais « Monsieur Cauchemar ».

‘Mais qu’est-ce que cela vous apporte don Juan, votre relation avec moi », je lui demandais. Il disait : « Beaucoup, chaque fois que je te vois j’ai la nausée; j’ai envie de vomir ; et tu as remarqué ? Tu vois ?…Tu me renouvelles. »

Je lui ai donné des années de bonheur, parce qu’il était plié de rire avec moi. Il ne laissait passer aucune opportunité pour m’enseigner quelque chose ; en plus, il se voyait toujours si jeune et moi si vieux, car je m’adonnais au vin et à la cigarette, j’allais chez lui à moitié assommé pour me donner du courage.

Un jour, don Juan m’a dit: « Nous allons partir dans la montagne 10 jours. De combien de paquets de cigarettes as-tu besoin? » – « Environ 10 », répondis-je.

« Très bien, dit-il, alors empaquettes-les soigneusement avec du ruban adhésif et compacte-les parfaitement pour que les coyotes ne les trouvent pas. »

Immédiatement après je me mis à préparer les paquets, en faisant plusieurs tours avec du ruban adhésif; j’inventai même un mécanisme où je laissai un trou pour y passer ma main, afin de pouvoir sortir un paquet, et une fois le paquet sorti, le tout pouvait rester à nouveau scellé, une merveilleuse invention ! Nous partîmes dans la montagne. Le deuxième jour au matin, mes paquets de cigarettes avaient disparu ; on voyait seulement les empreintes des coyotes et des paquets arrachés.

« Ah! Ne t’en fais pas, dit don Juan,  je ne crois pas qu’ils l’aient emporté bien loin. Nous allons chercher ton paquet de cigarettes.  »

Pendant huit jours nous avons cherché le paquet de cigarettes, en haut de la colline, en bas de la colline, en haut de la côte, en bas de la côte. Ma condition physique précaire était en train de me tuer, je marchais avec la langue pendante, jusqu’à ce que je m’allonge sur le sol en disant:
 » Je me rends, je n’en peux plus. »
« Tu ne veux plus chercher tes cigarettes ? », me demanda-t-il.
« Non, répondis-je, tout ce que je veux c’est survivre »(avec la gorge sèche, crachant du goudron).
« Très bien, dit-il, alors le voyage se termine ici ». Il entrouvrit quelques buissons et là, juste devant mon nez, apparut sa maison. C’était sa manière de transmettre ce qu’on ne peut interpréter. Là s’arrêta pour moi le vice de la cigarette et du vin, pour toujours. Il faisait ces choses…comme effiler mes pulls de Dinamarca et me remettre la pelote de fil. Pourquoi ? Pour que j’interrompe mon système interprétatif, pour me laisser libre, sans information et sans syntaxe.

Comment est la vie d’un sorcier ?

Si ce que vous faites n’a pas d’influence sur votre vie, ça ne sert à rien. Pour un sorcier c’est une aberration. Vous ne pouvez pas être érudit de 9h à 15h et être un pou le reste du temps. Vous devez être un guerrier impeccable à temps complet. Après avoir eu connaissance de ça, on doit se comporter avec impeccabilité. Don Juan disait qu’on ne peut pas insister sur les choses, elles arrivent d’une manière naturelle, si vous insistez, zou !, la magie s’arrête.

Que pensez-vous de cette vague de mécontentement envers le New Age ?

De quoi pourrais-je me préoccuper si à mon âge je suis old age ? La sorcellerie c’est être vieux et jeune en même temps. Le New Age, c’est de la connerie. Je ne peux pas me permettre le luxe d’être égomaniaque. Don Juan me l’a enlevé. Il me disait: « Ton égo est comme un clou, ça va te faire un peu mal, mais je vais te l’enlever. » Et…poum !, il me l’enlevait. Je lui disais : « Merci, je me sens bien. » – « Ne t’emballe pas…tu as 13 clous. » Parfois je lui disais : »Enlevez-moi un autre clou », et il me répondait : « Non, pas aujourd’hui. »

Vous avez laissé tomber l’anthropologie pour le chemin du nagual ?

J’ai laissé tombé l’anthropologie et tout ce qui incombe au monde quotidien, mais ça m’a donné quelque chose d’inouï : la lutte, le combat… l’objectif est à l’horizon, pas ici. Cessez d’être des hommes, des machos latins, lâchez les rennes. Votre mère vous a fait croire que vous étiez extraordinaire, parce que vous étiez un homme « pimenté ».

On vous a appris que les femmes étaient à votre service ; comme disait Aristote : « Les femmes sont des hommes impotents. » Le fait que beaucoup de femmes et Carol Tiggs soient meilleures que moi, ça c’est une révolution.

Quel était le but de don Juan en transmettant ses connaissances ?

Don Juan n’était ni un maître ni un gourou, il voulait perpétuer sa lignée. Et cette énorme responsabilité retomba sur moi. Mais je ne suis pas comme lui, je ne peux pas la perpétuer. Je suis même plutôt là pour fermer le cercle de la lignée…mais avec extrêmement d’élégance. Et avec les passes magiques de la Tenségrité qui sont une force agglutinante. On nous a enseigné 41 lignes entières de passes magiques. Je n’ai pas de secrets, je veux créer une « commotion cérébrale » pour que nous parvenions à une révolution énergétique.

Rien de old ou new age, pas de religion, rien…mais nous sommes intéressés à utiliser ces passes magiques vieilles de plusieurs milliers d’années ; elles ne peuvent plus rester avec nous. Nous les avons amalgamées ; cela fait 15 ans que nous pratiquons afin de voir si on peut créer un agglomérat de champs énergétiques. Je veux fermer la lignée avec une grande explosion, laissez-moi vous toucher, révéler, transmettre les connaissances.

En 1973, don Juan s’est transformé en lumière, en serpent à plumes. Lui et ses associés ont fait un tour final. Il arrive un moment où la Terre vous dit : « Tu es libre…va t’en ! » Une existence si énorme qui est consciente d’un microbe comme moi ! (presque en pleurant) Elle me transporte !…comme une mère pleine d’amour.

Comment traiter avec un égomaniaque ?

Don Juan disait : « Tu peux dire la pire des insultes aux gens, mais si tu le dis sur un ton d’adulation…ils restent enchantés. » Pour pouvoir être un guerrier, la première chose est de se détacher du moi personnel. A quoi bon se mettre en colère ? La bataille n’est pas ici, elle est à l’horizon.

Peut-on voler son énergie à quelqu’un  ?

Personne ne vole notre énergie, nous la dispersons.

Dans quelles parties du corps s’emmagasine l’énergie ?

Dans la vésicule, la rate, le pancréas, le foie et les glandes surrénales. L’oeuf lumineux qui est autour de tout le corps capte l’énergie et la charge dans ces organes. Les femmes ont un autre centre énergétique : l’utérus.

Qu’en est-il de la génétique ?

La commande génétique ne peut plus être la reproduction; la commande génétique aujourd’hui doit être l’évolution. La semence masculine est à un niveau très bas ; nous sommes sur le point de nous éteindre et nous restons pris dans des imbécillités.

Le dialogue intérieur est-il bien ou mal pour un guerrier ?

Il est toujours en faveur du moi. Il faut arrêter le dialogue à coups de pied, perdre l’importance personnelle. Comment ? Comme on peut.

Pourquoi les exercices de Tenségrité que vous allez enseigner à ce séminaire est-elle si importante ?

Parce qu’ils sont conçus spécialement pour la vallée de Mexico.

La Jornada – janvier 97

Amitiés

Claude Sarfati