Il faut lancer l’attaque sur tous les fronts

 

Hélas! le remède à ce comportement insensé ne sera pas trouvé dans la seule psychologie. Le problème est excessivement complexe et il doit être attaqué, s’il l’est jamais, sur plusieurs fronts simultanés. Sur le front sémantique, car il dépend d’un langage mal employé et de croyances primitives; sur le front administratif, car il comprend le fait brutal du pouvoir et tous les problèmes de son contrôle; sur le front philosophique, car notre conduite politique est influencée par nos conceptions de la nature humaine; sur le front biologique, car il est obligé de faire face aux terribles phénomènes de l’accroissement démographique et du déséquilibre des ressources.

Une attaque coordonnée sur tous ces fronts sera difficile à lancer et encore plus à soutenir. Etant donné l’inertie individuelle et collective, pouvons-nous faire ce qui doit être fait dans le bref délai que l’histoire moderne nous accorde? Au niveau international, la fin de certaines de nos douleurs est possible. Est-elle probable? Toutes les nations, tous leurs chefs, sont appelés. Avant qu’il ne soit trop tard, choisiront-ils d’être choisis?

Aldous Huxley

Quelle formidable machine que l’homme!

Revue Planète 1962.

 

Amitiés: Claude Sarfati

Soleil d’hiver

Je vous souhaite un joyeux noël…

Ensoleillé dans vos cœurs, dans vos esprits.

Profitez, partagez (sans modération) de l’amour.

Une pensée pour la souffrance omniprésente.

Que ferons-nous pour lui barrer le chemin?

Tous les soleils

Film réalisé par Philippe Claudel

Musique: La Tarentelle, Christine pluhar

Absent du 24 décembre 2012 au 1 Janvier inclus,

vous pouvez tout de même reserver vôtre consultation,

faire votre tirage de Yi King…

Dés mon retour, je vous contacterai…

Joyeuses fêtes: Claude Sarfati.

 

L’amour que l’on appelle

Ne chantez pas la Mort, c’est un sujet morbide
Le mot seul jette un froid, aussitôt qu’il est dit
Les gens du « show-business » vous prédiront le « bide »
C’est un sujet tabou… Pour poète maudit
La Mort!
La Mort!
Je la chante et, dès lors, miracle des voyelles
Il semble que la Mort est la sœur de l’amour
La Mort qui nous attend, l’amour que l’on appelle
Et si lui ne vient pas, elle viendra toujours
La Mort
La Mort…

La mienne n’aura pas, comme dans le Larousse
Un squelette, un linceul, dans la main une faux
Mais, fille de vingt ans à chevelure rousse
En voile de mariée, elle aura ce qu’il faut
La Mort
La Mort…
De grands yeux d’océan, une voix d’ingénue
Un sourire d’enfant sur des lèvres carmin
Douce, elle apaisera sur sa poitrine nue
Mes paupières brûlées, ma gueule en parchemin
La Mort
La Mort…

« Requiem » de Mozart et non « Danse Macabre »
(Pauvre valse musette au musée de Saint-Saëns!)
La Mort c’est la beauté, c’est l’éclair vif du sabre
C’est le doux penthotal de l’esprit et des sens
La Mort
La Mort…
Et n’allez pas confondre et l’effet et la cause
La Mort est délivrance, elle sait que le Temps
Quotidiennement nous vole quelque chose
La poignée de cheveux et l’ivoire des dents
La Mort
La Mort…

 Elle est Euthanasie, la suprême infirmière
Elle survient, à temps, pour arrêter ce jeu
Près du soldat blessé dans la boue des rizières
Chez le vieillard glacé dans la chambre sans feu
La Mort
La Mort…
Le Temps, c’est le tic-tac monstrueux de la montre
La Mort, c’est l’infini dans son éternité
Mais qu’advient-il de ceux qui vont à sa rencontre?
Comme on gagne sa vie, nous faut-il mériter
La Mort
La Mort…

La Mort?…

NE CHANTEZ PAS LA MORT

Texte de Jean-Roger Caussimon

Musique, interprétation de Léo Ferré

Chaque année, pour le jour des morts, je poste un Instant, un Murmure, un Silence

Dia de muertos

Celui-ci est de Jean-Roger Caussimon, le meilleur copain de Léo…

La mort qui nous attend, L’amour que l’on appelle…

No se puede vivir sin amar… (on ne peut pas vivre sans aimer) Malcom Lowry

Amitiés: Claude Sarfati

Le tarot à travers des rencontres

J’ai rencontré Le bateleur en la personne de Benoît.

C’était en 1980 en Gréce j’ai croisé ce jeune belge dans un petit village crétois : Pitsidia.

Il parlait et écrivait onze langues dont le grec moderne et ancien.

C’était un sang bleu, issu d’une vieille noblesse rigide, cupide, égoïste selon ses dires.

Benoît était un garçon un peu plus âgé que moi, il avait déjà pas mal roulé sa bosse, parti très jeune de chez lui, il avait acquis la maturité des voyageurs sans peur et sans reproche.

Nous sommes rapidement devenus des amis, nos curiosités se confondaient.

Un ami m’a dit un jour que c’est au volume du sac d’un voyageur que l’on pouvait savoir de qui il s’agissait : le sac de Benoît était une énorme valise remplie de livres.

Je me moquais souvent de son fardeau en lui disant qu’il transportait toute la science du monde et pas un seul slip digne de ce nom.

Un jour, alors que nous travaillions ensemble dans une usine de conditionnement de concombres, il me dit :

– Tu ne voudrais pas partir en Turquie?

Certes, Benoît connaissait bien ce pays, en parlait bien-sûr la langue, c’était un gars en qui j’avais toute confiance ; mais nous n’avions pas dix drachmes à tous les deux !

Je lui ai souri en tapant sur mes poches usées et vides.

– Ouais , mais je t’expliquerai…

Le soir même au Kafénéon de Pitsidia, il m’a raconté avoir rencontré un pasteur Allemand, qui faisait une forte déprime et avait dit à Benoît qu’il aimerait l’accompagner en Turquie et nous offrir le voyage à tous les trois.

– ça ne se fait pas ! ai-je répondu en descendant d’un trait mon Raki.

J’ai rencontré notre nouvel ami pasteur, je lui ai dit que ça me gênait d’accepter son offre…

– Je comprends m’a t’il répondu en regardant ses genoux fixement.

J’ai continué la discussion en disant que de toutes les façons il ne pouvait être question que d’une avance…

– Bien-sûr, je comprends…

Pour lui prouver mon honnêteté, je lui ai proposé un gage (pensant à ma montre)

-Tu as un pantalon en velours ?

J’étais surpris par sa requête mais bon…

– Je vais le laver d’abord ( je n’avais que deux pantalons).

-Non, non, tu me le donneras plus tard, je n’en n’ai pas besoin.

– Je comprends, mais je voyais surtout un homme abattu, malheureux, seul.

Nous voilà partis tous les trois vers la Turquie par voie de mer en passant par Rhodes.

Arrivé à destination quelques jours plus tard : Fétiye, joli port au sud de la Turquie.

Benoît avait oublié de me prévenir que ce pays subissait alors une féroce dictature.

Nous fûmes accueillis dans une famille que connaissait Benoît, j’ai découvert l’hospitalité turque, on nous recevait comme des princes.

Cependant, la situation était terrible, c’était une famille de pêcheurs qui ne pouvait plus vivre de son activité depuis l’instauration du couvre-feu à 21h par les militaires au pouvoir.

En effet dans cette région très chaude, le poisson était trop loin des côtes le jour, la pêche se faisait donc traditionnellement de nuit pour ces propriétaires de petits bateaux.

Plus de pêche depuis des mois, la famille était nombreuse et une fille professeur à l’université assurait seule la survie des siens.

J’avais beaucoup de mal à supporter ces injustices, cela me rendait malade, je ne pouvais rien avaler sans vomir aussitôt.

Un jour, Benoît me fit lever très tôt

– on part en ballade- me dit-il.

Nous avons beaucoup marché pour sortir de la ville, ensuite nous avons emprunté des chemins de montagne.

Un jeune homme est apparu au détour d’un sentier, Benoît s’est jeté dans ses bras pour le saluer; il s’agissait d’un jeune membre de notre famille d’accueil, il vivait à Ankara et était recherché par les militaires pour activités politiques subversives.

J’ai laissé Benoît et son ami discuter ensemble et je marchais seul derrière eux.

Après trois bonnes heures de marche, nous sommes arrivés dans un village de montagne désert, Benoît m’a expliqué que ce village habité par des Grecs avait été disputé par les turcs et les grecs durant de longues années ; puis un jour il devint définitivement turc, les villageois grecs avaient rapidement fui leurs maisons pour éviter un massacre.

Il régnait dans cet endroit une atmosphère étrange, on entrait dans les maisons aux portes ouvertes et l’on voyait encore les ustensiles de cuisine, les choses du quotidien, seulement vieillies mais restées là comme si on allait revenir bientôt.

Une sensation forte me prit, je n’avais pas peur mais je ressentais fortement la présence de ces gens modestes, éleveurs de chèvres, fabricants de fromages, etc.

A la sortie de ce village, nous sommes arrivés à un endroit où il y avait un panorama magnifique sur toute la vallée.

Je me suis assis là sur un rocher à contempler la nature, Benoît s’est approché de moi.

– ça va ?

– C’est dur ton pays, j’avais les larmes dans ma gorge.

Benoît me regardait avec une sincère compassion, gêné, il semblait avoir quelque chose d’important à me dire.

– Tu sais (en regardant son ami qui c’était un peu éloigné par courtoisie), s’ils le trouvent, ils le pendront parce-que c’est un intellectuel démocrate, c’est tout.

Que dire à cela,

– Je vais partir Benoît, je vais retourner en Grèce faire les cueillettes, je ne peux plus rester ici, je comprends que ton lien à cette famille te retienne ici malgré toutes ces horreurs, moi je me sens trop inutile.

Benoît se rapprocha tout près, je pouvais sentir son souffle,

-Tu as déjà eu des rapports avec des hommes? me demanda t’il,

Cette sensation qui m’envahissait depuis notre arrivée dans le village redoubla, une espèce de crise, une catharsis.

-Non jamais répondis-je timidement.

J’avais une forte envie de me jeter dans ses bras, oui j’aimais Benoît, je venais d’en prendre conscience, je l’aimais pour ce qu’il était ; homme, femme, peu importe.

Je n’ai rien fait trop apeuré par moi-même, redescendus en ville, je suis allé voir l’ami pasteur dans la chambre.

Je voulais à tout prix lui donner le pantalon promis, en le préparant, j’ai trouvé un billet de 100 francs plié dans une poche, le prix de la liberté pour moi.

Trois jours et deux nuits d’autobus avec un chauffeur qui dès qu’il s’était aperçu que je ne buvais ni ne mangeais jamais rien durant les arrêts me fit amener du thé bien chaud.

Un homme de coeur ce chauffeur, puis Istambul magnifique malgré la présence constante des militaires armés et chaussés de leurs longues bottes blanches.

Athènes, puis Héraklion, 12 heures de marche sous le soleil pour arriver à Pitsidia les pieds en sang et après trois semaines de jeûne forcé.

Le lendemain, 7 heures, je travaillais au déchargement d’un camion de tomates.

Iassus Benoît pour toujours, tu es mon bateleur.

Claude Sarfati

Choisy-le-Roi (hommage à Robert Doisneau)

Non certes elle n’est pas bâtie
Non certes elle n’est pas bâtie
Sur du sable sa dynastie
Sur du sable sa dynastie

Il y a peu de chances qu’on
Détrône le Roi des cons.

Il peut dormir ce souverain
Il peut dormir ce souverain
Sur ses deux oreilles serein
Sur ses deux oreilles serein

Il y a peu de chances qu’on
Détrône le Roi des cons.

Je tu il elle nous vous ils
Je tu il elle nous vous ils
Tout le monde le suit docil’
Tout le monde le suit docil’

Il y a peu de chances qu’on
Détrône le Roi des cons.

Il est possible au demeurant
Il est possible au demeurant
Qu’on déloge le Shah d’Iran
Qu’on déloge le Shah d’Iran

Il y a peu de chances qu’on
Détrône le Roi des cons.

Qu’un jour on dise c’est fini
Qu’un jour on dise c’est fini
Au petit Roi de Jordanie
Au petit Roi de Jordanie

Il y a peu de chances qu’on
Détrône le Roi des cons.

Qu’en Abyssinie on recuse
Qu’en Abyssinie on recuse
Le Roi des Rois le bon Négus
Le Roi des Rois le bon Négus

Il y a peu de chances qu’on
Détrône le Roi des cons.

Que sur un air de fandango
Que sur un air de fandango
On congédie le vieux Franco
On congédie le vieux Franco

Il y a peu de chances qu’on
Détrône le Roi des cons.

Que la couronne d’Angleterre
Que la couronne d’Angleterre
Ce soir roule par terre
Ce soir roule par terre

Il y a peu de chances qu’on
Détrône le Roi des cons.

Que ça c’est vu dans le passé
Que ça c’est vu dans le passé
Marianne soit renversée
Marianne soit renversée

Il y a peu de chances qu’on
Détrône le Roi des cons.

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Image de Robert Doisneau: Rue Marcellin berthelot, Choisy-Le-Roi , 1945

Chanson de Georges Brassens: Le roi des cons

Amitiés: Claude Sarfati